jeudi 28 juillet 2011

l'Adieu au Coucou

Cher Coucou,

j'ai appris ce soir que vous nous avez quittés.

Quelques mois après votre bien-aimée. Quelques mois après que nous nous soyons rencontrés "virtuellement".

J'ai en fait décidé de démarrer le "blogging" (Blogage? C'est comment qu'on dit?) en vous lisant, en lisant votre "Coucou de Claviers". C'est vraiment à la lecture de votre blog (suivi, de près, par ceux de Mike et Lucia) que j'ai décidé de "me lancer".

Enragé, j'étais alors. Vous m'avez même donné un coup de main lors de la publication de mon premier billet : grâce à vous, j'ai ramené mes premiers commentateurs...et mon égo a pu s'endormir ce soir-là relativement satisfait.

Vous étiez comme ça : honnête, sincère, engagé aussi, humoristique toujours, dans un univers où souvent, le classement Wikio prime sur pas mal de choses...

C'est en effet votre blog, sur lequel je suis tombé par hasard, qui m'a vraiment fait rebondir sur le sens de mon engagement : engagement de "type à Gauche", de "Gars de Gauche", mais aussi d"'écrivain".

Votre rectitude, votre sagesse -ou du moins celle que je percevais comme telle-, votre impartialité, votre sens de la mesure, et votre style inimitable m'auront marqué durablement. C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai jamais pu me résoudre à vous tutoyer...

J'aurais aimé vous rencontrer "en vrai" : ça restera un de mes regrets, vous n'habitiez pas très loin de chez moi, et je me disais, confiant, qu'on avait le temps...on ne sait jamais tout, en fin de compte non? C'est ce qui fait que la vie est ce qu'elle est : belle, imprévisible et parfois cruelle.

Vous m'avez donné plusieurs leçons, mais je n'en retiendrai, parmi celles-ci, qu'une seule : l'honnêteté n'empêche pas le respect. La conviction n'empêche pas de rêver. La sagesse ne doit jamais se départir de la gentillesse.

Je salue ici le blogueur, l'intellectuel, le progressiste, l'écrivain... l'Humain.

Hommage à vous : où que vous soyez, je sais que vous êtes bien, désormais.

Vous me manquerez...égoïstement.
Vous manquerez à beaucoup... assurément.

jeudi 21 juillet 2011

Jeudi noir

Le jeudi a toujours été une journée pourrie, chez moi.

Aussi longtemps que je me souvienne, que je remonte dans le temps et les souvenirs… 

Ça semble avoir commencé dès la maternelle d’ailleurs : qui dit jeudi, dit journée de merde. Forcément, obligatoirement, ça doit être inscrit quelque part. Peut être dans mon ADN, allez savoir, ou alors sur l’ardoise de ma vie, celle qu’on appelle Destinée, qui est mise à jour en permanence par quelque dieu aveugle et rigolard, ou une quelconque pétasse Déesse/Muse/Parque Grecque se gaussant de mes pathétiques efforts pour essayer de surnager, chaque foutu put*in de jeudi que je vis, au milieu de ce chaos ambiant qui referme systématiquement ses mâchoires sur mes roustons, depuis des années ? Tel un grand requin blanc à la dèche depuis trois mois, le jeudi me court après, moi le naufragé de la semaine…

A chaque fois, je me crois intouchable, sur mon foutu trois-mâts (le bien nommé Mercredi) je navigue avec confiance, je bombe le torse, rien ne peut m’atteindre, je suis le Roi, le Capitaine, le seul Maître à bord de ma destinée. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas : vendredi, samedi, dimanche…je navigue par fort vent, de face ou de travers, hisse la voile matelot : on s’en tape, on avance, et à fond ! lundi, mardi, mercredi…des pirates ? des gredins ? Amenez les canons, hissez nos couleurs, cette bande de vauriens va voir de quel bois je me chauffe ! Rien ne semble pouvoir arrêter ma course, sauf qu’à chaque fois, le mercredi soir, j’aperçois ces nuages, à l’horizon…

Et là, je me dis :
-« oh shit, darling, je crois que demain, c’est jeudi… »

jsuis comme un'boul'de flipper..qui roul'
Et ça ne rate pas : le vent se renforce subitement, les nuages obscurcissent brusquement le soleil. En deux temps trois mouvements, la mer se démonte tel une étagère Ikea bas de gamme. Ensuite, c’est lame de fond, creux de quinze mètres, tsunami, grain blanc, typhon ou tornade (ou tout en même temps), au choix, et mon  gigantesque et naguère fier voilier se transforme en vulgaire coque de noix : les paquets d’eau de mer lessivent le pont, ça gîte à tribord, ça ne tangue plus ça fait juste des tonneaux comme une vulgaire 2CV qui aurait raté un virage dans le Tourmalet ; sur ce, la barre devient incontrôlable, en général c’est à ce moment-là que le grand mât choisit de se faire la malle dans un craquement sinistre, juste après c’est les moussaillons qui se jettent tous par-dessus bord en embarquant les derniers gilets de sauvetage, sans parler de tous les autres rats qui quittent le navire dans un bel ensemble, forcément les paquets d'eau de mer au bout d'un moment c'est gonflant, ça gîte aussi  à bâbord désormais, puis la barre décide à son tour de ne plus faire équipe avec moi et m'échappe totalement, au final je me retrouve seul, comme une andouille, à regarder les récifs se rapprocher à toute vitesse du bateau…ou l’inverse, sais plus.

