vendredi 24 septembre 2010

Manifester plus pour rêver moins

 La vie est vraiment un long fleuve tranquille. 

Quand je pense que nous sommes ici,  microbes à la surface d'un grain de poussière à l'échelle cosmique, et que nous nous agitons sur cette terre, tels de vulgaires invertébrés dans un marigot saumâtre. 

Nous nous querellons autour d'inexistantes futilités, dépensons notre énergie en de vaines  polémiques alors que partout plane le chaos, que la mort attend son heure avec tellement plus de patience que nous n'en aurons jamais, même dans la file d'attente du supermarché aux heures de pointe -et Dieu sait que...

Alors que tout autour de nous, dans un ailleurs que nous osons à peine effleurer, s'ébattent supernovæ gigantesques, trous noirs sans fond, galaxies délirantes et poussières miroitantes d'un monde infini.

Alors que notre existence est suspendue au fil du bon vouloir de Dieux invisibles, aveugles et fous.

Que sommes-nous, en fin de compte? 

Et si l'un d'Eux décidait, dans un accès de folie jusqu'au-boutiste, de mettre fin à cette trop Humaine Comédie d'un coup d'astéroïde nettoyeur, d'une vague d'éruption solaire purificatrice...le réaliserions-nous à temps? Nous en soucierions-nous? Changerions-nous pour autant, implorerions-nous Grâce, demanderions-nous Pardon pour nos péchés, alors que le ciel nous tomberait sur la tête, et que l'horizon menacerait de s'éteindre... songerions-nous à la Rédemption?

Nous aimerions-nous enfin les uns les autres?

Et quand bien même, nous rendrions-nous compte, que tout ce que nous faisons, que ce soit  par Amour ou par Haine, par envie ou par devoir, par crainte ou par nécessité, que tout ceci est toujours aussi désespérément et inexorablement futile? Aussi vide qu'un îlot d'amertume au milieu d'un océan de larmes...les nôtres.

Et à chaque fois, ça finit pareil. Je ne peux pas m'en empêcher, ça me vient comme ça, ça sort tout seul : "et merde, c'est pas le week-end ce soir? C'est quand la quille? "
 
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Ce matin fût particulièrement dur.

Il y a des jours comme ça : je sais, vous avez une impression de déjà-vu, de lassitude.
Encore un qui va se plaindre! Je vous entends d'ici.
Zut! encore fait tomber mon astéroïde
Attendez. Laissez-moi parler avant de juger!
Dur de supporter le réveil. Dur de sortir du lit. Dur d'aller sous la douche, de se raser, (d'oublier) de se brosser les dents, d'avaler un thé chaud et du porridge froid (vous devriez essayer, c'est très bon pour le transit).

Dur de se frapper la comédie habituelle des news radio parlant de succès manifestantiel par ici, de ratage syndical par-là, et tatati, et tatata, booooouuuuhhhh.

Dur de fuir sous la pluie, dans ma pigeot flambant neuve, vers cette belle cité phocéenne pleine de bouchons, de grisaille, de mal élevés et de petits chef teigneux qui m'attendent, le couteau entre les dents prêts à bondir au détour de la machine à café.

Et pourtant, so what! J'y vais, j'y cours, j'y vole.

Machine à café, 07h30.

Tiens, I am the 1st, ce matin. Cool!

un conseil : planques-toi, demain c'est l'ouverture de la chasse
Ouvre ton casier, prends un gobelet, sers-toi un café... Cogites, pendant que la machine fait un bordel monstre. GloouOou gloooh groooooh

De quoi j'ai rêvé, cette nuit déjà? ahh oui : je volais. C'était chouette! Nooon, pas voler comme ce Woerth là, mais comme cette mouette que j'aperçois par la fenêtre, là. Chanceuse.

Prends ton gobelet, fais gaffe à pas te cramer. Tiens, encore personne à la machine, ils sont en retard ce matin ou quoi?

Assieds-toi, mets-toi à l'aise. Retardes le moment, cette pause c'est la tienne : tes ancêtres ont certainement dû se battre pendant des mois pour l'obtenir. Ainsi que tout ce dont tu profites : tes congés payés, ta convention collective, ton CDI... Mince! il est chaud, ce *$£% de café! Manquerait plus que tu te brûles...
Retardes le moment, mon gars : aujourd'hui c'est vendredi, et on est..07h35, t'as fait le plus dur, tu t'es levé, ça va le faire ce matin....

Alors, au fait, ce rêve, c'était quoi déjà? ah oui, je volais. Pas mal! J'étais où, déjà ? Dans la cour, chez moi, au boulot, tout ça? je m'en souviens pas, ou si peu. Allez quoi! fais un effort!

Ça y est, ça me revient......

  
o0O°~¤ ¤   ¤     ¤            ¤                   ¤                            ¤                               *                                 ^^


-Ne me quitte pas, Juliette! Tout s'embrouille, j'écoute Led Zep' : Babe, I'm gonna leave you now, et je pleure. Je me souviens, tu sais je sais que je déconne en ce moment, oui! C'est vrai : je ne suis plus à la hauteur mais... c'est passager, je te le jure je vais me reprendre! Laisse-moi, non laisse-nous du temps! JE TE LE JURE S'IL TE PLAIT NE PARS PAS!

Blam! fait la porte. J'aperçois au passage ses cheveux magnifiques. Si longs, si blonds. Ce visage qui m'avait ensorcelé, ce sourire qui était tout, tes yeux à mes yeux, ton cou à mes lèvres, ta parfaite cambrure Ô ma Vénus! bref tous ces éléments sans lesquels je ne suis plus rien, un chien aveugle qui perd sa truffe, voilà ce que je vais devenir si tu pars!

-Je n'en peux plus, tu comprends? Je regrette...

Ton regard exaspéré dans l'encadrement de la porte, tes cheveux aujourd'hui si courts, ton sourire plein de fiel, si cruel ton regard vrillé sur moi, la haine que tu me portes me gonfle les ailes! Et je suis paralysé : impossible de te répondre que je t'aime! Tu es là, et tu t'en vas, et qu'ai-je à dire, pour solde de tout compte ? Rien ! Suis-je ainsi? Une hyène qui ne fait que se repaître de sa propre ruine, qui mâche et brise les os de nos amours, de toutes façons ta chair n'est plus fraîche, alors autant renoncer... soit!

Ben Laden a encore fumé la moquette
Je sors, sur le seuil les escaliers du boulot sont là, ils m'attendent bien sagement. L'immeuble d'en face fait 666 étages, à vue d'oreille, j'entends même les couleurs des nuages qui stagnent sur les flaques d'eau.
Je passe le chambranle, et voilà que les pâtés de maisons sur les côtés deviennent comme cette vieille cimenterie, près de chez moi. Aujourd'hui c'est un mémorial, hier elle servait à fabriquer des tuiles de terre cuite. Avant-hier elle servit pour parquer des Hommes, en attente de leur dernier voyage. De celui qu'on vous impose : impossible d'y renoncer, car tous les chemins mènent aux Roms, n'est-ce pas? c'est comme ça. Beaucoup sont partis et ne sont jamais revenus. Moi, je dois partir, mais je réalise que je m'en fous. Peut-être les comprends-je enfin, ces déportés qui n'ont plus aucun espoir?
Je fais trois pas, et la cimenterie se développe à mes côtés, en même temps que l'immeuble de bureaux, en face de moi, s'éloigne inexorablement, tel ces fantômes de 1940... sans un bruit, sans à-coups dans ma tête, sans heurts dans ma vision, sans que ma raison ne vacille car tout ceci n'est-il pas la réalité ?



J'avance comme dans du coton.         Juliette, où es-tu ?

Je ne veux pas t'oublier, et pourtant tu as pris beaucoup trop d'avance : tu es si loin que ton image me fuit.

