jeudi 21 octobre 2010

Victoire 2012 - Acte I, scène 2 : l'escalade



Décembre 2015.

La France Lepéniste (puisqu'il faut bien désormais l'appeler ainsi) s'enfonce dans la récession.

Les Français de souche (puisqu'il faut désormais les appeler ainsi) ont cependant la foi chevillée au corps, et la majorité soutient le gouvernement d'extrême-droite aveuglément, avec une confiance renforcée par la peur de la Crise et sa cohorte de souffrances.

La France est en passe de sortir de l'Europe.

La Présidente Marine Le Pen se bat désormais sur deux fronts, l'un alimentant l'autre  : l'Intérieur, où les défis ne manquent pas, et l'Extérieur, où les menaces se font chaque jour plus précises et doivent être combattues avec une pugnacité de tous les instants.

 La scène intérieure, d'abord.

Les premières années de mandature ont ainsi été mises à profit pour prendre les rênes du Parti Frontiste nouvelle formule (le "Renouveau Français"), en éliminer les principaux opposants anti-marinistes ou en phagocyter les plus importants membres.

Il fut aussi mis en place un système de contrôle, de domination et de propagande
des masses par les médias, tous inféodés à la Présidence de façon plus ou moins directe. 
Les moyens d'action de la Police ont été décuplés : des unités spécialisées ont vu le jour. Polices politique, de maintien de l'ordre, de contrôle de la sphère internet, de renseignement et de fichage, etc.., toutes directement rattachées au Ministère de la Sécurité Intérieure et ne rendant compte qu'aux plus proches conseillers de l'Élysée.

Depuis le tragique attentat à la bombe de l'Assemblée Nationale -et la quasi destruction de celle-ci par l'incendie qui a suivi, et la mort de 46 députés de la Nouvelle République-, les Lois d'Exception Sécuritaire ont vu le transfert de la complète Autorité de l'État au Cabinet de la Présidence. 
Suite au Référendum de Consultation Populaire, les Pleins pouvoirs ont  été attribués à la Présidente (89% d'avis favorables, un score "Castriste" s'il en fut) qui en a immédiatement profité pour dissoudre le reste de l'Assemblée Nationale, le Sénat et le Conseil Constitutionnel et faire emprisonner la majorité des Députés d'Opposition survivants sous les accusations de  "complot aggravé contre les structures de l'État" et "terrorisme anti-républicain" -des preuves furent trouvées, le tragique attentat avait été organisé par les députés et sénateurs scélérats pour tenter de renverser le gouvernement légitimement élu...

Deuxième Modification de la Nouvelle Constitution, la loi dite de "mandature de crise" supprima le quinquennat au motif de la Sauvegarde Nationale. 
En effet, de nombreuses émeutes éclataient continuellement dans le pays. 
"Terrorisme" pour les uns, "opposition sécessionniste" pour les autres, les grandes cités populaires, à l'image des 4000 de la Courneuve, Mantes-la-Jolie, Heim dans le nord, mais aussi l'Ariane de Nice, le Mirail à Toulouse ou les Quartiers Nord de Marseille, tous les principaux "points chauds" , bastions de la jeunesse, de la pauvreté et de la mixité (mais aussi de la criminalité organisée) entrèrent en résistance. 
Continuellement montrées du doigt par des médias aux ordres, les cités se déclarèrent pour la plupart  "zones autonomes" : s'y réfugiaient les principaux opposants qui réussissaient à échapper aux griffes de la Poséi, la nouvelle police politique. Encerclées par l'armée et la police, coupées du reste du pays, ces "zones de non-droit" étaient le bouc émissaire préféré du pouvoir, ainsi que la cible de fréquentes opérations de l'armée régulière mais aussi de la Légion étrangère et des commandos de marine dans des incursions de plus en plus violentes et ciblées, au but officiel de "rétablissement de l'Ordre républicain". Plusieurs observateurs étrangers comparèrent même ces cités devenues bastions de résistance  à des "Gaza en miniature, partout sur le territoire"...

Désormais seul maître à bord, le parti d'extrême-droite lâcha ses cerbères sur le pays. 
Les principales formations politiques furent déclarées illégales et dissoutes, leurs cadres interpellés par la Poséi (Police de Sécurité Intérieure) et leurs adhérents regroupés dans des camps de "surveillance".

La Loi "Loppsi III" rapidement votée conduisit aux mêmes résultats sur la blogosphère et l'internet Français; les Fournisseurs d'Accès Internet furent nationalisés, le Filtrage par DPI mis en place sur tous les nœuds de connexion. Un système basé sur le fameux modèle US "Echelon" fut créé, il avait pour fonction de repérer les "dissidents et terroristes informatiques" -blogueurs, hackers, white hats et autres "cyber-résistants" réfractaires. Chaque box internet était désormais équipée de série d'un "logiciel de sécurisation" destiné à authentifier la ligne internet des abonnés...

