samedi 23 avril 2011

Pertes de contrôle

C'est la Jungle, baby


Le torse maculé de sueur, le gars essuya le démonte-pneu sur le bas de son débardeur. Un débardeur qui avait dû, il y a de longues années, être gris ; mais qui avait viré au brun rougeâtre depuis pas mal de temps, avec de vilaines tâches de cervelle en travers…

11eme Commandement:tu ne décapsuleras point ton prochain
Ses biceps étaient crispés par l’effort ; la grimace affichée sur son visage, aussi engageante que celle d’un loup-garou un soir de pleine lune. L’expression même de la bestialité à l’état brut –voire de la brutalité la plus bestiale- se lisait dans tout son être : de sa démarche chaloupée, tel un Snoop Doggy Dog défoncé à la coke concourant pour le marathon de New-York en plein été, jusqu’à l’odeur corporelle disons…plus qu’acidulée qui le suivait, mieux le précédait, non en fait réellement l’annonçait, comme avec  fanfare et trompettes à la populace terrifiée qui ne songeait alors plus qu’à fuir…Une odeur de bœuf musqué, de cheval en plein effort, de taureau en pleine féria, libéré dans les ruelles de quelque ville méridionale, la bave aux lèvres et la fièvre aux yeux.

La foule n’avait alors plus qu’un choix, pour survivre, plus qu’une obsession immédiate, à la vue du prototype qui lui fonçait dessus : mettre le plus de distance entre elle –les agneaux (pas forcément de Pâques), les moutons (pas obligatoirement de Panurge, quoique), en bref le bétail– et lui –le bourreau, le boucher, le finisseur, le Fuckin’ Warrior, quoi.

Car se faire rattraper par ça, signifiait la mort à plus ou moins courte échéance. Plus ou moins douloureuse ; pas nécessairement rapide, d’ailleurs ; pas forcément agréable, surtout. En cette fin d' année 2025, après le Grand Collapsus Global, pour chacun il n'était question que de survie : survie du plus fort, du plus rapide, du plus débrouillard... Les Fuckin' Warriors avaient émergé de ce chaos par la force des choses : rapides, puissants, invulnérables aux sentiments, ils représentaient le rêve ultime d'une caste aujourd'hui disparue de la surface de la terre : les Politiciens.

on peut dire que les choses étaient allé vraiment très loin
 Et le spécimen dont nous faisons l'étude en ce moment ne dérogeait pas à cette règle -il représentait le sommet de la pyramide évolutive en ces temps plus que troublés. Des temps de nécessaire réorganisation de la cellule familliale et surtout, surtout, du retour à de vraies valeurs masculines, d'avant celles qui avaient, en fin de compte, précipité la chute de la société capitaliste.
Le concept même d'égalité des sexes avait conduit à une impasse existentielle qui avait précipité la société au bord du Gouffre : les Hommes, ridiculisés et réduits à l'état de métrosexuels efféminés, en étaient réduits à promener les gosses, faire la vaisselle, les courses et, affront suprême, quémander -oui je dis bien quémander des relations sexuelles plus que mensuelles -et épanouissantes. Une vraie honte pour le genre masculin, toute cette frustration, ces insatisfactions accumulées avaient inévitablement mal tourné : les mecs s'étaient révoltés. 

j'avais une femme..un jardin..la ptite maison a brûlé dans la prairie
Fuckin' Warrior savait effectivement faire preuve d'une violence typiquement toute masculine : pourtant, il n’en avait pas toujours été ainsi; le « Fuckin’ Warria » avait été Humain, jadis. Il n’y avait pas si longtemps, il avait même aimé –avant que la déception ne fasse remonter le taux de testostérone dans son sang à un seuil si Fukushimiesque que désormais rien, plus rien n’aurait pu l’arrêter…à part un bon vieux bain de sang, au démonte-pneu si possible, sur de jeunes et jolies femmes c’était encore mieux.
 De toutes façons, toutes ces conneries féministes dataient d'avant le Grand Dépeuplement; désormais, il avait une mission, un but, il était l'agent du changement, et ça allait valser!

-« T’avais qu’à pas me larguer pour ce minable, salope !! En plus, c’était mon pote !!
Dire que j’avais même accepté l’idée d’aller jusqu’à faire la vaisselle, torcher les courses et faire les gosses pour toi ! Tu vas me le payer !! »

Souvent, c’étaient les dernières phrases qu’elles entendaient, avant de rendre l’âme en un sanguinolent sanglot étouffé, précédant, ou suivant de peu selon les circonstances, leur bien-aimé « pitit copain » ainsi que toute leur « pitite famille chérie », si nécessaire (chiens, chats, gosses, perruches et/ou hamsters).