Je sais, non je sens que je dois chercher quelqu'un, mais qui ?  ahhh oui : il faut que j'aille manifester, vite je suis en retard, je vais rater le cortège! Tiens salut l'ami, tu viens avec moi? On prend ta voiture? Ok, pas de problème ça m'arrange vois-tu, mon permis de construire vient d'expirer, je n'ai plus de briques pour finir ma caisse, alors si tu pouvais reprendre forme humaine, surtout au niveau des mains, ce serait chouette vraiment : on pourrait atteindre le cortège à temps...

Zap! Tiens, on est arrivés, déjà? Super, le voyage instantané!
Je descends de vélo, et me retrouve happé par la foule.
quelques dizaines selon la police
Des milliers non des centaines de milliers non des millions de manifestants (une petite centaine selon la police) m'entourent, partout des cris, des banderoles, des slogans à perte de vue. Une chevelure blonde, jusqu'aux reins, qui passe devant moi, qui s'engouffre plutôt dans cette foule si dense.       Juliette?

La rumeur enfle.

-La retraite à soixante ans, sinon tu vas manger tes dents!
-Pour eux, les couilles en or ! pour nous, les nouilles encore!
-Nico, t'es foutu, les préretraités sont dans la rue, les jeunes UMP vont morfler dru!
-Métro, Bollo, Sarko! Y-z-auront pas not' peau!
-Un pas en avant, trois siècles en arrière, c’est la politique du gouvernement.
-RENTIERS , REMBOURSEZ !

                     -Juliette?

La "foule" frémit tout a coup. Elle m'a entendu, j'en suis sûr! Non, ça n'est pas une foule en vérité!! Je le sais maintenant il s'agit d'un organisme autonome : une entité, indivisible et fière, impersonnelle, exigeante comme tu le fus, Juliette...mais qu'as tu fait ? Je n'arrive pas à me souvenir, si seulement je pouvais me concentrer un instant! Tout ce bruit...

Cass'toi pôv con !
La foule s'est arrêtée. Arrêt du temps et des cris.  Banderoles immobiles : regards de mépris, franche camaraderie, rires aux éclats, faces rougeaudes exultant leur colère...sono à fond, slogans hurlés figés. Je la sens qui se retourne vers moi, et je sens sa colère. Je la sens si fort qu'au fond de mes tripes quelque chose se noue. Sur ma nuque ces petits poils commencent à se hérisser, alaaarme!  C'est un véritable cauchemar. Des centaines, des milliers, des centaines de milliers (quelques dizaines selon le gouvernement) de visages, de figures, de portraits en noir et blanc, colorés par la haine. Leurs yeux comme des aiguilles, leur peau comme des écailles d'anguilles, on dirait une image de film d'horreur japonais ! Une masse compacte de shinigami, ces dieux de la mort qui ne se laissent voir que quand il est trop tard.

-Trop tard pour gagner, la réforme est déjà votée! Trop tard pour gagner, la réforme est déjà votée !!

Les petits poils sur ma nuque sont maintenant comme des épées, le ciel devient rouge, leurs visages se transforment encore, une teinte olivâtre voilà ce qu'ils prennent, leurs cheveux tombent, de petites lunettes rondes leur poussent sur le nez, des milliers de milliers de petites lunettes qui poussent! Les rides se creusent
Éric sans l'aide de L'Oréal : pas bon
désormais sur un visage qui respire la sympathie. L'honnêteté faite Homme. Pisqu'on vous le dit.

-Monsieur le Ministre? Bonjour Monsieur le Ministre! Je me dois de vous le dire, comme tous mes collègues ici présents j'estime que cette réforme est profondément injuste, vous vous rendez compte non seulement nous devrons travailler plus mais de surcroît nous gagnerons moins, sans parler des jours de grêve et de l'augmentation du prix du Figaro Madame, d'ailleurs je tiens à vous signaler que la pénibilité de cette bouse n'est toujours pas prise en compte pour le calcul de l'âge de départ c'est UNE HONTE!  Et tout augmente, ne voyez-vous donc pas, Monsieur le Ministre, tout sauf nos salai....-il me coupe d'un geste autoritaire.

TRANS-MU-TA-TIOOOON !!!!
Non, ils. Ils me coupent la parole d'un geste autoritaire : ces milliers de fronts Woerthiens, ces centaines de
paires d'yeux respirant l'intelligence, cette multitude de bonnes bouilles transpirant l'honnêteté oui oui! L'intégrité faite multitude, et la multitude faite entité, qui se tourne désormais vers moi, je suis comme cette goutte d'huile au milieu d'une mer de vinaigre, et ce nombre incalculable (juste une paire affirme la police) de bras qui se posent sur le mien, coupant mon élan vital, allant jusqu'à oui jusqu'à l'écraser. Ils me repoussent au milieu de leur cercle, oui c'est ça le Premier Cercle, le seul l'Unique celui dont il faut absolument que je me défasse avant qu'il ne soit trop tard. Mon Dieu!

-Mais lâchez-moi donc Monsieur le Ministre, vous ne comprenez donc pas? VOUS NE VOYEZ PAS? JE DOIS LA RETROUVER, ne l'envisagez-vous pas? IL FAUT que je la retrouve, pour vivre LIBRE ET HEUREUX je DOIS la retrouver, à partir de soixante ans, profiter du peu de temps qu'il nous reste à vivre avant la fin, avant d'y rester définitivement, vous comprenez?? VOUS COMPRENEZ ?

Les  mots se décousent et se recousent dans ma bouche, je m'échappe de leurs étreintes, d'une ruade bien sentie j'envoie leurs bras griffus d'honnêtes gentilshommes valdinguer au ciel, je cours, de plus en plus vite, de plus en plus loin. Sur ma nuque je sens leur haleine fétide, leur souffle rageur qui essaie de m'attraper, se mue en une énorme complainte qui déchire le vacarme de cette après-midi de manifs silencieuses, milliers de serpents susurrant leur satané discours face au soleil  :
-Noooooon, vous ne gâââââgnerez jamaissss! C'est ooooblliiiiiiiiigaaaatoiiiiiire! Soissssante-deux anssssssssssss, et ssssssa n'est queee le déébuuuuut! Voussssss le ssssssaviez que jamaissss je ne renonsssssseraiii, jamaisss je ne dééémissssssionnerai!!!!!!!


 Et là- je décollai


Joie - ivresse - bonheur - vent dans mes cheveux-

Je m'élève toujours plus haut, toujours plus vite, toujours plus loin.


Ces bâtiments de malheur -brique rouge et couloirs vides- disparaissent à ma vue pour de bon.

Tu es quelque part, Juliette. Je me souviens de toi. De nous.

Tu es en bas, seule, égarée au milieu de cette populace, et j'ai bien l'intention de te retrouver.

Douterai-je un instant? NON. Je sais que je n'ai plus le choix. Je te retrouverai, et te reconquerrai, Juliette.

Tout ceci n'est rien, pourquoi nous ennuyer? La vie est si courte, nous sommes si peu, et nous trouvons encore le moyen de nous faire souffrir?

Ils ne me prendront pas le peu qui me reste. Ils ne nous voleront plus : c'est nous qui volons.

Si haut!


Depuis ce jour, j'ai choisi mon camp.




mercredi 22 septembre 2010

President Evil

Les jeux vidéo sont une autre de mes passions.
Une de celles à laquelle j'ai beaucoup sacrifié.

J'en vois déjà qui ricanent dans la salle :"Comment? à 35 ans? Nooon, ça n'est pas sérieux, vraiment? "

Je vous répondrai BAH VOUI.

Sans doute un reliquat de mon enfance, période bénie/maudite qui a  transmuté le vil métal en or,  forgé l'Être Exceptionnel  Votre Humble Serviteur, afin qu'il se présente, nu, devant vous, ici et maintenant.

Dans toute sa simplicité et son enfantitude -merci Ségolène!

Toujours est-il que j'aime vraiment -presque- tous les jeux vidéo, que j'apparente à une forme d'art.
Ils ont le mérite de me faire rêver, même (surtout) à trente-cinq balais. Alors pourquoi renier cet héritage, sous prétexte d'âge "adulte" ?