Parallèlement, de nouvelles structures virent le jour dans la société civile: les "Groupes de la Jeunesse Française" sont créés. Voués à "sortir la jeunesse de la décadence numérique", ils proposent des activités "saines et de plein air"  destinées à "favoriser l'épanouissement du Jeune Français, former et éduquer des Citoyens dévoués à leur Pays et à sa cause."  L'adhésion, de facultative, devient obligatoire dans les faits, sous peine d'exclusion sociale : les allocations sont progressivement supprimées pour les non-adhérents, le droit de vote conditionné, l'accès aux soins, au logement, à l'école publique petit à petit impossibles...

 La scène extérieure, ensuite.

Bien sûr, l'élection de 2012 fut un coup de tonnerre sans précédent dans le ciel international. Quelques pays refusèrent même de reconnaître le nouveau gouvernement comme légitime; la grande majorité se déclara "attentive à toute évolution", plaçant de fait le pays sous tutelle invisible. L'Union Européenne fut instantanément divisée entre les "pro-souverains" -qui argumentaient que le gouvernement étant démocratiquement élu, il fallait le respecter- et les "anti-extrémistes", eux-mêmes aidés par les fracassantes et continuelles déclarations anti-européennes de la nouvelle Présidente Marine Le Pen. Celle-ci ne manquait jamais de confirmer son anti-européanisme viscéral, et son désir de sortir le pays de la "tutelle scélérate de l'Europe des lobbys étrangers, des banquiers et de l'argent-roi".

La nouvelle Présidente mît cependant tout le monde d'accord le jour où, recevant une nouvelle mise en garde du Conseil de Sécurité de l'Onu et du Conseil Européen -suite à ses déclarations belliqueuses vis à vis des "pays terroristes maghrébins qui lancent leurs vagues d'immigrés à l'assaut de nos frontières" et "viennent empoisonner la vie de nos concitoyens". Les dirigeants des Etats-membres ayant voté une Résolution menaçant le pays de blocus et rétorsions économiques, eurent la désagréable surprise d'apprendre que les principales bases militaires Françaises avaient été mises en alerte "Code deux", leurs ambassadeurs immédiatement expulsés et les Sous-marins Nucléaires lanceurs d'engins de la force de frappe atomique Française placés en "position opérationnelle avancée" .....

Les gouvernements firent marche arrière : la France "restait un pays souverain".

Simultanément, lors de sa traditionnelle "allocution Patriotique" du 14 juillet, Madame la Présidente annonça officiellement -et en grande pompe- le rétablissement du Franc Français sur tout le territoire, puis la sortie de l'Europe dans les 6 prochains mois.
L'opinion, meurtrie par la crise et les émeutes, soigneusement travaillée au corps par de longs mois de propagande intensive, et de plus en plus isolée du reste des médias étrangers, approuva massivement cette option destinée à "dégager le pays du diktat des lobbys politico-financiers de Bruxelles" et à "rendre sa grandeur et son Indépendance Nationales à la France".


Une France qui se coupait peu à peu du monde...et qui y prenait goût.


pas de quoi s'inquiéter : j'ai toujours un toit au-dessus de ma tête
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 Madame la Présidente de l'État Français se plaça devant la Table Ovale du Conseil Intérieur, tandis que le groom de service poussait une chaise Empire dans son dos. Les différents Ministres, Sous-secrétaires et Conseillers étaient levés, attendant son signal. D'un signe de tête, elle salua David, placé à sa droite. Celui-ci tapa dans ses mains, et l'assemblée s'assit comme un seul homme.

-"Messieurs dames, bonjour...."

Un chœur de "Bonjour Madame la Présidente" lui fit écho. Presque, vraiment presque tous ensemble. Elle soupira intérieurement . A quelque chose près. Ça n'était pas faute d'insister! Comment pouvait-on demander des sacrifices, de la maîtrise de soi aux Patriotes, si on n'était pas capable, soi-même, de prononcer un vulgaire "bonjour" dans un bel ensemble? Bordel!
Elle aimait vraiment trop l'ordre et la discipline pour pouvoir se permettre une remarque maintenant : le programme était chargé... Plus tard.

-"Bien- asseyons-nous et commençons" fit-elle avec empressement, joignant le geste à la parole.

Les visages étaient fermés, ridés, soucieux. Apeurés, aussi.

Normal, sa maxime favorite ne disait-elle pas qu' "un pouvoir perçu est un pouvoir reconnu"?
Et elle s'était attachée, tout au long de ces premières années de mandature, à travailler en ce sens : les collaborateurs efficaces étaient toujours récompensés. Ceux qui la décevaient avaient beaucoup de mal à remonter la pente. Et tout le monde le savait.

Elle fit un rapide tour de table visuel : que de chemin parcouru, depuis le premier Conseil!