Incompréhension, quand tu nous tiens.
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The Candidate


Une certaine idée de la France
Le ptit gars était nerveux, vraiment trop nerveux : il tirait fréquemment sur son borsalino de feutre mou, tout en jetant des coups d’œil apeurés à la Cartier platine et diamants qui lui ornait le poignet. De temps à autre, un tic horripilant lui faisait remonter très légèrement l’épaule gauche, tout en penchant la tête, entraînant sa pommette droite à l’épaule opposée, et l’ensemble du visage avec. Un vrai pantin, une authentique marionnette. Ce gusse était à pleurer de rire! Spencer le fixait avec étonnement, depuis la petite dizaine de minutes qu'il était entré et s'était assis là, au milieu de l'entrepôt immense et vide, sur une chaise trop grande pour lui, pathétique petit homme à bout de nerfs. La paranoïa habitait son regard, l'incertitude peuplait le moindre recoin de son esprit, qu'il avait vide et sombre comme ce vieux local de stockage d'alcool de contrebande où ils s'étaient donné rendez-vous.

 -"Vous comprenez ce que j'essaie de vous dire? Vas-y, dis-lui toi, Claude.." Il s'était tourné vers son bras droit, véhément, l'accent frenchy très prononcé avec lequel il avait tenté de se faire comprendre était si...hors de propos.

Le "bras droit" en question était habillé plutôt sobrement, il portait des lunettes à la Trotski -petites, rondes, cerclées de noir, ouais vraiment des lorgnons de vieille saloperie communiste ne put s'empêcher de constater Spencer, un brin haineux- et toisait tous ses gars de façon ostensiblement hautaine. Le gars se la pétait, c'était le moins que l'on puisse dire!

Pourriture de Communisse
-"Mon employeur veut vous faire comprendre qu'il est impératif, pour lui et tous les membres de son staff, que cette affaire reste incognito. C'est pour ça que nous avons fait appel à vos service, vous comprenez? Je ne pense pas que vous ayez besoin d'user de la violence envers la cible, mais envers d'éventuels gêneurs -et Dieu sait qu'ils sont légion, en ces temps-ci..." Il repoussa les lunettes à la racine de ses sourcils d'un air très intellectuel -un air de pourriture d'intello marxiste pensa très rapidement Spencer- avant de lâcher, d'un air très détaché et vraiment snob : "il vaut mieux opérer en toute discrétion, si toutefois nous pouvons compter sur vos hommes pour savoir ce que veut dire ce mot, Mister Spencer?"

-"Non Claude tu ne comprends pas qu'il faut leur dire TOUT, TOUTE la vérité? Qu'elle est partie, qu'elle s'est tirée, et qu'elle nous met dans la merde?" s'emporta le petit brun, tout en se tortillant sur sa chaise, tout en exaspération et colère mêlées... La sueur coulait sur le front du petit gars.

si tu pars j'nous suicide
-"Cette chienne s'est servi de moi! Elle a voulu se marier, vivre la grande vie, la vie la First Lady ouais mon derche! Je ferai de mon mieux, toussa la grande litanie Paris-match-Closer-Voici-Gala-Point de vue images du monde et toutes ces MERDES DE JOURNAUX PEOPLE POUR CES CONNARDS DE LA FRANCE D'EN BAS!!  Elle nous a bien roulés dans la farine, ouais! Et maintenant que ça commence à sentir le roussi, que je suis au plus bas dans les sondages, que les élections sont à nos portes elle profite d'une VISITE D’ÉTAT DE MERDE POUR SE RÉFUGIER A L'AMBASSADE ET DEMANDER L'ASILE POLITIQUE? MAIS ELLE CROIT QUOI? QUE JE VAIS LA LAISSER FAIRE?"

Le petit était hystérique. Le bras droit posa son gauche sur sa tête, d'un air protecteur, et crut bon d'ajouter :

-"Voyons Nicolas calmez-vous, nous allons nous en charger, laissez faire les profession..."
-"RIEN A FOUT' DE VOS PROFESSIONNELS, DANS UN MOIS C'EST LES ÉLECTIONS, JE ME REPRÉSENT' ET ELLE S'EST TIRÉE, IL FAUT LA CREVER, IL FAUT LUI FAIRE PAYE**¤ "

Le petit personnage ne finit pas sa phrase, tout occupé qu'il était à s'affaler sur le sol de béton froid de l'entrepôt. Spencer rangea la matraque dans la poche intérieure de son pardessus et fit un rapide signe de tête aux deux gorilles qui encadraient la porte.

La pourriture de gauchisse était livide, elle s'était agenouillée auprès de son maître, et sa voix commençait à monter dans les tours :
-"MAIS qu'avez-vous donc fait? Que croyez-vous qu'il va se passer? Vous ne pouvez pas vous imaginer dans quel pétrin vous vous êtes fourrés!!!"