Non, vraiment, mener sa barque le jeudi, c’est mission impossible.

Bref retour en arrière…

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-« aga, agaaah, aGUEUUUhhhhh ZE VEuu ALLER O SSINEMA!!»

-« Mais non Christophe, il faut que tu AR-TI-CU-LES. C’est pas parce que tu n’as que sept ans que tu dois faire le zouave, tu comprends ? Et tiens-toi droit ! Quand on est dans un lieu public, on se tient COR-REC-TE-MENT, compris ?  Ahhh, mais tu m’éneeerves, c’est pas possib’ ça…»

PIF ! fait la giflette, cinglante sur la ptite tête du minot remuant qui subitement se tient coi, reniflant l’énième injustice…

-«comme ça tu te tiendras peut-être tranquille, à la fin? »

L’institutrice tire le gamin avec une force quasi surnaturelle, comme si elle voulait lui allonger le bras, ou mieux le lui décoller du reste du corps, voire pourquoi pas l’accrocher au sommet du réverbère comme un vieux chiffon dégoûtant…

-« agaahhH, agh-OOUYIIUIINNNNNN ZE veEux alléEEE au ciiinéEééMMMAAAAAA !!!! »

pour certains c'est le stade, moi c'était le cinoche
le minot hurle, se débat brièvement, puis se relâche subitement, complètement ; il demeure ainsi, limite inerte, traîné sur plusieurs mètres, la tête désespérément tournée vers l’affiche lumineuse, accrochée en hauteur, qui semble le narguer… Devant l’entrée du cinéma qu’ils viennent de dépasser à toute allure, des queues sont déjà formées, jeunes et moins jeunes se pressent, impatients d’obtenir un ticket pour le dernier film de…

-« Mais voyons, tu sais très bien qu’aujourd’hui, nous sommes JEUDI, et le JEUDI, c’est ton rendez-vous chez le Docteur, tu le sais, n’est-ce pas ? »

Le ton se veut mielleux, conciliant à l’extrême, empreint de fausse joie non dissimulée : cette idiote sait par avance que je ne m’en laisserai pas compter, on ne me la fait pas à moi, je sais déjà discerner une fausse intonation d’une vraie intention. Et celle-là me fait les deux, en ce moment. Qu’importe ! Je VEUX aller voir le dernier…

-« Allez, allez, remue-toi un peu ! Sinon je te mets une fessée, tu as compris ? Ne m’obliges pas à en arriver à cette extrémité… »

Mais qu’est-ce qu’elle me fait mal, cette conne ! Non mais vous vous rendez compte ? C’est pas tellement mon bras –qu’elle semble avoir pris pour un élastique depuis ce matin- que la personnification de l’injustice la plus crasse qu’elle représente : pour quelle raison elle ne me laisse pas aller au cinéma, je vous le demande ? Pour un rendez-vous de pacotille –notez que, bien que ne connaissant pas ce mot à l’époque, c’est exactement celui que j’aurais employé si j’avais pu m’exprimer intelligiblement.
doctor communis vulgaris
  Mais qu’est ce qu’on s’en fiche, de ce docteur, on sait très bien qu’il va faire comme à chaque fois :  le même constat, c’est couru d’avance, je le vois d’ici avec son air pincé et son costume rayé qui fait sérieux, bien calé dans son bureau, avec ses bibliothèques en bois précieux remplies d’ouvrages ésotériques (planches d’anatomie, traités de médecine anciens, gros volumes encyclopédiques sur les médicaments..), bien protégés derrière leurs vitrages reflétant soigneusement la lumière, et lui qui trône au fond de son fauteuil en cuir hors de prix, c’est sûr, tout ça en jette ! A chaque fois c'est la même chose, ce gars se la pète grave, et l'autre là, qui fait rien qu'à le dévorer des yeux, qui se rapetisse, et qui lui donne du "môôôsieur le docteur" par-ci, du "professeur" par-là, en veux-tu en voilà, et tout ça me débecte, du haut de mes sept ans je sais que tout ça n'est que vaste hypocrisie, mais que puis-je y faire, car je réalise déjà, à cette époque, que tout ceci n'est qu'une vaste farce dont je ne suis qu'un des acteurs. 

comme un arracheur de dents
Je suis victime, malgré moi, de ce monde, de ce système qui joue la comédie : le "Docteur" va annoncer d'une voix grave et empreinte de sérénité professorale que je ne suis toujours pas guéri, que mes bronches, mes sinus sont toujours dans un état pitoyable, que je suis malade, faible, chétif, et, dieu merci, voué à une existence pas des plus réjouissantes : contrôles et explorations futures nécessaires. Cures, éloignements des grandes villes et de la pollution, régime adapté...

-"dis, quand c'est que je pourrai aller voir le dernier..-"
-"TAIS-TOI QUAND LE DOCTEUR PARLE, INSOLENT!" 

Le ton est cinglant, les yeux rageurs, la menace palpable dans la voix, je sais que je n'y échapperai pas, cet affront va se payer au centuple...