A sa droite, au plus près d'elle, les fidèles de toujours : David Rachline, son Conseiller Spécial aux affaires de la Jeunesse et des Sports. Ex-membre du défunt FNJ, désormais à un poste stratégique (la formation des Jeunesses Françaises, l'avenir du pays), il s'était toujours montré loyal, effectuant sans arrière-pensée et en totale efficacité les tâches qu'elle lui avait confiées. Depuis presque dix années, il l'avait soutenue : lors du clash de 2010, lorsqu'il avait fallu choisir entre Gollnisch et elle pour succéder au vieux, alors que les autres se déchaînaient à l'approche de la passation de pouvoirs...celui qui prendrait le contrôle du parti gagnerait assurément l'investiture pour 2012, à l'époque les coups bas s'étaient succédé. A n'en pas douter, David faisait partie de ceux à qui elle devait d'être ici. Le fait qu'il arborait un air soucieux l'alerta donc immédiatement. Elle griffonna rapidement un petit mémo à son attention, qu'elle fit glisser sur la table, vers sa place.

Venait ensuite cette pourriture de Gollnisch : dire qu'elle avait dû composer avec cette raclure pour ne pas perdre la mainmise sur le parti (et les précieuses sections départementales gorgées d'adhérents acquis à la cause de cet intrigant)... Elle avait dû céder et lui accorder un petit maroquin, pour la forme...
la marionnette et son ventriloque...
"Premier Ministre Plénipotentiaire", autant dire rien! Depuis l'époque Sarkozyste, la pratique du 1er ministre fantoche avait perduré : elle l'avait elle-même renforcée, développée, hissée à des sommets bien plus vertigineux. Quoi de mieux pour neutraliser son pire ennemi que de le mettre sur le devant de la scène en permanence, à prendre des coups dans un rôle purement "communiquant", du moment que quelques conseillers judicieusement placés contrôlaient orientaient l'action du "gouvernement" ? Gollnisch le savait : il était surveillé, muselé, ficelé. Il avait accepté le job, car il savait aussi, dès le lendemain de la Victoire, qu'il avait le choix entre la mort ou l'exil. C'était un véritable "cadeau" qu'elle lui avait fait : il en était conscient, ce qui ne l'empêchait pas de tenter de placer les quelques malheureux pions qu'elle lui avait laissés. Du moment qu'il croyait en avoir l'usage exclusif...

moi aussi j'adore.........les blondes
Elle détourna la tête de cette quantité négligeable pour poser les yeux sur Stéphanie Koca : si jeune et déjà si haut... la secrétaire d'état à la Police des Lycées et Collèges Français était aussi une "ancienne" du FNJ. Benjamine du gouvernement, elle avait en son temps était comparée à la défunte Rama Yade pour le côté "jeune et intelligent". Après, il ne fallait pas abuser non plus... Il faut dire qu'elle ne manquait pas de charme malgré ses quelques 10 kilos en trop et un caractère à la limite de l'obsessionnel. Elle adorait contrôler, surveiller, et filtrer les syndicats étudiants de leurs éléments les plus subversifs. Elle faisait la "chasse aux rouges" comme elle disait -les nombreux rapports qui parvenait sur le bureau de la présidence en témoignaient, elle faisait le job avec un zèle et une efficacité juvéniles..

Le fidèle Ministre chargé de la Sécurité Intérieure prit brusquement la parole. Ses yeux brillaient..quel mauvais coup avait-il donc en réserve?
-"Madame la Présidente, veuillez m'excuser de rappeler un peu abruptement à cette Assemblée que l'Ordre du jour devra impérativement aborder les aspects techniques de la promulgation de la nouvelle Loi de Sécurité Nationale relative à..."
-"Je sais Bruno, ne nous pressons pas!" le coupa-t-elle "Je suis sûre que les participants à ce Conseil n'ont pas oublié cette pierre angulaire de ma politique, j'espère d'ailleurs que les remontées statistiques que je vous avais demandées lors de notre dernière réunion ont toutes été livrées? Il est impératif que nous ayons des chiffres précis et fiables, le temps nous est compté" lança-t-elle à la cantonade.

Tous les Ministres, secrétaires d'état et conseillers acquiescèrent, à de rares exceptions près -Gollnisch ne broncha pas. Megret opina du chef, appela aussitôt un de ses conseillers, lui glissant quelque instruction à l'oreille. Il aimait avoir l'initiative, et que ça se sache.

Il n'empêche que ce type était craint dans tout le pays.
Après son spectaculaire retour en politique, dès janvier 2011, de retour d'exil, il avait publiquement rallié la cause des marinistes. Son soutien avait été déterminant pour la prise de contrôle du parti juste avant l'investiture à la présidentielle...il n'avait émis qu'une seule condition pour prononcer son ralliement : avoir une place de choix dans la hiérarchie du parti, et les coudées franches en cas d'élection...elle avait vu papa blêmir le jour où elle lui avait annoncé la nouvelle, le vieux schnock avait failli en avoir une crise cardiaque!

handicapés moteurs? non : policiers du futur
Bruno était haï par les siens, aussi : elle s'était toujours demandé si c'était dû à son passé de "rebelle", ou à son présent de Ministre efficace et discret, de "favori de la reine" comme on le murmurait dans les couloirs. Il était vrai qu'on avait assisté là à une véritable conversion dans les règles de l'art : il maniait les différentes polices placées sous son contrôle d'une main de fer, dans un gant de velours hérissé d'épines. Pas une seule réflexion anti républicaine qui échappât à cet homme-là (ou à ses affidés), partout sur le territoire... Les fameux inspecteurs de la Poséi étaient sous ses ordres : être recherché par eux signifiait une arrestation tôt ou tard, et souvent la disparition dans les cellules du 36 quai des Orfèvres....