Malabar numéro 1 l'interrompit d'une main sur l'épaule -en fait un coup de battoir sur la tête propre à assommer un bœuf, alors vous pensez bien, un intello communisse... Le Guéant chut sur son séant en un rien de temps.

-"Patron, vous voulez qu'on s'en débarrasse?"
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Fukushima mon amour


Ca grillait chaud dans le coin. Takeda lisait 48,7 degrés Celsius sur son afficheur digital; il faudrait confirmer l'information, l'électronique avait tendance à dérailler en présence de neutrons...et, ces temps-ci, il y avait beaucoup, beaucoup de neutrons dans le coin.

tout est sous contrôle, alors on a fait péter le champagne
Takeda regarda le bus garé sur le parking, et il ne put réprimer un sourire de satisfaction : par tous les Dieux du Shinto, ils l'avaient fait! Ils avaient réussi, et pas qu'un peu!

Malgré le goût de métal de plus en plus présent dans sa bouche, malgré les nausées qui devenaient de plus en plus fréquentes depuis quelques semaines. Malgré la fatigue, soudaine, inattendue et (presque) inexplicable qui le gagnait chaque jour un peu plus. Malgré le crépitement du Geiger qui avait cessé de réellement l'importuner -d'intermittent, il était devenu continu. Malgré le silence assourdissant, aux abords de la Centrale dévastée : tous les oiseaux qui n'étaient pas morts s'étaient tirés, ne restaient plus que les débris, ceux des génératrices, du toit, et des murs, un peu partout... éventrés, désintégrés, et ce cœur qui battait à nu, pas si loin que ça de lui... La nuit, ça brillait, c'était beau.

Takeda se dit qu'il déraillait, que ça n'était plus possible, qu'il fallait qu'il rentre en zone protégée mais non, il devait continuer, pour son honneur, le devoir, ses ancêtres, l'amour du travail bien fait que sais-je?

Puisqu'on vous dis que c'est CHAMPAGNE pour tout le monde!
De toutes façons il savait que c'était foutu : ce matin, il avait commencé à chier du sang, alors, perdu pour perdu, autant finir le job, non? Et puis, combien il avait reçu? La dernière fois qu'il avait osé lire son dosimètre personnel, il s'en était presque étouffé, le truc était resté bloqué à 600 millisieverts! Alors autant se faire plaisir, non? Autant aller à l'essentiel : le réacteur numéro 3 devant lequel il se trouvait présentement était le seul qui posait encore réellement problème. Combien de ses collègues y étaient déjà resté, à essayer de le maintenir sous le seuil de criticité, à le refroidir sans cesse, à pomper et rejeter l'eau empoisonnée pour remettre à flot les groupes de refroidissement?

au pays de Mickey, on vous dirait qu'il ne s'est rien passé
Un mal pour un bien, en fait : les atteintes à l'environnement étaient désormais irréversibles, pour cette zone du Pacifique dans lequel se situait l'archipel du Soleil Levant (et si ça continuait, on pourrait bientôt dire "irréversibles" tout court). Bien sûr, Takeda était vraiment conscient que ça n'allait pas s'arrêter : il était sans nul doute un des seuls à s'en rendre compte, en ce moment précis, alors qu'il pénétrait dans le saint des saints, la bouche de l'enfer, la caverne du Dieu  Atome devenu fou. Mais il se demandait souvent comment ces imbéciles de la Direction faisaient pour vendre l'affaire au monde entier... en ce moment même, ça devait se bousculer au portillon, et il aurait donné cher pour assister ne serait-ce qu'à une conférence de presse du Groupe Tepco; sacrés petits plaisantins! Ils devaient leur en débiter, des conneries, tous ces pseudos experts, à tous ces journaleux en mal de sensationnel!

Au fur et à mesure qu'il escaladait les débris de ce qui restait de l'enveloppe extérieure de l'enceinte de confinement, il prenait conscience du carnage : une longue balafre s'étalait au travers de l'enveloppe même de l'enceinte... La faille luisait! La fumée dégageait une quantité phénoménale d'isotopes de toute nature, il les voyait s'élever là-haut, dans l'atmosphère, des petites lumières de couleur verte phosphorescente. De magnifiques vers luisants, les lucioles du XXIème siècle!

Il ne put s'empêcher de s'esclaffer à ce bon mot : il est vrai qu'il avait toujours eu un humour ravageur : au moins les collègues se souviendraient de lui pour ça... Takeda, tu te rappelles, celui qui est allé ramasser des vers luisants dans le réacteur numéro 3? Ah le con!