-"Excusez-le Docteur, il est tout obnubilé par ce dernier film, vous savez ce tas d'inepties..."
-"oh mais ça n'est pas grave, à son âge j'avais bien le besoin de rêver aussi, je comprends..."
-"oui, mais cet enfant est gâté pourri, d'abord les maquettes, ensuite les peluches du film, et maintenant la séance de cinéma! On ne s'en sortira pas! Dites-moi, combien je vous dois?"

A nouveau ce ton mielleux. La capacité qu'a cette femme créature à changer d'intonation selon les circonstances m'estomaquera toujours.

-"Oh, ça fera 100 francs, s'il vous plaît"
-"cent francs, voilà, bien..je vous fais un chèque, ça ne vous dérange pas, comme d'habitude?"
-"non, bien sur, pas de problème."
-"et nous sommes le? "
-"20. Jeudi 20 octobre."
-ahh. Jeudi. Bien sûr. Jeudi. Voilà."

-"Mère? C'est ça! J'ai retrouvé! Ca y est!! Le Retour du Jedi! C'est le film!"

-"TAIS-TOI!"




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Il fait un temps de chien ce matin... bloqué dans les bouchons -merci le gars qui a eu la bonne idée d'avoir un accident, comme une fois sur 5 par semaine dans le coin- je regarde le ciel... La musique à fond les ballons dans l'autoradio, je fais quelques vocalises sur un bon vieux morceau de ZZ Top.

"-ioouuuuuhouhouhou, caineteuhhhh stOp Ze bloouuuse! Ioouuuuuhouhouhou, no no no!"


et au bout du tunnel je vis une lumière...
 Pare-chocs contre pare-chocs, on avance à pas de fourmis jusqu'à la passerelle; au-delà c'est le chaos, le vide total, le noir intersidéral seulement peuplé d'une multitude d'étoiles rouges, isolées, comme autant de feux arrière dans les fumées et l'humidité de la ville sous l'orage. J'en ai mal aux mollets à force d'embrayer, de débrayer, de ronger mon frein sous la pédale d'accélérateur...

Brusquement la voiture gîte à droite, mince qu'est-ce qui se pass*  *pschhhhhhhhh*

Je me gare sur le bas côté, au milieu des coups de klaxon et des regards rageurs de tous ces inconnus qui, par milliers se rendent avec empressement vers un lieu qu'ils détestent plus que tout...ce boulot qu'ils ont tellement de chance de posséder...Au dehors, le tonnerre tonne, la pluie boueuse salit tout, les éclairs illuminent les tours grisâtres de la ville... grisâtres et tristes, comme les cœurs de ces milliers de galériens modernes qui rament vers on ne sait quelle funeste destination.

Je remonte le col de mon caban avant de me précipiter dehors : je ne peux éviter les bourrasques, encore moins les projections de pluie que mes compagnons de purgatoire anonymes balancent à toute volée en passant à côté de moi, j'en suis sûr avec beaucoup de regret toutefois..

Ce put**n de pneu avant droit est plus qu'à plat : on dirait mon compte en banque le vingt du mois.

Un clou de charpentier -mais bordel, qu'est-ce qu'un clou de charpentier de dix centimètres de long fout là, au beau milieu du périph, à 7 plombes du mat'??- est nonchalamment planté dans ce qui reste de ma roue : au premier regard, je constate que c'est tout le pneu qu'il faudra changer, j'ai roulé sur le merdier un peu trop longtemps, et de vilaines griffures traversent le caoutchouc ; elles dessinent comme des zébrures dans l'acier de la jante..."c'est beau, regarde comme ça brille au milieu de tout ça!" me surprend-je à penser fugitivement. Manquerait plus que je déraille : mais qu'est-ce qui m'arrive? Bon dieu, reprends-toi pauvre couillon! Tu vas arriver en retard, et t'es au beau milieu de nulle part!

ben quoi, rhino, éléphants, c'est à peu près pareil non?
Voyons voir..où est-ce que j'ai foutu cette merde de démonte-pneu? Je rabats le coffre, ce qui m'offre une protection bienvenue, quoique très relative, contre les éléments déchaînés -au premier chef desquels les automobilistes qui continuent de déboîter avec la grâce d'un rhinocéros en train de sodomiser la fée clochette (si, si, c'est possible, il faut juste que vous visualisiez).

Tout en essuyant péniblement les rigoles de flotte boueuse qui se fraient un passage de ma nuque jusqu'au milieu de mon dos, via le col de ma chemise, vers une destination plus qu'inavouable en ces colonnes (selon la toute bête loi dite "de la gravité") je sors la "boîte de secours" de son logement dans le coffre : bien pensé le coup du logement de secours me dis-je avec une pointe de satisfaction. Pour une fois que ces cons d'ingénieurs de chez Renault conçoivent quelque chose de pratique!

Pratique bien sûr, sauf quand ledit compartiment est recouvert par un monceau de cartes routières, de vieux pulls et autres saloperies accumulés au gré de mes errances : conjugué à ma fébrilité et à l'action du mistral (qui, les bons jours, souffle au minimum à 290 km/h sur "notre Belleuh Cité Phocéhènneuh" donc aujourd'hui jour de tempête jvous raconte même pas), l'ouverture soudaine du coffre fait aspiration...le merdier s'envole dans tous les sens.