Je me souviens de mon vieil Amstrad à cassette, où chaque jeu, fébrilement déballé de son étui de cellophane par mes enfantines menottes, mettait 15 minutes à se "charger". De mon émerveillement devant l'écran à 27 couleurs de résolution... De ces mondes enchanteurs qui s'offraient à mon imagination, qui la façonnaient même : fées de 4 pixels de haut, dragons en deux couleurs, vaisseaux intersidéraux au look de boîte de conserve et bruits d'explosion ressemblant à la toux de grand-père, les lendemains de cuite...

L'Amstrad CPC 464 ? Un objet auquel j'aurai pu construire une cathédrale, du temps de mon enfance.
Et que je balancerais sans doute à la décharge, aujourd'hui. Sans même un regard en arrière.

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Mai 2007 : the Messie has come. The Messie is back. And you gonna suffer, bastards! ..caus' he wants REVENGE!

Mai 2007 en France : le calme plat
En ce joli mois de mai 2007, tout augurait d'une période plutôt calme dans le monde vidéoludique. UFO Extraterrestrial, troisième opus de la Mythique licence UFO, nous promettait des heures de stratégie/gestion au tour par tour, sorte de chasse à l'alien dans un monde sombre et futuriste. Final Fantasy III, en réédition pour la petite console DS de Nintendo, rajoutait un peu de beurre dans les épinards des mordus d'Heroic Fantasy et de Jeux de Rôle version console. Un "must-have" pour tous les amateurs de la série -et ils étaient nombreux.
Côté jeux d'action, à part un "Spiderman 3" tiré du film du même nom, pas grand chose à se mettre sous la dent. Ah si, j'oubliais le terrifiant God of War II, qui relevait un peu le niveau. Un Beat'em all (littéralement "tapez les tous") nerveux qui se déroule dans la Grèce Antique, ou le héros, un demi-dieu déchu, cherche vengeance...tout un programme.

Super Ségo a quant à elle fait un bide
Sur le front politique, idem. Mai 2007 a vu la réédition du fameux jeu ayant pour devise : Sécurité, Promesses, Changement. Et, tel le petit plombier hirsute de Nintendo dans "Super Mario", Super Nico débarqua...
 Sa mission? Sauver la Jolie Princesse France des mains du vilain méchant Wario Socialo et de son cortège d'afflictions, qui avaient plongé le Verdoyant Royaume de France dans les affres du chômage, de la fainéantise et de la décadence. Ce fut un des succès incontestables de 2007, avec plus de 53% de copies vendues rien qu'en France. Il plût également beaucoup à l'international, de nombreux pays songeant même à acquérir les droits d'adaptation :l'Italie avec Silvio Berlusconi, la Corée du Nord avec Kim Jong-Il entre autres.
 Seul l'accueil aux USA fut plus mitigé : le jeu connût un succès d'estime, mais, les américains possédant plusieurs années d'avance sur l'Europe (c'est bien connu), ils étaient en train de mettre sur pied, en secret, un genre totalement novateur. Le "Yes we can" -c'est son nom- promettait des heures de déculpabilisation au peuple américain, un espoir débridé et totalement irrationnel face à la plus Grande Crise que le monde occidental ait connu. Ce serait un des plus grands succès de 2008 outre-manche. Un véritable carton, dont on s'interroge encore, aujourd'hui, sur le succès malgré de nombreux défauts de conception : une jouabilité exemplaire au premier abord, mais qui se dégrade rapidement ensuite. Des promesses de " changement" sur la jaquette, une "aventure excitante" mais le goût de la nouveauté s'est transformé en un ennui ferme, qui va crescendo au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue.

Mai 2008 : Les Américains on toujours un temps d'avance sur nous, souvenez vous...

On décèle une tendance à l'américanisation; on appelle ça "atlantisme". Ainsi le jeu Sarkozyste affiche-t-il des Rayban, un tee-shirt 'FBI' et une ridicule image de petit replet essayant désespérément de ramer, malgré ses bourrelets, tout en louvoyant entre ces salauds de paparazzi.

'tain vazy! nique-le c'bââtard
Ainsi la production vidéoludique accouche-t-elle, comme en calque, de l'inénarrable GTA IV en ce début d'année. On peut y incarner un gangster (ça alors?), un petit (ça alors!) truand serbe (j'ai pas dit hongrois) qui rêve de devenir grand (ça...alors!!). Troublant? Les chiffres de vente le sont tout autant : c'est un véritable carton, quoi qu'en dise une certaine Nadine M., véritable accro au jeu qui, telle cet évêque pédophile, le fustigea tout en y jouant en cachette, avec ses enfants...et devant les photographes siouplait (ça ne s'invente pas).

En parallèle, le petit caïd de l'Élysée fait du vent, en ce printemps 2008. Le chômage explose en plein vol, les Droits de l'Homme aussi. Félicitations aussi à celui qui reçoit, dans le même temps,  le Prix "Humanitarian Award 2008" décerné par Elie Wiesel pour "reconnaissance d'actions humanitaires" ! Elie Wiesel aurait-il bu un coup de trop à l'époque? Il le reconnaîtra, mais un peu plus tard hélas (la semaine dernière en fait)...
Le Nico Bellic de GTA IV s'en sort dix fois mieux que notre Nico à nous; il a, de plus , un avantage certain : le replay est possible. Pas grave si il commet un faux pas dans les marches de son ascension vers le pouvoir : la rejouabilité est infinie!


Mai 2009 : l'omniscience est au programme.

Souvenons-nous de ce pôv con pauvre professeur de philosophie qui avait crié "Sarkozy je te vois!" à des policiers. Bien mal lui en prît : il comparaitra pour "injures publiques" dans le mois. Tout comme ce "présumé terroriste de l'ultra-gauche", dont le seul tort est de vouloir vivre différemment..pas besoin de preuves pour écraser les mouches que sont les sujets de Sa Majesté. Le petit peuple est inconséquent et ingrat : ne devrait-il pas être reconnaissant au Conducator pour tous ses bienfaits? Ainsi la rigueur qui ne dit pas son nom, et qui avance en galopant....
Dans le même registre sort, début mai 2009, le jeu Demigod (ça veut dire demi-dieu, bande de dépravés).
On pourra y incarner un demi-dieu parmi 8 disponibles, avec chacun ses propres caractéristiques. Le but? Anéantir la citadelle de l'ennemi -le demi-dieu adverse- en écrasant ses loyaux sujets, qui par la foudre, qui par le feu, qui par la pestilence...Je me suis bien marré avec celui-là, seul regret : qu'il n'y ait pas de croc de boucher parmi les armes disponibles.

Des hordes de chômeurs et pis quoi encore?y savent plus quoi inventer!
On a aussi droit, un peu plus tard dans l'année (septembre 2009) au 5ème opus du très célèbre Resident Evil. Une des sagas les plus cultes du jeu vidéo, il s'agit du genre "Survival-horror" . En gros vous incarnez un rescapé d'un commando de marines qui se trouve aux prises, dans un décor d'outre-tombe (manoir, cimetière, égouts, labo d'expérimentation...) avec tout un tas de joyeusetés mutantes créées par une multinationale scélérate et secrete, et la fuite organisée dans la nature de leur terrible Virus T : hordes de roms zombies, chiens dégénérés, plantes monstrueuses...
Le jeu propose en outre des énigmes plus ou moins corsées, dont la résolution est obligatoire pour pouvoir poursuivre l'aventure. Soyons clairs : je n'ai pas du tout accroché au 5ème épisode... la raison? La même que celle qui me fait haïr la classe politique Française !
Gentil n'a qu'un oeil
On nous a  fait miroiter des temps qui ne sont plus, des promesses qu'on ne tient pas. On fait du neuf avec du vieux. Hélas la sauce ne prend plus : le jeu est à l'image de l'époque, un banal jeu d'action, avec certes des graphismes magnifiques, mais qui a perdu ce côté "réflexion" que les aficionados des premiers opus connaissent bien. Resident Evil premier du nom est si loin! Une façade qui en dit long sur la descente aux enfers d'une créativité en berne. Pareil qu'à l'UMPS!