arrrrhhh..mon jabot est trop serré
C'est le moment que choisit Carl Lang pour prendre la parole : celui-là n'avait jamais caché son animosité envers Megret (et donc envers elle); il était un peu son "homme de l'ouverture à elle". Ancien élu frontiste, il avait fait dissidence en 2009 en créant son minable et ridicule "Parti de la France". Dès 2011, et devant l'ascension irrésistible du Nouveau Front National, il avait pris contact, et offert ses services...il avait permis de rallier tous les déçus de la vieille droite Villiériste. Elle lui avait offert une place de choix au gouvernement : porte-parole officiel, ça lui allait comme un gant. Il prenait les coups sans broncher, son image policée plaisait bien à l'électorat papy-boomer qui avait voté FN en masse en 2012.

-"Marine, il faudrait que nous parlions des conférences de presse : les médias deviennent vraiment trop insistants au sujet des arrestations d'opposants...je ne sais plus quoi leur dire!" lança-t-il, tout en ne quittant pas des yeux Bruno...ces deux-là se détestaient. Peut-être pourrait-elle en profiter pour ressouder les troupes?

-"Bien Carl, tu n'as qu'à leur dire que chaque citoyen soupçonné de terrorisme ou d'activisme sécessionniste doit faire la preuve de son innocence devant les juges...tout le monde sait que les instructions sont parfois très longues, malgré les...simplifications judiciaires que nous avons initiées" lui répondit-elle avec un sourire en coin.

Un  ricanement amusé parcourut l'assistance, tandis que tous les regards se tournaient vers Bruno; celui-ci faisait mine de discuter avec Brice, et de ne rien voir. Quel comédien! Tout le monde savait qu'il adorait 

un après-midi chez les Megret
 ce qu'il faisait, les instructions étaient appliquées à la lettre dans les sinistres sous-sols réaménagés du 36... ses komissaires avaient les pleins pouvoirs : des fonctionnaires impitoyables, soumis à la loi du chiffre et du rendement, disposant de pouvoirs judiciaires et de police étendus...ils pouvaient arrêter quelqu'un sur simple présomption -ou dénonciation, ce qui était officiellement encouragé et valorisé- et prononcer des sentences sur le champ. Ils ne rendaient compte qu'au Ministère, et c'était, il faut l'avouer, un franc succès : la criminalité officielle avait diminué de vingt-deux pour cent en les six premiers mois...
Le problème des cités était bien différent : ladite criminalité s'était déplacée dans ces ghettos, où elle y était circonscrite -et sortait donc des statistiques "officielles". Pratique et efficace pour le populo. Mais malgré tout intolérable pour la Présidence (sans parler du raffût international que cela engendrait.).  Il fallait lever cette épine du pied du gouvernement pour pouvoir avancer!

-"Bien, si nous passions au programme économique? Nous perdons du temps..." ce disant, elle se tourna vers son Ministre de la Production Hexagonale. Wallerand de St Just était un frontiste de la première heure : ancien comptable du Front, il s'occupait désormais nuit et jour des Entreprises Labellisées France.
Grand type svelte, chemise à jabot, costume rayé, coupe méchée, il avait une classe toute nobiliaire, un vrai gentleman à particule qui passait particulièrement bien dans les médias...surtout auprès des vieux électeurs.
Tous les regards étaient tournés vers lui.

Cons....fis(c)qués
-"Madame la présidente, j'ai le plaisir de vous annoncer que notre programme de Confiscation Nationale avance bien : tous les avoirs des maghrébins, entreprises, commerces, possessions, sont en train d'être saisis au profit du Trésor. Depuis que la Loi d'Expropriation, votée le mois dernier, a donné les pleins pouvoirs aux Questeurs de la République, l'affaire a été rondement menée. Il y a, certes, quelques petits "points de résistance" -vous avez certainement entendu parler de ces prétendus "Entrepreneurs de France" qui se sont constitués partie civile pour nous mettre des bâtons dans les roues. Ils menaçaient notamment de saisir la Cour de Justice Européenne pour casser nos décisions d'Expropriation. Mais vu que nous ne reconnaissons plus cette pseudo "juridiction", nous nous plaçons de facto en dehors de ses décisions..." il se racla la gorge d'un air emprunté, le poing délicatement serré devant la bouche. Une énorme chevalière façon "bague ducale" brillait à son médius..

-"Bien, très bien, vous me rendrez compte des sommes récupérées, en collaboration avec le Secrétariat à l'Education Populaire et Intellectuelle. Nous devons coordonner nos efforts pour communiquer davantage sur ce que représentent ces "saisies" vous comprenez? Il faut que le Français Souchien Moyen nous crédite de ces efforts pour l'économie nationale; il doit faire le lien, c'est impératif!" Son regard venait de s'animer tandis qu'elle prononçait cette tirade. Elle avait toujours aimé manipuler convaincre les masses : ça faisait partie du job, après tout, non?