Je prends une carte de la Corse au 1:500 000e en pleine poire, tandis que le seau de plastique renfermant diverses délicatesses d'un autre âge (bouteille de lave-vitres à moitié pleine, sacs plastiques "verts" estampillés Carrefour-je-positive-pour-la-planète-que-je-contribue-à-empoisonner-gaiement-comme-le-bobo-que-je-suis, canettes de Red Bull vides, paquet de capotes plein, chiffon graisseux, bouchon d'huile de vidange, etc etc), le foutu seau plastique plein à ras-bord disai-je, ô miracle des miracles, ô merveille de la loi de Gravité inversée (la Loi de Moore quoi), s'envole avec grâce et volupté sur quelques centimètres pour retomber, que dis-je atterrir amerrir sur mon pied gauche, tel un gros pavé dans la mare, avec un drôle de bruit assez mat -genre "poc!". Non, "poc-craaac! "en fait.

j'aurais préféré..Dieu ne m'a pas accordé cette joie
Sous le coup de la surprise et de la douleur mêlés (le "craaac" symbolisant très sommairement la rupture des relations tendineuses entre ma cheville et ma malléole externe), je lache promptement la "malette de secours" qui aussitôt en profite pour se faire embarquer par le 728ème carosse me doublant dans un coup de klaxon furieux, mais elle n'ira pas loin, la perverse, remarquez comme la nature est bien faite : elle se fait littéralement ex-plo-ser par ledit véhicule, en une myriade de morceaux (clé anglaise par-ci, bombe anti-crevaison par là, clé ôte-écrous de sécurité par là-bas, manuel d'instructions détaillées ailleurs...) vite engloutis par les flaques de boue, les pneus des automobilistes adverses continuant leur travail de rhinocéros sodomites, écrasant menu, labourant ma petite boîte-fée-clochette (snif), douchant férocement tous mes espoirs de réparer ce foutu pneumatique...

Ô Maître, j'adhère totalement(ceux qui comprennent pas tant pis)
Ah, j'oubliais aussi : me suis pété également le coccyx en retombant comme une loque sur le cul, dans un beau triple salto arrière combiné à un double flip inversé sur rotation de l'axe médian. En gros me suis mangé la tronche sévère sur le bitume. Faut dire qu'en me retournant, un pathétique réflexe issu des couches archaïques de mon cortex préfrontal m'a fait essayer de rattraper cte maudite mallette. Et en reculant j'ai glissé sur l'exemplaire de "L'évènement du Jeudi" qui venait de s'étaler nonchalamment par là, telle une mouette crevée, dans un gracieux vol plané de l'intérieur de mon seau à conneries jusque sous mes pieds. La Loi de Moore, jvous dis.

Faut dire que j'ai toujours aimé les vieilles revues, peux pas m'en empêcher, peux pas les jeter. Du coup je les conserve, pour les lire aux chiottes, ou au camping, entre deux barbecues. Vous savez, en maillot une pièce, coffre ouvert, entre la triplette et le pastis, à l'ombre des pins et au chant des cigâââleuhs? Vous voyez le tableau?

Summer of.... Loooooove

Je suis un vrai sentimental.

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On est jeudi ce soir... exactement le 1885ème foutu jeudi de mon existence (faites pas ch.., j'ai fait le calcul.)

Tout ça pour dire qu'avec un peu de malchance, si je reste dans la moyenne Française, étant à peu près à la moitié de cette misérable existence, il m'en reste à peu près autant à vivre jusqu'à la Fin Libératrice...

1885 jours de galère.

1885 bonnes raisons de voir la vie en noir.

1885 réveils du mauvais pied, 1885 engueulades avec la conne de vieille au supermarché qui te passe devant en faisant semblant de ne pas t'avoir vu; 1885 médius levés bien haut à l'imbécile qui te fait une queue de poisson sur l'autoroute. 1885 fois que ta petite amie (quand tu en as une) t'envoie balader parce que tu la saoules, chéri pas le jeudi j'ai mon cycle. 1885 journées sous la pluie avec un pneu à changer, et 1885 jours de découvert à la banque, donc 1885 fois des agios.

1885 fois le gros orteil que tu te cognes dans le chambranle de la porte, alors que tu te réveilles à peine -et que tu es en retard, bien sûr, pour cause de 1885ème panne d'oreiller...et 1885 fois où tu pisseras sur ledit orteil, passque t'es mal réveillé, et que tu ne penses qu'à une chose : rien.

1885 remarques désobligeantes au boulot, 1885 fois à regarder par la fenêtre, et à se dire : "mais qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça aujourd'hui?"

1885 fois des hémorroïdes.

1885 fois à la selle















1885 journées de merde.



vendredi 15 juillet 2011

Alternative 2 - Nouveau Monde



Lillie dévalait l'allée en courant sur ses petites quilles plus que maigrelettes, hurlant à pleins poumons...

-"Il est lààààà!!! Il est iciiii!!!!! Veeeeneeez, venez tooous, vite, viiite vitee!!"

