vendredi 17 décembre 2010

à poil

Un cycle infernal : voilà comment je décrirai ma relation avec les femmes.
Pardon : avec LA femme.

Juliette a toujours été une anti-muse pour moi : celle qui me fait tellement bredouiller que les mots ne s'écrivaient plus sur la page. Le blanc qui vient.

franchement c'est ridicule : après ça je crève la dalle moi!!
Juliette est comme le mets le plus délicat, le vin le plus sucré, le plat le plus appétissant : irrésistible, bien que l'on sache que forcément, on va s'y perdre corps et âme. Corps car on va prendre quelques grammes supplémentaires sur la taille et/ou le bedon (mais c'est si bon de manger!) et âme car on va rester ébahi, une fois de plus, ébloui par ce satané chamboulement hormonal qui nous fait perdre tous nos repères. La raison qui s'efface, à l'approche de la femelle Femme, et ne reste plus qu' un pauvre idiot dont les sens sont chavirés par le désir. Prendre, posséder, jouir et ne plus avoir peur, dans ces fugaces instants d'abandon, de l'Amie Véritable qui s'appelle Solitude. Tout en sachant que, un jour ou l'autre, c'est la seule amie qui nous restera : elle reviendra toquer à la porte, soyez-en sûrs!

Le mal de notre siècle, cette Solitude, tiens... Qui pourtant oserait affirmer, de nos jours, en me regardant droit dans les yeux, qu'on ne naît et qu'on ne meurt pas seul, en fin de compte?

hallucinant : Bush était un Grand Homme
Quelle personne qui pourtant, ne le sache pas au fond d'elle-même : tout entouré soit-il, le plus puissant des oligarques, le plus grand des présidents (ou le plus petit, si vous avez pensé comme moi, à l'instant ou j'ai prononcé le mot "président"...), la plus adulée des stars... tout le monde devrait s'avouer que l'Etre Humain est un animal désespérément social, qui au final ne fait que jouer une comédie à ses semblables et à lui-même. Une Comédie Humaine, qui sort tout droit de son cerveau reptilien, pas totalement résorbé malgré les quelques millénaires d'évolution qui nous séparent des grands singes.

Je parle de tout au fond là, oui, bien en bas dans ce recoin le plus sombre de toi-même, cher ami, cher lecteur(euse), tu le vois? Veux-tu y descendre avec moi? Essayer de le toucher du doigt, histoire de voir à quoi ça ressemble vraiment : histoire de comprendre où tu en es, de tes peurs, de tes doutes, de tes paniques, de ton animalité refoulée?

Veux-tu seulement essayer de l'effleurer?

meuhnon boordel, pas celui-là...ô désespoir!
Si tu me réponds oui, alors je ne te dirai pas "BRAVO!!", je poursuivrai juste en te répondant : bien, tu y es, tu le ressens, continuons donc un peu. Là, tout au fond, maintenant que tu es descendu au plus près de cet affleurement qui constitue une part essentielle de ton "humanité", il va falloir te dépouiller de tes frusques mentales. Oui, de ces voiles que tu as patiemment tissés, jour après jour, minute après minute, mois après semaines, années après décennies. Impossible? Non! Difficile certes, mais certainement pas infaisable. Encore faut-il en avoir envie...à celui qui me demanderait "mais pourquoi devrai-je faire cela?" je répondrai : va donc relire cette maxime "connais-toi toi-même". Certes, le gars n'est plus très frais (2 500 ans au compteur tout de même), mais sa "morale" a traversé les âges...pas mal pour quelqu'un qui était sans doute plus proche du singe, physiquement (Socrate était paraît-il très laid), mais aussi évolutivement parlant, que nous ne le serons jamais, nous Hommes de 2010...