-"Oui, madame la présidente, il en sera fait ainsi..." Son visage ne trahit aucune émotion. La classe, vraiment.

Une HONTE : même leurs chats sont formés
"Bien...je souhaiterai maintenant aborder l'épineux problème des ghettos terroristes. Il nous faut trouver une solution radicale, pour ne pas dire finale.." son regard brillait de malice. Nouvelle salve de ricanements dans l'assistance...

-" Je sais ce que vous en pensez tous, mais nous devons jouer sur du velours : il y a trop à perdre sur ce coup-là. Dites-moi, Fabrice, vos troupes sont-elles suffisamment entraînées et approvisionnées? Le mois dernier vous m'aviez affirmé qu'il ne s'agissait plus qu'une question de jours... où en êtes-vous?  Cela me semble vraiment traîner en longueur?" Son ton trahissait une légère impatience.

Crâne rasé et tête massive, tatouages, piercings et complet 3 pièces : l'impertinent Fabrice Robert, chef de file des Groupes d'Autodéfense des Jeunesses Françaises (la 'branche armée' du mouvement), savait pouvoir compter sur sa réelle popularité auprès de la présidente pour éviter de subir ses légendaires sautes d'humeur. Mais cet ancien des groupuscules d'extrême-droite savait aussi que le temps lui était compté...on attendait des résultats, et ses nombreux ennemis ne rateraient pas une occasion de lui faire payer la moindre erreur.

Jesus was a HomeBoy
"Marine -il la tutoyait toujours, et apparemment elle le tolérait- , nous disposons à ce jour de deux cents vingt-huit compagnies de Jeunes Patriotes. Tous sont soumis à l'Instruction Civique, au maniement des armes d'autodéfense et aux techniques de survie en milieu hostile. L'intégration des réfractaires se poursuit à un bon rythme, mais il nous manque encore des équipements et du temps...nous avons pris du retard, notamment à cause des émeutes des banlieues Sud de ces deux dernières semaines : les cadres formateurs ont dû partir sur zone pour relayer les efforts de la Police et de l'armée. Dans ces conditions..."

-"Fabrice, comprenez-moi bien " l'interrompit-elle. Tout le monde retint son souffle. Megret souriait.

"Nous ne pouvons faire l'impasse sur l'Education de ces Jeunes. Il en va de l'Avenir National, je le comprends, mais vous le comprenez-vous vraiment? La situation empire chaque jour davantage sur les territoires Parisiens, notamment la Grande Couronne. Ces racailles franchissent plus que de coutume les murs de contention, leurs tunnels sont creusés de plus en plus profond, de plus en plus loin. Leur marché noir met à mal notre économie, les armes de guerre circulent et sont couramment utilisées contre les forces de Maintien de l'Ordre... Résultat? le Bon Citoyen Français Souchien a peur. Et, quand il commence à avoir peur, que fait l'électeur, je vous le demande? " Le ton montait.
"Nous devons mettre un terme à ces incursions de plus en plus sauvageonnes le plus tôt possible;  vos troupes devront être prêtes pour le mois suivant, je souhaite leur confier une tâche primordiale. Nous allons gagner cette guerre, en y mettant le prix. Serez-vous prêt le mois prochain?"

Elle exposa alors l'Idée.
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si t'es honnêt' tap' dans tes mains...

"Face à la menace terroriste. Face à l'ennemi intérieur.
Face à Crise, face à la peur.
Face à l'incurie des gouvernements passés.
Face aux lobbys de Bruxelles et de Maastricht, qui ont dépossédé les Français de leur Souveraineté Nationale.

Qui agit?
Qui doit se réveiller?
VOUS avez le devoir de réagir : citoyens, engagez-vous!

Chaque action compte :

-Celui qui met les bouchées doubles, à l'usine, aide à la Grandeur de la France, sa Patrie
-Celle qui surveille ses enfants, élève sa famille, la digne mère au foyer : elle aussi œuvre à la grandeur du pays, sa Patrie.
-Celui qui signale toute personne suspecte, aux autorités compétentes, aide à la Grandeur de la France, sa Patrie!
-Celui qui achète Français, consomme Français, et refuse l'islamisation rampante : celui-là aide à la Grandeur de la France, sa Patrie.
-Celui qui met ses enfants aux Jeunesses Françaises, qui les sort du poison internet, de l'abrutissement numérique....celui-là a tout compris : il aide au redressement du pays, sa Patrie.

Français, réveille-toi : le devoir t'appelle! Avec notre Gouvernement d'Union Nationale, et notre Bien-aimée Présidente Marine Le Pen à nos côtés, agissons-tous pour redresser le pays. La France, Notre Patrie.

La France aux Français! Et les autres : dehors!

Marine 2017. "
affiche made in china


ceci est un message du Secrétariat à l'Education Populaire et Intellectuelle. Ne pas jeter sur la Voie Publique.
En cas de problème merci d'appeler le 0825-855-900. Appel gratuit 7j/7, 24h/24.

mercredi 13 octobre 2010

Victoire 2012 -Acte I, scène I


PROLÉGOMÈNES
 
France, Septembre 2012.
Voici 5 mois que la Première Présidente de la VIème République Française a pris ses fonctions, après une élection triomphale, et suite à une conjugaison de facteurs tous plus incroyables les uns que les autres. 