Mai 2010 : ambition quand tu nous tiens..

and the winner is...
Félicitations aux Européens! En ce début de troisième année de mandat Sarkozentiel (put*in TROIS ans!!), la dette est devenue Européenne, en plus de s'accroître de 8% du PNB en moyenne. En gros nos arrière petits-petits-petits-enfants paieront encore ce que l'Euroland vient de signer.

Les banques disent merci à leurs "sauveurs" qui, il est vrai, n'ont pas tous travaillé de la même façon pour arriver à ce "résultat". Ainsi Choucou-les-talonnettes  aura-t-il préféré une énième escapade aux frais de la Présidence plutôt que de rentrer pour être présent, sur le front, quand l'Euro était en train de subir un véritable assaut en règle de la part des américains et de leurs alliés spéculateurs. Merci Angela d'avoir assuré l'intérim!
Le monarque continue à brasser de l'air en étant -ou faisant semblant d'être- sur tous les fronts , mais a aussi fait valoir ses ambitions pour 2012 : alors que la France est plongée en pleine récession, que la souffrance est partout et le réconfort nulle part, et que son bilan est plus que catastrophique, que de nouvelles mesures antisociales sont au programme, il songe à se représenter en 2012...

j'aime bien le pompier pyromane
Dans les Sim's 3 (décidément le chiffre trois est en vogue) sobrement intitulé "ambitions" justement, on nous donne la possibilité de diriger des Sim's, des humains virtuels quoi. On peut leur faire faire presque tout, et les observer du dessus, telles des fourmis dans un vivarium. Ce 3eme volet nous propose d'ajouter de nouvelles professions à la panoplie déjà étendue des Sim's : pompier, sculpteur, styliste...chasseur de fantômes. On doit constamment surveiller ses Sim's, sous peine d'en perdre le contrôle et de déclencher des catastrophes, ou des effets non désirés.
Tout de go : je n'aime pas ce genre de jeu. Pour moi, c'est limite intéressant dix minutes, mais je m'y ennuie ensuite ferme! Voir tous ces petits bonshommes s'agiter vainement, et essayer de contrôler tout ce petit monde qui veut n'en faire qu'à sa tête, non vraiment c'est trop dur! En plus ici, pas moyen de faire semblant : si vous vous manquez, vos Sim's sont plus que durs à récupérer, un vrai carnage! Une seule solution, en ce qui me concerne : démissionner, abandonner le jeu pour quelque chose de plus viril.

Bien : j'avoue avoir eu du mal à écrire cet article : pas évident de vous faire partager ma passion pour Nicolas Sarkozy le jeu vidéo. J'espère y avoir réussi, ne serait-ce qu'un peu.
A une certaine époque, je rêvais même d'en faire mon futur gagne-pain : scénariste de jeux vidéos, en voilà un métier! J'aurais pu suggérer aux studios en panne d'idées neuves de réelles innovations. Jugez plutôt, quelques idées que j'avais jeté en vrac sur mes cahiers d'écolier :

-France 2010 : un simulateur d'esclavage social sur le modèle des Sim's. On pourrait y contrôler des Sim's esclaves, acceptant toujours plus de régression sociale, dans l'espoir de meilleurs lendemains. Pendant que leurs maîtres (les Sim's dirigeants) se la coulent douce et se gavent toujours plus, en toute impunité, les petits Sim's "moyens" s'en prennent plein la gueule. Recul social, manipulation, népotisme, peur du terrorisme... utilisez tous les moyens disponibles pour arriver à vos fins!

-Ou alors Politicus :un simulateur de vie politique, dans lequel on pourrait incarner un homme politique dans son ascension vers le pouvoir. Ses mensonges, ses complots, puis sa réussite. Un petit président, par exemple, qui fait absolument tout ce qui lui plaît, qui comble ses amis et détruit ses ennemis, en même temps que la classe moyenne de son pays. Corruption, chantage, démagogie, coups tordus : permettez-vous ce qui vous plaît, du moment que vous ne vous faites pas attraper!

Je suis sûr que ce genre de jeux auraient eu un succès fou!

Mais ces salauds m'ont piqué toutes mes idées.

Une vocation qui s'éteint, une fois de plus...

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PS : Pour conclure faites-moi plaisir : essayez celui-là! match sarko vs sego  Record à battre : 57 coups de boule certifiés... jvou nik tous

vendredi 17 septembre 2010

Burqa mentale

Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut voir, c'est bien connu.

Et même si d'aventure un talentueux chirurgien lui redonnait la vue, il ne pourrait toujours pas apercevoir les merveilles qui l'entourent.
Il resterait aveugle, car il ne veut surtout pas voir.
Un peu comme si un voile mental obscurcissait en permanence sa vision.

Dans le cas d'un personnage haut placé, cela va bien plus loin : à l'aveuglement permanent se rajoute l'épineux problème de la crédibilité perdue, et par là même celle de toute la nation qu'il est censé représenter... Puis, en dernier ressort, le ridicule fait son entrée.

Une entrée triomphale -ENFIN un triomphe pour ce gouvernement!

Et un ridicule In-ter-na-tio-nal.

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Ce matin nous avions la pêche : une nouvelle fin de semaine qui approche à grand pas, synonyme de repos bien mérité pour celui qui se lève tôt, que même un temps pourri ne réussit pas à gâcher.

On voit les optimistes...
Il y a des matins comme ça : pourtant, c'était assez mal parti, la veille...

Vous vous êtes couché épuisé, le coeur au bord des lèvres face à la surenchère sécuritaire totalement insuffisante injustifiée du gouvernement. Vous avez constaté, avant de vous écrouler telle une masse sur le grabat qui vous sert de couche, à quel point la société était pourrie, le monde foutu et qu'au fond c'était tant mieux. L'OM venait de se faire ratatiner une nouvelle fois (non pas que vous vous en souciiez, mais les voisins du dessus vous l'ont encore bien fait comprendre jusqu'à deux heures du mat').

La journée au boulot n'était pas mieux : entre le harcèlement du chef, les allusions graveleuses de vos casse-couill collègues de travail, et les classiques petits complots pour grands lâches, vous vous êtes royalement échiné à exécuter un travail sans âme histoire de percevoir ce qu'on appelle, sans honte aucune, un "salaire". Une "rémunération" qui n'a de risible que le nom et le montant. Ledit montant vous permettant quand même de ne bouffer des nouilles quotidiennement qu'a compter du 6 de chaque mois.

le Travail rend Libre
Le ridicule ne tuant plus, vous vous êtes totalement fourvoyé en réunion, une fois de plus, face à des coreligionnaires qui n'en demandaient pas tant pour se faire mousser devant la hiérarchie à vos dépens -une fois de plus.
Après une interminable après-midi passée à jouer au poker en ligne tout en faisant semblant d'être overbooké -un boulot de cadre classique, quoi-, vous avez manqué vous fracturer la cheville sur le pas de porte de votre "closed space", tout à votre précipitation de préserver, coûte que coûte, votre santé mentale, c'est à dire fuir le plus vite possible cet asile d'aliénés qu'on appelle "bureau".

Jean-luc, tu as encore oublié ça dans ma caisse

Bien sûr, de toutes les voitures garées sur le parking, seul votre tacot -pour lequel vous vous êtes endetté sur huit générations- a attiré la bande de sauvageons du coin, en recherche d'un "spot" pour se défoncer tranquillement (et vos portières avec, tant qu'on y est.).

Les bouchons n'ont jamais été aussi monstrueux -non, dantesques plutôt- que pour rentrer chez vous : quatre heures trente et dix-huit litres d'essence pour faire dix kilomètres.

faire la queue à la caisse...même le Dalai-Lama pèterait un cable
Le supermarché était bondé, et petite mémé devant vous a mis six minutes quarante-cinq secondes pour sortir son porte-monnaie, trente-six secondes supplémentaires pour l'ouvrir et sept minutes vingt-cinq pour recompter l'intégralité de son caddie -sans parler des coupons de réduction manquants et la Contestation Quotidienne sur l'oubli de la promotion du jour par cette conne de caissière (vingt minutes supplémentaires). Un viol de grand-mère sur le tapis de caisse plus tard (au moins tu voteras pour Nicolas en connaissance de cause! ), vous atteignîtes (j'ai vérifié, la conjugaison est correcte) enfin le taudis qui vous sert de refuge au milieu de toute cette folie.