Plus qu'essoufflée, hors d'elle, la gamine de sept ans (et demiii!) évita de justesse Hérisson qui se traînait au milieu des décombres de la Décharge, tentant comme à sont habitude de récupérer quelque débris de l'Ancien Monde, histoire de "remettre en état", comme il disait, cet Artefact récupéré la veille....

-"Hola petite! arrête-toi, tu vas encore glisser et te faire mal, et on n'a presque plus de chatterton, la dernière fois c'était encore pour toi, tu t'en souviens? Calme-toi, y a pas le feu!"

-"Laisse-moi passer, mais tu me gênes! Je te dis qu'il est revenu, il est icii!" fit-elle à nouveau, de sa voix plus qu'haut perchée, véritable stridence qui couvrait même le bruit des grillons du champ voisin.

-"Ahh, tu n'écoutes rien, tu m'énerves..."
La petite excitée disparut au pied de la colline artificielle, dans un nuage de poussière et de graviers.

Hérisson s'était écarté à temps, laissant choir dans sa besace ce petit assemblage de métal qu'il venait de trouver, juste à temps pour éviter que Lillie ne le heurte et le fasse tomber, lui et sa prise. Cette petite sotte aux genoux perpétuellement écorchés ne faisait vraiment attention à rien!

La Décharge était jonchée de débris en tous genres, datant d'avant la Chute, plus personne ne savait depuis quand, au juste. Et, au fond à part lui, qui s'en souciait?


Un reflet métallique attira son attention, au milieu d'un monceau de carcasses rouillées-il s'en saisit et le regarda plus attentivement : on aurait dit une espèce container en métal, d'aspect sombre, long d'une vingtaine de centimètres. A sa surface, des caractères dans l'Alphabet Ancien, des symboles triangulaires de couleur jaune et noire, passées et délavées par le temps...assurément du Pré-Chute, indéchiffrable comme d'habitude, à son grand regret. Peut-être qu'avec un peu de chance Scientiste pourrait le rencarder?

D'expérience, il tapota sur l'objet : celui-ci sonnait creux, mais en le secouant on sentait un poids mort, que pouvait-il bien contenir, quel était son usage? Un seul moyen de le savoir : l'ouvrir. Et pour ça, il avait besoin non seulement de l'avis éclairé de Scientiste, mais ensuite de ses Outils, à l'Atelier. Le métal était trop épais pour ses simples pinces.

Deux bonnes raisons donc, de rebrousser chemin pour ce matin... Il rajusta son chapeau hérissé d'antennes de toutes sortes, de tiges de métal de récupération, de vieux cadrans aux aiguilles immobiles, et de rétroviseurs rouillés (mais fonctionnels! il se sentait à chaque fois obligé de le préciser, face aux moqueries incessantes du Clan) puis se saisit de sa besace tombée à terre et se mit en route vers le sommet de la butte.

Là-bas, au Village, Lillie-la-trombe arrivait au terme de sa course folle,dans un nuage de poussière et de cris.

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-"Mmmhhh..."

Scientiste rajusta les lorgnons, au nombre de sept, sur la protubérance osseuse qui lui servait de nez. Un ingénieux système permettait au Vieux Sage à la vue plus que déclinante de travailler sous tout type d'éclairage, de près comme de loin. Hérisson était fier de son invention, avec ces verres trouvés dans un container de la Décharge, et ce fil de fer récupéré sur une vieille bobine, il avait réussi à soutenir la Vue du Vieux Sage, et par là même, sans doute leur sauver la mise à tous.

genre...
Scientiste sélectionna la tirette numéro quatre -vision de près- sur sa monture de bric et de broc, et, dans un cliquetis seulement troublé par la respiration hachée de Hérisson -qui, décidément, à l'inverse de cette petite peste de Lillie, ne se ferait jamais aux pentes, côtes et montées du village-, rapprocha le cylindre de métal de ses sourcils fatigués. Ses yeux fixèrent les symboles anciens imprimés sur le petit cylindre : petit à petit, son regard s'éclaira, au fur et à mesure que des bribes de Savoir Oublié lui revenaient en mémoire.

-"mmooouuuiiiii, c'est ça, voyons voir... C'est bien ce que je pensais? mouuuuais..."

Il reposa l'objet sur un coin de sa table de travail, et, dans un silence religieux -Hérisson retenant son souffle, Catcheur et les autres accoudés au chambranle, sans un mot... même Lillie, qui entre à ce moment-là, recouverte de poussière et la bouche grande ouverte prête à déclamer sa "nouvelle", sur la pointe des pieds s'immobilise, fusillée par le regard de Hérisson ...