Les faillites du gouvernement précédent -suite au bilan désastreux du président Sarkozy- ainsi que  du parti majoritaire UMP qui s'est littéralement entre-déchiré à l'approche des élections, ont été largement consommées

L'opposition ne fit pas mieux : lors de ce que la presse appela par la suite un "Congrès de Rennes bis", les principaux ténors du PS ont chacun tenté de ramener la couverture à soi, par tous les moyens, et aucun consensus n'a pu se dégager...sans parler de l'implosion du PS en une multitude de micropartis. Ce furent pas moins de 4 candidats issus du défunt PS qui se déclarèrent pour le premier tour...

Le maniement des thèses sécuritaires, ensuite. Portée à son paroxysme par l'attitude électoraliste et panicarde d'un gouvernement aux abois, la peur fut patiemment entretenue et développée chez la plupart des français, au fur et à mesure que se rapprochait l'échéance présidentielle. Et ce ne furent pas les rares avertissements en provenance d'intellectuels de la blogosphère, ni même l'accès d'une infime minorité à une information non truquée par le biais d'internet qui changèrent la donne :  la nouvelle Loi Loppsi, entrée en vigueur début 2011, éteignit assez rapidement (et plutôt brutalement) toutes les voix dissidentes.

Rajoutez à cela une Crise économique Majeure, avec un taux de chômage de plus de 18%, des scandales politico-financiers à répétition et une vague d'attentats "terroristes" (dont les coupables ne furent jamais retrouvés), et le pays était mûr...

07 mai 2002 : après une abstention record  de plus de 40% au second tour, la majorité des électeurs de gauche refusant d'avoir à choisir, une nouvelle fois, entre la peste et le choléra, l'impensable se produisit : le petit président, qui avait obtenu 30% au premier tour (contre 27,5 pour Marine), se fit déborder sur sa gauche, et sa droite simultanément. Une bonne partie de ses propres électeurs, furieux de ses multiples mensonges et veuleries, ne se déplaça même pas pour aller voter. 
Marine mobilisa en masse sur sa droite, lui faisant "payer mai 2007" selon ses propres termes, grâce à un adoucissement de son discours sécuritaire et un revival aux accents "gaulliens", sur les "vraies valeurs bafouées de la France éternelle". 
Simultanément, elle rafla les voix de la gauche populaire, sinistrée par la crise et dégoûtée de la médiocrité de l'opposition, avec d'alléchantes promesses de retour au plein emploi "grâce à l'expulsion de la main-d'œuvre immigrée qui vole le pain des français". 

NS 49,5% , MLP 51,5%.



Les dés étaient jetés.
La suite n'est que conjectures.....l'Histoire n'est-elle pas écrite par les vainqueurs?

ce qui importe c'est la comm', pas les idées
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Madame la Présidente de la République s'approcha du balcon et jeta un œil par la fenêtre : au loin ,les lumières de la Capitale rougeoyaient. Les derniers Brasiers finissaient de se consumer doucement. Cette guerre des cités n'en finissait plus! Heureusement, les commandos de marine(sans jeu de mots) et la Légion Étrangère, envoyés hier matin sur les principaux lieux de révolte -pardon, de "terrorisme"- avaient commencé à rétablir l'Ordre Républicain.

Scènes de liesse à l'annonce des résultats
Les hérétiques socialo-communistes du PS/verts, les anarcho-centristes du Modem/NPA ainsi que cette espèce de fange Romano-trotskyste de la vieille garde gaulliste (il en restait encore? il fallait croire que oui, nom d'un chien, au XXIème siècle rendez-vous compte!!), bref tous ceux qui agitaient le pays depuis des mois et incitaient au terrorisme anti-républicain en permanence seraient réduits au néant, cette nuit même. Bien fait pour eux! Ils n'avaient qu'à pas être aussi minables : toutes ces idées de gôôche, et de "démocratie" lui avaient toujours inspiré le plus grand dégoût, en plus d'une furieuse envie de réduction.

Dieu que ces êtres étaient répugnants! Mais pourquoi lui en voulaient-ils autant?  Pouvait-on simplement, au futile prétexte de "manger à sa faim", aux seuls motifs de "pouvoir d'achat décent" et d'"antifascisme", se déclarer "sécessionniste" et partir en guerre contre les structures de l'État? Les mufles -après tout ce qu'elle avait fait pour eux! Et voilà que tout ceci lui avait donné mal à la tête... Elle allait leur faire regretter leur impudence.