Pardonne-moi la digression sur Socrate (destinée à te montrer que "moi aussi, j'en ai dans le ciboulot" en même temps qu'elle satisfait chez moi un égo que je sais surdimensionné), continuons donc notre exploration : arraches-donc ces voiles mentaux de merde, dont tu t'es paré pendant tant années, afin d'entrapercevoir ton Moi le plus intime, ce truc que tu t'efforces de cacher, et avec raison, depuis si longtemps. Je dis avec raison, car cette démarche est dénuée de toute sensiblerie : ici, on n'est pas sur le plateau de "Sensiblerie-Show" du samedi soir.
J'aime beaucoup ce que vous fîtes
Nulle envie de s'apitoyer sur soi-même et de le faire partager à la France entière, nul besoin de tirer la larme à la ménagère de moins de cinquante balais vautrée sur son canapé Ikea, qui toute la journée digère avec indifférence la misère et la sauvagerie de ce monde sans sourciller, mais aime bien faire fonctionner ses canaux lacrymaux de temps en temps, devant une bonne saloperie bien sordide, histoire de vérifier qu'ils ne sont pas bouchés... Ici, le but est d'en chier (CHEF OUI CHEF!!!) et, comble de l'ironie, de la galère et du désespoir de l'Homme Civilisé, Moderne et égoïste que nous sommes nous les "Occidentaux", de ne même pas partager cette souffrance, cette douleur, ce chemin de croix que nous allons nous infliger.
Et aux petits malins qui m'objecteront que c'est ce que je fais, en balançant ce billet nauséabond ici-même, je répondrai : m'en fous, suis anonyme. Et c'est le but, justement, tiens.

Bien sûr, en chier n'est qu'une partie du chemin. Il y a toujours un but premier (en chier), mais aussi un but Supérieur à toutes choses -notre présence ici bas? en chier mais aussi... chacun mettra ici ce qui lui convient- et ne croyez surtout pas NON SURTOUT PAS que vous n'avez pas la capacité de le connaître, ou de le déterminer, ce but premier. La connaissance de ce but Supérieur n'est pas réservée aux seuls initiés (ou gourous, si vous préférez), mais à tout le monde : il suffit d'en avoir envie. D'avoir envie d'arracher tous ces voiles, de se mettre à poil, de se mettre en face du miroir, d'allumer la lumière et de contempler.

Le petit truc tout recroquevillé là, qui essayait désespérément de se cacher, dans le noir et l'oubli, de dissimuler sa présence à votre regard. Ce petit truc, maintenant dépouillé de ses nippes mentales -que vous aurez consciencieusement jetées au feu, le feu de joie est autorisé- commencera alors à se redresser. Et vous vous apercevrez, avec plus ou moins d'étonnement, qu'il n'est pas si petit que cela, ce machin. Qu'il est même 'achement balèze, qu'il continue de grandir, de se déployer, il ouvre ses ailes (que vraiment il porte très bien!), il commence à occuper de plus en plus d'espace, à étouffer même dans ce carcan qu'on lui impose, cette prison aux milles visages, cette cage aux milliers de noms : société, codes, convenances, usages, obligations, travail, famille, patrie, lois, coutumes, normes, restrictions, tenues, uniformes, menaces, crise, précarité, chômage, croissance, développement durable, éco-compatibilité, amour romantique, consommation, Saint Valentin, Noël, Jour de l'An, religion, libéralisme, politique, économie, laïcité, bien-pensance , ......................

Et la prison vole soudain en éclats.

hisser les voiles : ok ok, encore un jeu de mots à la noix et je sors
Vous êtes alors vous-même, et plus rien n'a d'importance, à part ça. Vous volerez au-dessus de la mélée, tel un aigle égoïste, mais heureux. Solitaire mais pas seul, car connecté à ce qui vous constitue, hors des matérialités communes : terre, air, eau, et feu intérieur. Vous réaliserez que vous êtes, quelque part, illimité, et même la mort ne vous fera plus peur. Vous en aimerez d'autant plus la Vie, tout ce qui vit. Le moindre petit caillou aura sa part de sacré, le plus petit brin d'herbe autant d'importance que le plus grand des fleuves, et qu'importe si les autres ne veulent pas le voir : vous saurez, d'expérience, que cela n'a pas d'importance. A chacun son cheminement, après tout toutes les visions se valent non? Mais il est vrai que la vôtre seule aura cette acuité, cette vivacité, cette véracité. Ce petit quelque chose en plus qui fera que les "gens", les "autres", ceux "du dehors" lèveront les yeux en vous apercevant. Les personnes du sexe opposé (ou pas) vous remarqueront à nouveau, car vous irradierez de cette lumière intérieure dont elles manquent tellement.