Après l'engueulade traditionnelle de votre chère et tendre sur l'air du "mais pourquoi les hommes oublient-ils toujours la moitié des courses?", vous avez ingurgité un repas insipide -qui a au moins eu le mérite de réveiller votre ulcère, c'est déjà ça-, et vous vous êtes finalement écroulé non affalé sur le canapé du salon.

Vous avez regardé le journal de l'ORTF1 avec le plus grand désintérêt, comme d'habitude.

 Entre le nouveau caniche de Liliane Bettencourt, l'énième prothèse de Benoit XVI et le dernier lifting de Carla Bruni, vous vous êtes fait la réflexion que la population était un brin vieillissante en fRance, un peu comme les idées quoi, et qu'il faudrait peut-être s'inquiéter de savoir à quel âge vous prendriez ce qu'on persiste à appeler retraite, mais que vous voyez plutôt comme un rêve inaccessible...

Après un petit tour sur le ouèbe, vous vous êtes aperçu avec effroi que la réforme vous octroyant royalement le droit de vous crever deux ans de plus à la tâche venait tout juste d'être votée. Le lien s'est alors brusquement matérialisé dans votre esprit : vous avez réalisé que les gugusses qui bloquaient la circulation l'autre jour (et avec lesquels vous vous étiez battu) étaient en fait des manifestants et qu'ils défendaient un droit qui vous concernait aussi, mais que vous ignoriez.

Mimie Mathy ou Julie Lescaut?
Ceci acheva de vous convaincre de regarder le premier navet venu sur le poste -l'entrée en vigueur de la Hadopi ayant définitivement tué en vous toute velléité de téléchargement illégal, fût-ce celui d'un bon film- ,ce dans le but d'oublier cette petite voix qui commence à hurler de plus en plus fort dans un recoin de votre boîte crânienne.

Vous vous êtes réveillé sur le coup de trois heures du matin, en sueur et à moitié effondré sur le canapé du salon, après un vilain cauchemar où il était question d'ouverture de la chasse, au son absolument grotesque et pathétique du Cor de battue de l'émission désormais culte, "Histoires Naturelles".

La suite n'est que confusion : aller faire pisser le chien, siffler le chat, se brosser les dents en évitant le jet de dentifrice dans l'oeil, tituber jusqu'à la chambre et se tortiller, tel un boa constrictor, jusqu'à sa place dans le lit conjugal (qui ne se conjugue plus qu'au singulier depuis une bonne décennie), histoire de ne pas réveiller la  magnifique Juliette qui y est étalée de tout son long...et qui ronfle comme le sonneur dans "Histoires Naturelles", justement.
Puis, après la formule de politesse habituelle ("chier, tu m'réveilles!"), vous vous êtes finalement endormi du sommeil de l'injuste, aux côtés de l'être cher.

Drrrrrrriiiiiiiiiiiiiinnnnnneeeeeuuuuggguueuuuuu!!

Le réveil vous tire d'une de ces "nuits" de sommeil dont vous avez le secret : plus c'est court, mieux c'est !

Dehors, la pluie tombe en rafales, le mistral se prend pour l'ouragan Katarina, et le radio-réveil crachote les turpitudes du jour.

Il fait 12 fois son poids, c'est logique
"....las Sarkozy ridiculisé au sommet des dirigeants de la Zone Euro...
Contredit par la majorité des ministres participants, une très violente dispute l'a opposé à Monsieur José-emmanuel Barroso. Bien que le Président Français aie nié, quelques instants plus tard, avoir eu ne serait-ce que des éclats de voix avec le Président de l'UE, il s'est aussitôt fait désavouer publiquement. Il s'était en effet targué, dans son discours, d'avoir le soutien sans faille d'Angela Merkel sur la question des Roms. Information immédiatement  démentie publiquement par l'entourage de la Chancelière."
Vous ouvrez des yeux ronds, et montez le son du poste.

La douce voix de Juliette vous sermonne gentiment :"Chéééri, tu viens déjeuner, tu vas être en retard!
Vous répondez prestement à l'être aimé, tout en enlevant votre caleçon collé par les suées nocturnes et en filant sous la douche : "Minute, j'arrive!"

-Radio Ikea KnörFrungstedt, combiné radio FM étanche, possibilité d'écouter vos stations favorites sous la douche : réveil matinal garanti! Seulement 89euro90, page 159 de notre catalogue.-

Le Pschiiit! de l'eau dans les canalisations vous oblige à monter le volume; l'eau, bienfaisante, glisse sur le combiné étanche en même temps que sur votre peau. Quelque chose craque en vous -enfin, la libération de toutes ces tensions !

Le speaker reprend.

"L'Europe au bord du clash, la presse s'en donne à cœur-joie; l'opposition réclame la démission immédiate du chef de l'Etat. L'Élysée n'a pas réagi pour le moment. Mais les premiers soutiens ne se font pas prier,  notamment par la bouche de Frédéric Lefèbvre, Nadine Morano et Benjamin Lancar. Qui crient respectivement au complot romano-maçonnique, à la machination sôôôcialissse et à un nouveau coup tordu de la gauchosphère trosko-communiste.

-Ah, nous venons d'apprendre que les députés ont déposé une motion de censure contre le gouvernement, et que celle-ci est.....ADOPTÉE!!! Les  fêlons de la Droite Gaulliste se sont alliés au gaucho-communistes pour faire tomber le gouvernement! L'État d'Urgence vient d'être décrété par la Présidence de la République, qui se vote les pleins pouvoirs et reçoit le soutien massif de l'armée. Un couvre-feu permanent vient d'être instauré, "dans l'intérêt supérieur de la Nation" selon la formule du tout nouveau Premier Ministre, Monsieur Brice Hortefeux.

Discours de Confiscation Nationale
-Discours du Président Sarkozy en direct de l'Elysée, sur toutes les chaînes de TV et radio : "je ne laisserai pas les comploteurs Tzigano-Maoïstes et les terroristes de l'Ultra-gauche saloper ma présidence! Tout ceci est une ridicule tentative de putsch, j'ai dans cette enveloppe une liste de noms incriminant les principales têtes pensantes de l'opposition et des médias, en ce moment même des perquisitions ont lieu, des gens sont interrogés... L'Ordre va revenir, n'ayez pas peur mes chers concitoyens, je m'en occupe et j'irai les buter jusque dans les chiottes, avec les dents s'il le faut !"

-Un discours pour le moins étonnant de la part de Notre Chef de la Nation, vous ne trouvez pas Arlette? Quel volontarisme!
-Effectivement cela augure une bien sombre période pour les traîtres, cher Frantz-Olivier...une chape de plomb ne va-t-elle pas s'abattre sur notre pays?
-Attention à ce que vous dites, Arlette... ne mélangeons pas tout!

-Ah nouvelle interruption, on me signale une exclusivité, de notre envoyé spécial sur le terrain : nous apprenons que l'Assemblée Nationale est actuellement totalement encerclée par les chars Leclerc!
La Légion Etrangère vient de prendre position sur les principaux axes de la Capitale!
Les Champs-Elysées sont maintenant le théâtre de manifestations monstres, un groupe de plusieurs dizaines de milliers d'émeutiers menace d'envahir le champ de Mars! Les manifestants marchent sur l'Élysée aux cris de "Nicolas, on est là!!" L'armée a ouvert le feu! Je répète l'armée ouvre le feu sur les manifestants!
-Mais, que se passe-t-il? Quelle est cette lueur dans le ciel? qu.....AaAAAhhhh!!!!!!!!! ...................... .........................?........................ ?? ...................... ............................. ........................... ............... crrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrshhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh

C'est le bruit de l'eau s'échappant à flots de la salle de bains qui a alerté Juliette.
Il gisait au fond de la douche, les yeux grands ouverts, le sang s'échappant des narines et des oreilles...