Scientiste retient les pans de sa vieille robe de chambre, rehausse ses lorgnons et se dirige d'un pas traînant vers la "bibliothèque" -un assemblage fait de planches et de cloisons assemblées de bric et de broc, à la va-vite, et contenant l'ensemble du Savoir Perdu d'avant la Chute, du moins de ce côté-ci de la Décharge.

version luxe avant décadence
Des "livres", voilà ce qu'elle contient cette "bibliothèque", des "livres" enfermés chacun dans un coffret cadenassé; les étagères en contiennent des dizaines, et seul Scientiste en possède les clés, toutes accrochées à l'anneau qu'il porte en permanence à son cou.
Tel un vieux rat remontant à l'air libre, Scientiste se dé-voûte un peu plus à chaque enjambée, au fur et à mesure qu'il avance vers son Royaume, sa "bibliothèque". Il s'étire, tend le bras et attrape un petit coffret de métal rouge, haut perché, en équilibre instable au sommet des rayons. Hérisson se fait alors la réflexion, et c'est bien le seul dans l'assistance (a-t-on déjà vu Catcheur ou sa bande de dégénérés réfléchir? ou bien même cette petite écervelée de Lillie-la-trombe?) qu'il n'a encore jamais remarqué ce coffret rouge. Étrange, qu'il ne s'en souvienne même pas, il traînait plus que tout autre dans ce lieu, échangeant, ou tentant de le faire, des bribes de savoir lors de longues conversations avec Scientiste. Le Vieux Sage n'avait plus toute sa tête, tout le monde en convenait au Village, mais son Savoir restait intact, combien de fois il avait permis au Clan des Fouisseurs, dont Hérisson était le chef de file, d'expliquer le sens, l'usage, l'utilité -ou la dangerosité parfois- d'un artefact de l'Ancien Monde?

et merde, la pub a survécu
En cette société de Récupération, où la survie même était basée sur l’exploitation de ce que les Anciens avaient bien daigné leur laisser, il y avait longtemps que le ressentiment avait laissé place au fatalisme; longtemps que les petits-petits-petits-petits-enfants des survivants de la Chute essayaient de survivre par leurs propres moyens sans penser au lendemain, aux menaces diverses et variées qui pesaient sur leurs têtes continuellement. Et surtout, surtout ne pas en vouloir à leurs ancêtres pour l'Héritage. Car tous ceux qui se laissaient happer par la rancœur finissaient tôt ou tard par rejoindre les rangs des Errants et pour eux, il n'y avait plus de place. Plus de place dans ces micro sociétés qui tentaient, coûte que coûte, de survivre sur les restes de la Civilisation passée. De préserver une Humanité chancelante mais bien réelle, au milieu des mutants, des cannibales et des dégénérés qui constituaient essentiel de la Horde des Errants.

no future=no dentifrice
*baooumm* le boucan des bouquins du vieux bouc tombant sur le sol de terre battue l'extirpèrent des ces cauchemardesques réflexions sur la Horde.

-Ahh, je savais bien qu'il était par là, voyons voir..mais ou ai-je bien pu déjà voir ce symbole?

ben tiens
Le vieux ne savait plus trop ce qu'il faisait depuis des années, mais question livres, il était calé. A part les diverses boîtes qui jonchaient pêle-mêle le sol, et des morceaux de bibliothèque à moitié effondrée un peu partout dans la pièce, tout semblait aller pour le mieux : le vieux brandissait la petite boîte rouge de ses mains déformées par les rhumatismes. Une toute petite boite de forme oblongue, gravée d'un unique symbole : un point central avec trois branches, noir sur fond jaune, inscrit dans un triangle...un symbole de l'Ancien Temps.

-"Ahh, ça y est, je l'ai trouvée! Mais...où ai-je donc mis la clé? Celle-ci est spéciale, je l'avais mise à part, par sécurité.."

Huit soupirs de Hérisson plus tard, la boîte était posée sur le bureau de Scientiste et ce dernier, triomphant, brandissait la clé qu'il avait débusquée de l'anneau passé à son cou...

*clic
Massés autour de la table, la dizaine d'ados qui composaient l'essentiel des chefs du Village écarquillèrent les yeux quand ils découvrirent le contenu de la fameuse boîte, contenu triomphalement brandi par un Scientiste tout sourire, derrière ses lorgnons qui le faisaient ressembler à un vieux vautour du désert : un tube-artefact à l'identique de celui ramené par Hérisson, ce matin même!

-"Je savais bien qu'il était par ici, ne vous l'avais-je pas dit? "
notre belle famille,version 2350 après. J.C.(van Damme)(nul!)
Scientiste exultait : le vieux bouc croyait que leur étonnement à tous était dû à sa prodigieuse mémoire, mais ils s'en fichaient comme du dernier vent de sable sur le Village! Ce qui les maintenait tous en ébahissement, c'était cette lueur qui émanait des deux objets : les deux tubes, similaires en tous points, brillaient d'une lueur diffuse mais de plus en plus perceptible! Une lueur verte, avec de petits motifs rouges qui clignotaient, apparaissant puis disparaissant comme par magie sur le sommet des tubes. Assurément, le simple fait d'avoir réuni les deux artefacts avait activé le "processus" par quelque mécanisme interne...il s'agissait bien de deux reliques des Anciens Temps, mais de deux reliques fonctionnelles! Hérisson, ainsi que tous les autres présents dans la pièce, ne pouvaient qu'en rester muets d'admiration. L'envie brillait dans leurs yeux : il leur fallait découvrir ce que renfermaient ces tubes!