On distingue clairement le poing levé: avortons-le!
Réduction -oui, c'était ça LE mot. Les réduire, les avorter, les écraser, pire : les annihiler. Les faire retourner au néant, d'où ils n'auraient jamais dû s'extirper, en fin de compte! Cette dernière pensée lui arracha un sourire de joie : il faudrait qu'elle le note, surtout ne pas oublier l'idée! Elle tira une feuille du bloc négligemment posé sur son secrétaire en acajou (modèle XVIIIème, avec incrustations d'ivoire et d'obsidienne, rehaussé de parures en plumes de castor amérindien, aujourd'hui disparu : il avait coûté une petite fortune!), se saisit de son Mont-blanc édition spéciale "1st woman French Commander in chief" (un incroyable gratte-papier fabriqué exclusivement pour elle, en plaqué laque de Chine,  avec pointe platine et 12 rubis de 0,9 carats sous le capuchon. Ces bridés étaient dégueulasses et stupides, mais question matériaux traditionnels, ils assuraient un max!) et griffonna quelques mots, à la va-vite : Loi d'exception? Réduction du terrorisme? définir termes pour application selon pleins pouvoirs/ voir Maréchal BriceH pour mise en œuvre.

Un rapide coup d'œil à sa Breitling -un modèle fantastique, gravé au laser à ses initiales, avec cadran titane cerclé d'or, rehaussé de 48 diamants et 12 émeraudes, pour un total de 180carats- lui indiqua que le Conseil Extraordinaire de Sécurité Intérieure  allait débuter dans quelques instants. L'irruption du groom EricB dans son cabinet, tête courbée, raie parfaitement au milieu et livrée rouge impeccable, le lui confirma :

-Maîtresse, la séance plénière va débuter! Le Premier Ministre Plénipotentiaire BrunoG vient de m'envoyer vous quérir, Votre Auguste Présence est requise dans la salle du Conseil!

-Bien bien, merci Eric, vous pouvez disposer...hummmm attendez une minute?

Le groom s'immobilisa, tentant de dissimuler avec la plus grande difficulté une grimace de terreur pure sur son faciès de métèque ingrat.
laquais, fais donc le canard
-Ma-Madame? la petite chose bégayait de crainte.
-Non, rien...n'oubliez pas de mettre votre livrée verte la prochaine fois, nous sommes Vendredi, non? une pointe d'irritation perçait dans sa voix haut perchée. Pas bon ça, devait-il se dire, tandis qu'une sueur rance dégoulinait de son front et allait tacher son petit veston.
-ou-oui madame, je n'y manquerai pas, veu-veuillez m'exc/ -c'est bon c'est bon, dégagez! elle le congédia d'un geste impérieux, la main en extension vers la porte. Le petit cancrelat partit à reculons. Non, vola littéralement vers la sortie, pour être plus exact.


Il faudra que je me penche sur son cas...plus tard. Elle allait arracher une nouvelle feuille de vélin de Madagascar de son porte-documents Mazzuoli ultra design (by John Starck, édition spéciale Élysée, modèle ébène et argent, une merveille!) , afin d'y noter ses observations sur les cafards, lorsque papa entra brutalement dans la pièce, éparpillant les feuilles de notes aux quatre vents et faisant s'envoler les dossiers de déport négligemment posés sur son bureau.

-Marine! Il faut que je te parle!
 -Papaaaa...on dit 'Madame la Présidente', combien de fois devrais-je te le dire!? le sermonna-t-elle gentiment.

 Papa était si fier de fifille. De sa réussite, là où il avait toujours échoué. Il ne le lui avait jamais avoué, mais il regrettait amèrement de n'être pas né trente ans plus tard : il aurait pu profiter de cette formidable époque qui vit son parti chéri, son enfant, son bébé accéder au pouvoir suprême...

-"Marine!" Sa main gauche tremblait. "Il faut que je te dise..."
-"Plus tard papounet, j'ai un conseil qui débute dans trois minutes, vois avec Eric, prends un rendez-vous..."

Le lifting de 2007 n'aura pas marché ..
Ce vieux gâteux l'agaçait prodigieusement. Non pas qu'elle niait l'utilité d'avoir un père de cette trempe (après tout il avait fondé l'instrument de son accession au Pouvoir Suprême), mais avec l'âge elle le trouvait... chiant. Oui, c'était ça : gâteux, sénile et chiant. Collant, à mesure que son Parkinson évoluait, ses vieilles lubies reprenaient le dessus. Combien de fois avait-elle dû couvrir ses agissements? Telle sombre affaire de ratonnade qui lui revenait en mémoire... Non, décidément, tout ceci n'était pas bon. Pour les affaires électorales, s'entend. Elle avait d'autres méthodes.
Des 'trucs plus soft', aurait dit son Ministre de la Sécurité Intérieure Bruno Mégret. (un bon élément, celui-là)
'Des choses plus électoralement compatibles' aurait précisé ce grand mou de Bruno Gollnisch, chargé de l'Intégration et de l'Identité Nationales. (il fallait qu'elle s'en méfie de celui-ci...)

Elle le repoussa de côté, il protesta mollement avant de s'affaler sur le canapé du petit salon.
-"Marriiinnneuhh'... couina-t-il, son petit bandeau tressautant sur son orbite... Pleurait-il? Elle s'en moquait à vrai dire. Ça lui passerait!