Mais ce n'est pas cette image qui la fit hurler de terreur jusqu'à l'arrivée des ambulanciers.
C'était plutôt ce sourire absolument radieux qui éclairait son visage, comme jamais auparavant en vingt ans de vie commune. Un sourire qui ne le quitta pas tandis qu'ils tentaient la réanimation cardio-pulmonaire, et qui persistait tandis qu'ils l'allongeaient sur la civière, et qu'ils l'emmenaient à l'hôpital.

-"Rupture d'anévrisme causée par une accumulation de stress tensionnel dans le cortex pré frontal" diagnostiquèrent les médecins.
-"Perte totale des repères de la réalité, débordement psychotique à tendance névrotique et schizophrène. Le sujet se rêve perpétuellement dans un monde idéal, où tous les refoulements, frustrations et renoncements accumulés durant sa vie consciente peuvent enfin s'exprimer sans entraves....une espèce de voile mental."

-Diagnostic : état légumineux irréversible. Sujet dangereux pour la société.
-Préconisations thérapeutiques du collège d'experts (selon nouvelle Loi Bachelot-Sarkozy) : cloisonnement à vie avec mesure de sûreté en centre réhabilitatif fermé.

Juliette, je t'aime
Juliette pleurait.

Longtemps, elle porta le voile.

En signe de Deuil.




mardi 14 septembre 2010

Nous sommes tous un peu Japonais

Mes amis me regardent toujours avec un mélange de crainte et d'amusement lorsqu'il me prend l'envie d'étaler ma passion et mon admiration pour le Japon et ses habitants. 
Crainte, car ils connaissent ma susceptibilité sur le sujet, et amusement, car ils savent que je ne peux m'empêcher d'en rajouter dans l'excès.
Il faut dire que je ne fais pas les choses à moitié : culture, manga, coutellerie et gastronomie, arts martiaux, philosophie... Pourtant, il y a chez eux une chose qui me révulse au plus haut point. Révulser? Non, ça n'est pas le terme exact : je dirais plutôt qui me gêne.  Vraiment. Un tout ptit peu.
Cette capacité qu'ils ont à s'abstraire de l'Individu, pour aller à la sublimation du Collectif... 
Et atteindre cette Perfection que le monde entier leur envie.

Voyez pas de quoi je parle?

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On me signale qu'il y a des incultes dans la salle!

Des brouettes d'incompétents, de nuls.

Plus grave, des feignants. Encore plus grave : pas peu, mais des tas.

Les profiteurs sont partout-c'est la chute finale
Des pleines pelletées de paresseux. Des seaux d'incapables. Des tombereaux de tire-au-flanc, de flemmards, d'indolents, de nonchalants, d'inertes, de mollasses.

Et que tout ce petit monde entraîne allègrement le pays par le fond, en chantant.

Et que ça commençait déjà à bien faire, tout ce fatras de jean-foutre, mais qu'en plus, désormais ils sont doublés d'une certaine volition dans l'inaction, d'un je-ne-sais-quoi de narquois, alors que le français-de-base en bave. Des profiteurs.

Intolérable légèreté d'une caste en temps de crise. D'une catégorie qui n'ose pas dire son nom.

Et que, de surcroît en plus par-dessus le marché en supplément, rapport à tout ça, ils seraient également malhonnêtes. Ils feraient des trucs pas bien-sciemment. Ils piqueraient dans la caisse quoi, et se récompenseraient entre eux par la même occasion.
En même temps, ils demanderaient toujours plus de sacrifices à ceux qui les ont placés là où ils sont. Tout en les sabrant largement au passage, tant qu'on y est hein!
Quelqu'un de forcément bien n'a-t-il pas affirmé : "il ne suffit pas d'être heureux, encore faut-il que les autres soient malheureux"?

Rapport à ça, certains gars auraient quand même protesté : le bon peuple ne serait pas si benêt que ça ! Il se rendrait peut-être compte, entre deux parties de Wii-fit (c) et une séance d'installation d'applications sur Iphone (c), que quelque chose est en train de se passer. Peut-être même un peu à ses dépens?

  Une révolte serait-elle envisageable? Détrompez-vous vite fait chers lecteurs : votre joie sera de courte durée, il est hors de question pour certains de démissionner, encore moins de ne serait-ce que faire leur mea culpa. On entendrait plutôt les personnes con-cernées nous répéter, un peu partout depuis quelque temps, "ehhhh m'enculpas!" Drôle d'aggiornamento, je vous l'accorde.
La cause des crises de De Villepin vient juste d'être identifiée..

Donc les parasites ne quitteront pas tout de suite leur hôte, on est trop bien ici, et pis le boulot est à peine entamé, ça va pas non?

De vraies tiques, quoi.

Bon le constat est posé, je ne suis pas le premier à le dire, loin s'en faut! Mais je serai le premier à faire des propositions (hormis le PS, et l'UMP, mais là avouez qu'ils sont hors concours, ne rigolez pas bande de dégénérés!).

Ici on bosse, on est soucieux de l'avenir de la France! Le Destin National, le Devenir de Notre Glorieuse Patrie est en danger! Et vous croyiez que j'allais rester les bras croisés?

Car que propose l'actuel gouvernement, à part une ou deux expulsounettes de romanichels du dimanche par-ci, un ou deux ridicules colloques sur la sécurité par là, hein? Quedalle! Ils ont encore besoin de toutes les bonnes volontés dans la salle, et vu qu'il n'y a pas grand monde qui se bouscule au portillon, je vais devoir encore m'y coller.

Première Phase : Il va falloir commencer à sévir dans ce pays, c'est vraiment du grand n'importe quoi!

Comment peut-on élire un Président sur sa capacité à réformer tout en regrettant qu'il le fasse, une fois parvenu au pouvoir? La cause de tout ce bordel est simple : les manifestations. Napoléon n'ayant pas eu les balls de remettre clairement en question ce principe, qui reste quand même une des causes les plus fréquentes d'embouteillage aux heures de pointe, il faut s'y attaquer sur-le-champ si on veut avancer.
Depuis quand a-t-on vu qu'il faille manifester deux fois pour un problème qui de toutes façons est déjà résolu? autant gagner du temps : interdiction pure et simple de manifester et ce dès le 22 septembre!

Liliane is dead? No Sir, but the French workers are...
Et n'allez pas me dire que ça risque de mettre des millions de personnes dans la rue. Les Français grognent et aiment bien gueuler, soit. Mais ils sont aussi respectueux des lois, surtout si elles sont coercitives. Donc si l'interdiction est violée, promettons-leur la retraite à 70 ans. Tout contrevenant à cette interdiction verra son temps de travail passer de 60 62 à 70 ans. Avec ça, gageons qu'ils se tiendront tranquilles un petit moment.

Phase Deux : bon. Une fois réglé cet épineux problème, nous pourrons passer aux choses sérieuses. Le climat social étant légèrement dégradé ces temps-ci, et vu que nous sommes dans l'impossibilité matérielle d'interdire les révolutions, il va falloir ruser.

Je propose donc la création d'une commission de réflexion sur l'élaboration d'un plan d'actions quinquennal en vue de réfléchir à l'amélioration de l'employabilité et des conditions de travail des français les plus en difficulté, avec une attention toute particulière pour les séniors, les RSistes, les jeunes, les chômeurs, les précaires, les Roms et les immigrés. Cette commission aura pour mission de dresser la liste nominative de ces personnes, en vue de leur réhabilitation par le travail. Car, c'est bien connu, seul le travail rend libre non?
Cette tâche devrait nous occuper au moins jusqu'aux alentours de mai 2012, ça alors! Pile-poil le temps d'arriver à la Phase Trois.

Phase Finale : la Victoire en chantant.