C'est alors que les lueurs, au sommet des deux artefacts, se mirent à converger au dessus de leurs têtes. Sur le plafond de la vieille roulotte-atelier, plongé dans l'obscurité, apparut pour la première fois depuis plusieurs décennies une manifestation de la Science des Anciens Peuples. Une projection sur le mur!

genre...
C'était une carte qui s'affichait sous leurs yeux éberlués. Tout le village s'était alors rapidement réuni : un tel évènement avait fait le tour des cahutes et des roulottes, la rumeur s'était frayée un chemin au milieu des détritus, des tas de récupération, des bricoleurs et des gamins, des allées poussiéreuses et des tours de guet de la Palissade principale, en gros parmi tous les occupants du camp aussi vite que les jambes de Lillie avaient pu la porter...et le regard le plus noir de Hérisson n'avait rien pu y changer, dès que les deux cylindres avaient commencé à projeter leur message il s'était retourné pour essayer de l'attraper, en vain : elle cavalait comme un beau diable dans l'allée centrale, hurlant à plein poumons. Petite peste!

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La carte indiquait une position, nul doute là-dessus. Mais le problème, pour la communauté, n'était pas de la déchiffrer (Scientiste, à l'aide d'un de ses bouquins fort opportunément sorti de la bibliothèque, y réussit sans trop de difficultés), mais bien de se mettre d'accord sur la conduite à adopter pour la suite des évènements.

Car la carte indiquait bien un lieu : malgré les approximations, plusieurs symboles étaient clairement identifiables dessus : les images l'indiquaient clairement, les pictogrammes faisaient le reste...

"surplombant la Grande Cité
là où le soleil se couche,
après le grand pont Rouge,
entre les deux sommets, 
souvent dans le brouillard
il y a ce tunnel, refuge en cas de hasard.."

ben ouais..c'est pas Fukushima mais c'est tout comme
La Grande Cité...ses ruines étaient bien connues des survivants : ce qui restait du grand Pont Rouge ("les Deux Piliers") était visible à des centaines de lieues à la ronde... N'importe quel survivant savait aussi qu'il était suicidaire d'essayer d'aller glaner quelque chose par là-bas, dans les ruines... Certes, il y avait du métal, beaucoup de métal même, et des artefacts, des trésors à la pelle. Mais tout ceci n'était qu'illusion : toutes ces merveilles étaient habitées par le mal invisible.
Ce mal-là ne se voyait pas : il se sentait quand il était trop tard. Un goût métallique dans la bouche, puis des pustules, et finalement les cheveux qui tombaient. Il n'y avait pas de remède à la souffrance, l'expérience leur avait appris que dès que le goût de métal était dans la bouche, dès que la peau picotait il était déjà trop tard.

Le mal semblait lié aux lieux, aux cités d'autrefois. Comme un héritage laissé par la Civilisation-d'Avant-la-Chute, il empoisonnait encore les airs, le sol, les objets. Rendant toutes ces merveilles d'autrefois inutilisables, inexploitables et mortellement dangereuses.

Combien y avaient laissé la vie, dans ces ruines? Scientiste aurait pu en témoigner : il en avait vu partir des expéditions pour la Grande Ville aux Piliers Rouges...la dernière avait vu le père de Hérisson partir, contre l'avis de tous, et ne jamais revenir.

Sur ce coup-ci, Scientiste venait de comprendre que jamais il ne pourrait retenir Hérisson plus longtemps, justement.
L'après-midi même, une Expédition était mise sur pied.

Le gamin aux antennes en était le chef.
comité d'adieu


en attendant la suite....

samedi 9 juillet 2011

Esprits libres en voyage

Nous sommes absents : dans le passé nous nous reconnaissons, dans le futur nous nous projetons.

Paris by night...
Comme des phalènes attirés par cette lumière qui à chaque fois s'éloigne, nous courrons. Nous voletons, de ci-de là, dans le métro, au boulot, au "repos".

Même en dormant, nous pensons : nous rêvons, refaisons mille fois le chemin, le fil décousu de notre existence se dévide devant les yeux embués de nos semblables.

Nous sommes comme ces papillons en devenir, dans nos cocons accrochés aux roseaux du marais, nous luttons contre le courant, surtout ne pas lâcher, ne pas céder, ne rien faire d'autre que se concentrer sur la prochaine échéance...prisonniers du mental.

Nous ne sommes pas souvent là : le présent est notre seule réalité, mais qui le vit vraiment tel qu'il est, chaque seconde qui passe, sans se projeter dans la suivante, où se référer à la précédente?

Reconnaître chez n'importe quel(le) autre cette qualité : tu es comme moi, frère ou sœur, homme comme femme, enfant comme vieillard, amants comme solitaires, soldat comme moine, mendiant comme milliardaire... ton sang est identique au mien, l'air que tu respires, les larmes qui perlent à tes yeux, le soleil qui te réchauffe, la nourriture que tu ingères : tout est déjà passé à travers moi, comme à travers toi.

Si un vieillard barbu tout-puissant nous regardait du haut de son nuage, que verrait-il? Pleurerait-il, ou s'esclafferait-il?Y réfléchirait-il à deux fois, avant de repartir pour un tour?

Et si la Khali indienne, la Mort aux multiples bras, se plantait devant vous, en une invite maternelle, que feriez-vous? Vous enfuiriez-vous en hurlant, ou iriez-vous en souriant, sans peur, sans haine, avec conscience que l'heure est arrivée, et qu'il faut la vivre pleinement?