Elle sortit rapidement de la pièce, passa devant les 4 plantons de sa Garde Rapprochée qui se mirent au garde à vous dans un bel ensemble. (de beaux gosses, grands, forts, si ...Français de souche) Leurs treillis couleur camouflage et leurs chemises brunes  impeccablement repassés, leurs rangers cirées de frais luisantes dans la pénombre, le doigt sur la gâchette du 357 chromé, la matraque au côté.... ils étaient magnifiques, le top, la classe!
Marine 2012 : y'à bon
Elle parcourut rapidement le couloir lambrissé, les murs tapissés d'affiches Banania 'ancienne époque' lui renvoyaient une lumière tamisée, moins dure qu'à l'accoutumée, et la mirent d'humeur joyeuse... lui rappelant ses objectifs.

Elle franchit la porte de la salle du Conseil en trombe : les 13 ministres se levèrent dans un ensemble impeccable.

-"Messieurs-Dames "... fit-elle d'une voix forte.

Elle tira une chaise.

Le Conseil de Sécurité Intérieure Extraordinaire allait commencer.

samedi 2 octobre 2010

Solitudes

Revenant de la Grande Ville des Hommes, j'ai vu de mes propres yeux la foule immense. Les buildings  perçaient le ciel, traversant les nuages qui recouvraient leurs toits d'un linceul monochrome.

La nuit allait-elle m'apporter la vie qui manquait le jour? J'ai erré jusqu'au couchant sur les artères illuminées de mille feux, pleines de vie et vides de sens.

J'ai vu des milliers d'êtres vaquer à leurs occupations pressées, costard-cravate-attaché-case, téléphone-mp3 à l'oreille; j'ai vu des mendiants tendre leur sébile, j'ai vu une fille pleurer sur le quai de la gare. J'ai vu un pigeon blessé agoniser sur le trottoir, les gens l'évitaient, le regard absent. J'ai senti la chaleur des bouches de métro sur ma peau, la froidure du vent d'automne dans mes cheveux, les odeurs capricieuses des cuisines d'innombrables restaurants ont chatouillé mes narines. Jamais je ne m'en suis lassé, jusqu'au moment où, grisé, je suis passé à autre chose.

J'ai aperçu une silhouette à travers les carreaux de cet immeuble, dans le XVIème, qui me regardait avec étonnement.

Je me suis perdu sur les quais de Seine, les péniches faisaient leur va-et-vient, remplies de touristes indifférents. Au dessus d'eux, des dizaines de vendeurs clandestins tentaient de refourguer leur camelote aux passants, l'oeil aux aguets, le sac en bandoulière, prêts à décamper à la moindre lueur de gyrophare.


J'ai vu la Grande Dame s'illuminer de paillettes blanches, j'ai dû photographier un couple heureux, puis un deuxième. Rituel obligé devant cette idôle de notre temps. Sa couleur n'était-elle pas celle du veau d'or?

Je suis rentré dormir d'un sommeil allégé du poids de mes pas, alourdi du léger voile de Solitude perché en permanence sur mes épaules. J'étais bien.


Je me suis levé le sourire aux lèvres. Encore plus léger malgré ces nuages qui crachent leur soupe sur la ville.
L'idôle elle-même était redevenue grise, je la voyais bien à travers les carreaux humides de ma petite chambre d'hôtel. Belle Dame, auriez-vous perdu vos couleurs?




J'ai visité le Grand Musée.
 J'ai vibré face à Titien, frémi avec Le Caravage. 



Exulté en face de la Victoire de Samothrace et pleuré devant Le Guerchin.


Des statues m'ont parlé, en silence je leur ai répondu : est-il possible que vous me touchiez, vous qui êtes hors d'atteinte?

Des bijoux royaux ont brillé pour moi, l'espace d'un instant. Des pierres finement sculptées, autrefois tâchées du sang de ceux qui les convoitèrent imprudemment, se sont offertes à ma vue : c'est le soleil qui désormais les éclabousse.

J'ai vu une épée qui a tranché moult chairs, un bouclier qui a paré quantité d'attaques, une armure de Roi ayant arbitré maintes batailles.

J'ai vu un jouet qui avait 1000 ans. Un parchemin vieux de 3000, dont la magie est éteinte à jamais.



J'ai vu une méduse plus vraie que nature, immortalisée par un marseillais célèbre.
En existe-t-il?

Une montre tricentenaire, aux rouages encore intacts...le savais-tu, vieil horloger, alors que tu la remontais, qu'elle te survivrait? T'en serais-tu seulement douté?
Passent les heures...





Je suis reparti.
 J'ai marché, remarché et marché encore dans cette grande cité pleine de gens, mais si vide.
J'ai attendu un train, assisté à une alerte à la bombe, et vu la peur dans les cœurs. Dans les yeux, la désillusion. Résignation, abandon, poursuite du temps qui se perd. Attitudes et mimiques sociales. Vendeur cordial, serveur pressé, sourires forcés.

Vite. Vite, vite. Courir, pour ne jamais s'arrêter.
La vie est si brève, et nous avons tellement de choses à faire.

J'ai vu tant de choses.
Et croisé encore plus de gens.
Laideur et Beauté, Grandeur et Décadence.
Gris et Couleurs.
Je suis finalement revenu.

Et ne me rappelle de personne.