C'est le buteuhh finaaleuuuh !
Alors que tous les crypto-communistes, ces feignasses de chômeurs, ces parasites d'allocataires, ces empêcheurs de libéraliser en rond que sont les intellos à lunettes de la blogosphère (gôôoôôôchisssses!!), en bref tous ceux qui ne roulent pas droit dans ce pays seront fichés, il suffira, à la veille du scrutin, de les convoquer en préfecture pour, au choix, soit une déchéance de nationalité, soit une radiation des listes électorales. Dans les deux cas, Fidel Castro Nicolas Sarkozy/Dominique de Villepin/François Fillon/JF Copé/Alain Juppé/DSK/Aubry/Royal/Hollande/Bayrou (svp rayer la mention inutile) sera élu haut la main et triomphalement, en l'absence d'opposants ayant pu aller voter ce jour-là.

Je les cite tous en vrac, parce qu'ils sont fortement et intrinsèquement interchangeables voyez-vous. Le tout est de pouvoir continuer à appliquer la politique antisociale qui nous fait tant rêver, la seule apte à nous mener à la destruction généralisée de la société société de progrès dont nous rêvons tous, un jour pour nos enfants, nous les Libéraux. Avec ce nouveau candidat élu dé-mo-cra-ti-que-ment on vous dit, il sera possible de faire passer le reste de nos sacro-saintes réformes, à savoir livrer les Services Publics au privé, privatiser et breveter le vivant, asseoir la domination d'une petite minorité sur la grande majorité des crève-la-faim que seront devenus tous les Français.
Accessoirement, ne pas oublier l'option "guerre" histoire de relancer notre Bien-Aimée machine économique si d'aventure elle montrait de nouveaux signes de faiblesse.

A moins que Marine ne gagne ? Auquel cas vous passerez immédiatement par la case "guerre et bordel généralisé", sans empocher les 10 000 francs, vous êtes le maillon faible, merci bonsoir!

A certains qui m'accuseront de populisme, je répondrai : pragmatisme.
Aux autres qui hurleront à la "politique-fiction" je rétorquerai : anticipation.

Gouverner, c'est prévoir.

Un dernier point, avant d'aller me coucher : la preuve par l'image, la force par l'exemple.
On n'a rien sans rien. Du sang, des larmes et de la morve. Sans mouchoir à portée de main en plus.

Régalez-vous, c'est gratuit.


vendredi 10 septembre 2010

ROMance

Je bonjour à vous.
Je m'appelle Anja, j'ai 15 ans et moi je suis ROuMaine.

J'habite Paris, la capitale de la Patrie des Droits des Hommes. De la Lumière de Voltaire et des Douaniers du Ruisseau.

Moi je suis très heureuse de vivre dans le Paris...c'est une belle ville.
J'habite à l'hôtel avec mes amies Anca (16 ans), Dorina(15 ans) et Madalina(17 ans).

dans Voltaire il y a vol et taire...
Nous sommes 4 copines du sort, comme on s'appelle chez nous. Nous sommes très contentes toutes les quatre, vivre ensemble c'est très bien à Paris. Souvent les policiers nous demandent si on n'a pas peur, à vivre toutes seules comme ça, quatre filles dans une si grande ville? Parce que les policiers nous voient quelquefois : ils savent où nous trouver, même parfois Dorina se manque dans le métro -elle se fait attraper en train de "travailler"-,  c'est sûr alors direct, ils la reconduisent à l'hôtel tout le temps, et demandent à voir le "responsable". Mais nous on leur dit rien.

Ratko n'est jamais là quand ils viennent; on leur répond juste qu'il n'y a pas de problème, qu'on est "protégées", que le "grand frère" nous surveille, mais ils n'arrivent jamais à le rencontrer. Et quand ils insistent trop, on déménage le lendemain : Paris est une si grande ville! Il y a tellement d'hôtels, on ne risque pas de dormir dehors!
Alors rentres dans ton moulin...et cass'toi pôv mangeur de hérisson!
D'ailleurs je ne vois pas comment c'est possible que le président du pays il puisse expulser les "délinquants étrangers", donc surtout pour lui les délinquants c'est les Roms? C'est ce qu'il dit, mais je crois qu'il ne comprend pas bien : ceux qu'il jette dehors n'ont rien fait, ou si peu... et puis ils vivent en caravane, en famille, ces imbéciles... Ils n'ont pas compris pour éviter l'expulsion, il faut être malin! Dormir à l'hôtel, éviter de trop zoner, voilà les solutions vraies! En fait je vais vous dire un secret : ils ne sont pas comme nous.

Ne vous y trompez pas: ils se sont lavés uniquement pour la photo
Mais ça, ils comprennent pas : eux sont trop bêtes! Ils préfèrent loger entre eux, dans la caravane, ou le squatt. Ils préfèrent rempailler les vieilles chaises pour pouvoir s'acheter la Mercedes, gêner les amoureux au restaurant pour leur vendre des roses pourries, casser les oreilles des passants en jouant (mal) de l'accordéon et aller mendier avec le nourrisson dans les bras. Ils préfèrent lire les lignes de la main, vendre du gri-gri ou faire un peu de roulotte, deux-trois poules... Tu rajoutes la saleté, et l'odeur... quand il y en a un encore ça va, mais c'est quand il y en a plusieurs qu'il y a des problèmes.  Comme ils ne se déplacent jamais à moins de cinquante : forcément, ils gênent. Du coup, les gens s'énervent, et à la fin ils les jettent dehors, logique!

SCANDALE : même leurs animaux utilisent les petits pour apitoyer
Alors que moi et mes copines, on travaille. Discrètement.
On n'attire pas l'attention : on vit à l'hôtel, pas de vagues. Ou si peu (Dorina est pas très bonne "travailleuse"des fois.)

On se lève tôt, tous les matins : je fais partie de la France qui se lève le matin, comme l'a dit votre petit monsieur...

La journée commence à six heures : lever, petit déjeuner,toilette... Habits passe-partout, plan de Paris à la main, baskets pour courir vite.

les chinois eux font très fort avec les chats
Métro : on regarde les touristes. On repère, et puis on travaille. On change souvent de lieu, votre métro il est grand! Avec tous ces chinois qui essaient de nous piquer les meilleurs touristes, on n'a pas trop le choix de toutes façons. Plus on bouge, mieux c'est : Ratko n'arrête pas de le dire.

D'ailleurs il repasse tous les soirs : on lui paye la Protection, plus la Dette. Si il est de bonne humeur, si la journée a été bonne, il dit rien et s'en va. Parfois c'est moins bien, et il est colère : alors il faut faire attention. (Anca se rappelle bien de sa dernière colère.)

Avec Madalina, parfois on rêve. On pense à la famille, au pays. On essaie de leur envoyer un peu, histoire de mieux manger. On sait que la dette elle sera longue à rembourser, c'est pour ça qu'on travaille dur, sans faire de vagues. Un jour on retournera là-bas, et avec les honneurs, et on pourra se marier, tout ça...
Mais pour l'instant pas question : il faut rembourser, profiter qu'on est encore assez jeunes. Madalina sait bien qu'il ne lui reste plus très longtemps : elle essaie de mieux faire, mais c'est pas évident souvent.

Ça toi le Français tu peux pas comprendre : tu vis ici si bien, et tu souffres comme si tu étais plus endetté que nous toutes! Je te comprends pas.Tu devrais sourire et nous pleurer, et tu vois : c'est l'inverse. Tu as peur de nous, alors que tu ne nous verras pratiquement jamais, dans toute ta vie : c'est à peine si on s'intéressera à toi, un jour où l'autre. On ne te "travaillera" sans doute jamais : on préfère les touristes, c'est mieux fourni en liquide, et puis pas de chances de retomber sur eux le lendemain.

Grande-Baba me disait souvent : "Anja, ma bella, si tu souris comme ça tout le temps, la vie te répondra."
Je crois qu'elle avait raison : je suis bien, ici. Et je sais que je ne repartirai pas comme une voleuse !