Nous partageons tout, nous l'avons toujours fait et le referons encore et encore : même la terre à laquelle nous retournerons tous, un jour, nous mélangera, en son sein nous nous retrouverons. Amis comme ennemis, héros et traîtres, nous venons tous du même endroit et y retournerons quoi que nous fassions.


Inutile de lutter, car au fond il n'y a que joie.

Si nous regardons bien, nous l'avons toujours su : il suffit d'ouvrir les yeux, d'abandonner la peur, d'évacuer le doute, de nier la négation, et la Vérité est là, toute nue.

Nous sommes faits pour aimer : nous aimer nous-mêmes, tout d'abord, car nous sommes Un et Un est le Tout. Aimer les autres, ensuite. Tous les autres, inconditionnellement. Pour le simple fait d'aimer, de reconnaître en l'Autre une parcelle de Soi.

Si nous réalisons cette promesse, nous ne serons plus jamais seuls ; nous ne souffrirons plus. Nous vivrons, vraiment.

Libres, éternel et vivants : c'est l'héritage du présent.

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--Bises et amitiés sincères à Lucia et à Julien, deux personnes de cet univers 'bloguesque' auquel j'aime imaginer, croire que j'appartiens, parfois, quand il me prend l'envie de coucher mes états d'âme ailleurs que sur du papier... deux personnes que j'ai eu la joie de pouvoir rencontrer en vrai, cette semaine, deux esprits dans cette ville des Lumières souvent peuplée d'ombres, d'anonymes, de fureur, de bruit et de beauté. Ce furent des moments sympa, la rencontre "en vrai" nous recentre sur ce que nous sommes, et ce que nous projetons vraiment. Sur nos rêves, nos coups de gueule et nos certitudes : nos envies, nos espoirs, mais aussi ceux des autres. De tous les autres, de ceux qui souffrent comme de ceux qui jouissent. Et il y en a tellement.... Tout ce qui fait que j'ai encore foi en l'Homme, que j'ai "envie d'aider", que je choisis ce chemin de vie, définitivement, malgré le fait que les nuages s'amoncellent, que "Winter is coming", ça j'en suis sûr -et je ne suis hélas pas le seul à le penser.


Après ce constat partagé, peu reluisant que "tout empire" (constat au demeurant fait autour d'une super bonne bouteille de merlot, ce qui aide à la réflexion ^^) , que faire, à notre humble niveau? Renoncer, continuer, avancer avec les maigres outils dont nous disposons? Savoir où est notre place, savoir se situer est déjà un grand pas : à Gauche, oui, mais quelle Gauche? Et qu'avons nous envie de faire? Que sommes-nous prêts à faire? Devons-nous nous recentrer sur nous-mêmes, là où il y a déjà beaucoup à faire, ou au contraire aller plus loin, porter le combat sur d'autres territoires? Faire aveuglément confiance aux médias "alternatifs", au web (qui d'ailleurs nous a permis de nous rencontrer), ou plutôt demeurer méfiants, vigilants, "critiques"  car nous vivons une ère ou beaucoup de choses sont "manipulation" ? Que de questions, et autant de réponses, et ainsi tournent les choses...

Paris by day
C'est déjà pas mal de le reconnaître : malgré nos différences, malgré toutes ces menaces, malgré nos doutes et nos peurs, la rencontre est toujours enrichissante..et rassurante! Je ne souhaite qu'une chose : qu'il y en ait plein d'autres!

samedi 2 juillet 2011

haïku pour elle..

elle m'a pris de court
avec ses yeux-étincelles
sa joie qui à travers elle
irradie promesses d'amour

yeux verts sur fond doré
ses cheveux comme les blés
son éclat sur ma tristesse
cou gracile comme son altesse

il est des choses qui vous surprennent, la nuit
le jour, le matin qui sans trêve vous attend
quand tout le monde rêve, las et endormi
au pied de ces montagnes j'ai hurlé ces instants

par une nuit sans lune, sans faire d'histoires
je vagabondais, sûr de moi, désireux
du passé qui n'est plus, sans trop y croire
je cherchais, plus d'une fois, le merveilleux

en regardant leurs yeux, j'ai vu la peine
la solitude, la détresse, la peur, ma reine
le désir d'être aimé, la douleur se faire pérenne,
mon bonheur envolé, leurs regards pleins de haine

en regardant leurs yeux, j'y ai vu l'espoir
qu'un jour nouveau se lève, qu'il y ait un nouveau départ,
qu'à chaque jour suffise sa peine, qu'a chaque instant il se fasse
de moins en moins noir, de moins en moins sombre, de moins en moins tard

en regardant ces yeux, j'y ai vu multitude
désir, compassion, rudesse, solitude
espoir, maladie, folie, incertitude
tout ceci résumé, épilogue sans prélude

elle est là-bas, je suis ici
il n'y a rien, entre nous, que ce vide
et nous sommes aujourd'hui
ces pantins d'énergie, cicatrices remplies d'acide

lumière sur le feuillage
vent dans mes yeux
couleur sur le plumage
de cet oiseau malicieux


instant : mémorable
aubergiste affable
bouffon malicieux
êtres éperdus, heureux

yeux verts pleins de malice
sourire dans la matrice
caresses sur l'instant
bonheur de l'éternel


présent