Et, de nouveau vous re-ferez : ce que vous avez abandonné, par lâcheté, par routine, par peur bien souvent. Vous vous y remettrez, avec l'énergie du désespoir, avec la Foi de ceux qui savent qu'ils sont damnés, et qui l'acceptent avec joie en disant : et alors? C'est quand que tu me ressers un verre de cet excellent Château-Laffitte bordel?
Vous re-deviendrez Celui que vous êtes vraiment, qui s'était juste endormi, recroquevillé sous le tas de guenilles que la société lui avait refourguées. Étouffé par les habitudes, les petites compromissions quotidiennes, par la force de la routine qui vient à bout même des aciers les plus résistants, vous aviez cédé. Peu à peu, vous vous étiez avachi : désormais on ne vous y reprendra plus, c'est carrément impossible car vous êtes dépouillé de ces oripeaux inutiles.

Et à nouveau, vous aimerez : vous donnerez sans compter, intensément, car on ne peut pas vous refaire. Vous êtes et resterez comme ça, illimité, excessif dans tous vos actes, de plus en plus lumineux car vous avez constamment besoin d'émettre dans le visible, aussi bien que l'invisible. Il faudra qu'on vous remarque, car vous ne pourrez pas passer inaperçu, non pas après toute cette souffrance, après cette mue si spectaculaire!

Le compagnon/la compagne que vous ne tarderez pas à rencontrer, les amis que vous vous ferez, immanquablement, tous les succès que vous aurez en ce bas-monde social, tout, tout vous sera offert sur un plateau d'argent. Étrange paradoxe, qu'un simple état d'esprit puisse changer une vie à ce point non?

Vêtu de quantité d'atours mirifiques, mais le coeur en berne, et rien.

A poil, nu comme un ver, mais la tête dans les étoiles : tout.

Ce que Dieu donne, fatalement, il le reprend.

Tôt ou tard, Il passera un coup de balai sur la piste.

Et le Cirque recommencera.




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Je dédie cette pathétique tentative de réconciliation avec moi-même à toutes les Juliette qui ont croisé ma route. Et plus particulièrement à la dernière : tu avais raison, il n'y a rien à faire! Si ce n'est tenter de se trouver. Et maintenant, je sais, et je n'ai plus peur (à nouveau...): merci pour tout !
Tant que j'y suis, je dédie aussi ce billet à Luciamel, que j'aime (apprécie?) beaucoup, sans la connaître de visu : prends ceci, ma soeur d'écriture, si tu me le permets; et fais-en ce que tu veux, mais sache que la vie est belle, malgré tout! Même si elle est triste, elle peut être belle -ça n'est pas incompatible...

2 commentaires:

  1. Très beau billet, Toff.
    A la libération, alors !

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  2. et comme... en commençant à te lire je me suis sentie concernée... j'allais commenter : "tu nous fais un petit coup de calcaire", en pensant en moi-même "ah, on dirait que Toff, il est sur le bon chemin...". Ah, oui... comme je l'aime la vie, et comme je suis aimée d'elle, pourtant, rien ne m'empêchera, par moments, de lui crier à la gueule, à elle et à ceux qui m'ont trahie, "vous êtes des nuls, des enfoirés, laissez-moi pleurer en paix !".

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merci de poster ici vos irrévérencieux commentaires. Tout ce qui est révérencieux ne sera pas accepté, ainsi que tout ce qui est contraire aux valeurs de ce blog en général (allez, on va dire : "Valeurs Humanistes"). Après, pour le reste, j'adoooore polémiquer... (NB : les commentaires anonymes ne sont pas acceptés, prenez au moins un pseudo quoi!)