C'est vous qui partirez avant nous....

mardi 7 septembre 2010

Bling-bling, le bruit de nos chaînes...

On va encore me faire remarquer que je critique tout.
Que je ne suis jamais content.
Que je dénigre constamment, et ne propose rien (ou si peu).

Il est vrai que c'est facile de rester derrière un clavier pendant que d'autres manifestent, se battent et luttent dans la rue.

Cependant...au risque d'en décevoir certains, je vais la jouer (un peu) plus sérieux que d'habitude, aujourd'hui.

Les manifestations d'aujourd'hui, mardi 7 septembre, suscitent beaucoup d'espoir. Selon un récent sondage, entre 60 et 70% de (bons) français (de souche) seraient "en sympathie" avec les manifestants. Ils approuveraient même la nécessité de manifester : étonnant, dans un pays où d'ordinaire, les mot "grève", "arrêt de travail" et"manifestation" font immédiatement ressortir les seaux de goudrons et de plumes, des lueurs de haine dans les yeux et la bave aux lèvres, et donnent des crises d'urticaire géant à la majorité de "la France qui se lève tôt"...

Sortez la tête, madame, ça passera mieux!
Cependant justement, n'y a-t-il pas un léger problème? Verra-t-on entre 60 et 70% de  Français dans les rues, aujourd'hui? En aura-t-on seulement compté la moitié? Je vous parie mes deux jambes gauches que non, bien entendu.
Et pourquoi? Mais la réponse coule de source, chers concitoyens bien-aimés : la France a peur. La France est désunie. Les français font caca dans le pantalon, passqu'y savent pas quand c'est que tombera le couperet, et que dans leur for intérieur, ils n'espèrent qu'une chose : qu'il tombera sur la tête du voisin, le couperet. Peut-être qu'en rentrant un peu plus le cou dans les épaules...

Alors oui, maintenant que la cause est entendue, qu'est-ce qu'il va encore nous proposer çui-là! vous interrogez-vous (ne niez pas, je vous entends, même de très loin). Il va encore dire qu' "il est nécessaire de s'unir, de tous ensemble descendre enfin dans la rue, etc etc" bref le discours classique du vieux cégétiste attardé, resté bloqué au temps de Georges Marchais!

Raté! Presque ça, mais avec une tite nuance quand même : oui il faut s'unir. Oui il faut tous descendre dans la rue. Oui il faut se rebeller, se révolter, pour enfin mettre en place le Reich de mille ans la Société Fraternelle et Solidaire que nous appelons tous de nos vœux (à part Liliane, Nicolas et quelques uns, mais c'est pas grave,il faut toujours une opposition, même insignifiante, c'est bon pour la démocratie).
MAIS (désolé ça me démangeait ) ça n'est pas en balançant un énième pétard mouillé (un jour de grévounette par-ci, une minute d'arrêt symbolique par-là, "oh excusez-moi missié patwon de faiw gwève mais ni vous zinkiétez pas démain, je repwends le twavail ni vu ni connu! et en plus, je rattwaperai le boulot en retard"...) que nous gagnerons quoi que ce soit.

A part désamorcer le peu d'énergie combattive qu'il nous reste, cela ne sert à rien, et Nicolas le sait très bien -Raymond Soubie le lui a dit, et lui a montré comment faire, et ce dès le début 2009.

Ci-gît l'esprit combattif des Français, recueillons-nous...
Souvenons-nous, comme Nicolas devant le monument aux morts du plateau des Glières, l'air grave et l'oeil profond, le tic d'épaule réprimé pendant quelques instants... Souvenons-nous les manifestations du 29 Janvier 2009 donc : 3,5 millions de personnes dans la rue. Et des "journées d'action"qui ont suivi, une tous les deux mois environ, histoire de bien dévisser le bouchon de la cocotte-minute, en plusieurs fois si possible, jusqu'en juin. Au final, les dernières manifs ont vu défiler quelques pékins, qui ont fini par se demander s'ils ne feraient pas mieux d'aller boire un demi au bar du coin plutôt que de venir déranger ceux qui avaient repris le travail, "pardon excusez-moi madame, ma banderole vous gêne ? désolé, je ne le referai plus.."

J'en vois déjà certains rétorquer : alors, qu'est-ce que tu proposes? C'est mieux que rien, un jour non? et puis les français sont tellement difficiles à bouger...

je travaille mes biceps pour aller casser du crs
Je rétorquerai : oui c'est vrai, je soupçonne même le boss d'Apple de collaborer secrètement et étroitement avec l'Elysée, histoire de sortir des produits "que-le-français-moyen-il-bave-et-bloque-et-reste-scotché-dessus", et "qu'il-n'a-qu'une-envie-c'est-de-se-l'acheter-et-de-se-barricader-dans-son-salon-Ikea-avec-sa-copine-rencontrée-sur-Meetic-pour-mener-sa-vie-de-nolife-à-fond-et-se-foutre-de-tout-le-reste..."

Ces feignasses de mexicains l'ont fait, pourquoi pas nous?
Pour ceux qui n'ont rien compris, en gros la france est catatonique parce qu'endormie par le pouvoir d'achat, les gadgets à la con et l'individualisme le plus forcené. Et tant que nous n'aurons pas trouvé d'alternatives à cet état d'esprit, le bling-bling, ce qui brille et attire, amènera toujours plus de foules en furie devant les magasins un jour d'ouverture des soldes que quelques journées de manifestations éparses. Quand bien même, il faudrait que nous soyions des dizaines de millions dans les rues pour espérer sortir ceux qui nous gouvernent de la transe autistique dans laquelle ils sont plongés. Et qu'ils se disent enfin "oh merde, le Tiers-état est à nos portes, il serait temps de remballer nos Rolex et de filer dare-dare du côté de Varennes, avant que tout cela ne dégénère!" (pour ceux qui n'auraient pas compris cette phrase également, je leur suggère de ressortir leurs manuels d'histoire, ça leur fera du bien! Non mais, à quoi ça sert la culture si on ne l'étale pas pour briller en société, hein?)
ne pas croire ceux qui ont la langue trop pendue...

Il nous reste donc quoi, comme alternative? Ehh bien je dirais, ou rentrer la tête un peu plus dans les épaules, et espérer que la lame va passer à côté (dans ce cas, prévoir également un gros tube de vaseline, car ils ne veulent pas que notre tête, le reste aussi les intéresse...).
Ou bien croire encore en la démocratie et attendre sagement 2012, pour espérer pouvoir choisir entre Nicolas, DSK, Ségolène ou Martine (ce qui en gros revient au même, les marionnettes étant parfaitement identiques à l'intérieur, seuls les noms et les visages changent).
Ou bien espérer en une révolution (dans ce cas, prévoir un coussin anti-hémorroïdes en plus, car vous risquez d'attendre longtemps, longtemps...)
Attendez! ne partez pas vous suicider (pas tout de suite), je n'ai pas fini!


Ou bien préparer dès maintenant la France d'après-demain. Cela pourrait peut-être consister à répandre la bonne parole autour de nous en attendant des jours meilleurs. Essayer de faire réfléchir nos concitoyens chaque fois que nous en avons l'occasion. En disant "faire réfléchir" je sais que ce que j'affirme là (hormis le côté fortement péremptoire) est presque mission impossible, surtout dans la France de 2010, mais ne désespérons pas : il existe de multiples occasions, tout le temps et en tous lieux. Et parfois, ça marche!
Sera-ce suffisant? Si nous nous battons quotidiennement, peut-être. Le but? Faire réaliser au maximum de personnes que ça n'est pas avec un jour de grève que ça changera. Pas de pointillés. Préparons nous, pour plusieurs semaines de grève dure, si nécessaire. Car il n'y aura que comme cela que le roseau pliera et cassera enfin. Alors là oui, je descendrai dans la rue le premier.

Car on n'a rien sans rien -même pas un Ipad, vous avez vu le prix que ça coûte cette merde?? Scandaleux!.

Sinon, j'avais aussi pensé me construire une cabane au fin fond du Vercors, au cas où...