Toujours est-il que ce qu'il vit acheva de définitivement le convaincre : le corium était déjà en formation au fond de la cuve, l'enceinte de confinement éventrée, les barres de Mox répandues ici et là...Bonne chance avec le plutonium, les gars! Vous allez vraiment en avoir besoin, pour sûr!

vous êtes trop cons pour comprendre
Non vraiment, vraiment il aurait donné beaucoup pour savoir quels mensonges rassurants ces salopes de la Direction allaient encore balancer aux médias! Au moins ça permettrait de gagner du temps jusqu'à l'apparition des premiers malades, qui sait? Dans son cas, autant en finir tout de suite : il avait toujours voulu, plus ou moins inconsciemment, regarder à l'intérieur d'un cœur en fusion. Il allait enfin pouvoir exaucer ce souhait : c'était pas rien!


Takeda balança sa radio désormais devenue inutile -il entendit brièvement le contremaître lui ordonner de rebrousser chemin, d'une voix rendue folle par l'angoisse et la colère- et éclata de rire un dernière fois.

Sa vision se brouillait; le goût de métal dans sa bouche, les petites cloques qui apparaissaient sur sa peau, les démangeaisons de plus en plus insistantes au fur et à mesure qu'il s'approchait et puis ce bruit, cette stridence dans ses oreilles. Son dosimètre qui gueulait, bloqué à 999 msV, et sa combi de travail, bonne vieille combi doublée de plomb, qui le gênait plus qu'autre chose, ses dents, ses bonnes vieilles dents qui tombaient une à une à l'intérieur de son casque, ses cheveux, ses yeux qui*¤¤~~ #-¨' '  '        //                *

lundi 18 avril 2011

Jouer

Ferme les yeux : tu sens le bois sous tes doigts.

Dans tes oreilles, le grondement du Son; les grésillements des cymbales frappées abruptement par le bûcheron de service. La stridence des guitares, l'électricité qui chuinte dans les micros; la voix du chanteur qui s'égosille.
Le vrombissement des basses  fréquences de ta fidèle quatre cordes que tu maltraites toujours avec entrain, cette pulsation qu'il ne te faut surtout pas lâcher, cette étincelle que tu guettes dans le regard de tes partenaires, ce moment magique, unique, qui va gommer toutes les difficultés. Toutes les galères, les mauvais plans, l'argent dépensé, le temps donné, les efforts consentis, jour après jour, semaines après semaines, en un instant évaporés.

Les vibrations sont vivantes :elles remontent de tes pieds jusqu'à ta tête; elles tournent dans l'air environnant, se mélangent, se rejettent, créent et détruisent des motifs. Tu ne sais plus trop ce que tu fais, à part écouter, ressentir. Être présent.

Miracle du son. Dans ta tête, c'est le chaos : vibrations, formes, ondes, couleurs, tout se confond. La note se forme dans ton esprit, et déjà tes doigts, sur le manche, sont passés à la suivante. Aux suivantes. A la multitude : les nommes-tu, les entends-tu, les visualises-tu, ou fais-tu tout à la fois, en fait? Tu ne peux répondre à cette question, mais ce que tu sais, c'est qu'à chaque fois que "tu te branches", tu pars ailleurs. Tu es toujours là, bien sûr, mais dans cette dimension perpendiculaire où toi, et tes amis, vous retranchez le temps de la "Répète". Le temps où vous êtes les maîtres du jeu : entre vous, pas de faux-semblants, chacun sa partie, avec cette acuité qui fait que, telle une pieuvre de quelque espèce inconnue mais bien vivante, chaque membre sait ce qu'il a à faire, où il doit aller, et avec qui se coordonner.

J'ai un ami, avec qui je vivais des moments de musique pure, exceptionnels, qui me disait qu'il "voyait" les notes dans sa tête. Dans l'espace, devant lui, il arrivait à les visualiser, comme une onde, une couleur parfois.
Pour ma part, ce serait plus comme un sentiment, une pensée, une image quelquefois...

*gasp*je comprends le split du groupe
Retour au local , à la répète : le temps s'est arrêté à l'entrée du studio. A la porte, les emmerdes, les embrouilles, les galères, les soucis restent plantés là. Naturellement, la dernière prune du gars en bleu bien planqué derrière son radar, la dernière petite amie qui t'a dit qu'elle "se tirait", le dernier abruti qui t'a fait une queue de poisson sur l'autoroute, la dernière brimade du cheffaillon de service au bureau, la dernière centrale atomique en train de péter et d'empoisonner la planète, la dernière photo de sarko sur le kiosque à journaux... tout, tout, tout absolument tout n'a plus qu'à poireauter quelques heures à la porte d'entrée -et, éventuellement aller se faire foutre- le temps que se résolve le Grand Mystère qui fait que des gars bien sous tous rapports s'adonnent à ce rite secret, fermé, orgiaque, à la "Brokeback Mountain"-j'en connais qui vont se marrer en lisant ça!- régulièrement, hebdomadairement, avec une frénésie que ne renieraient pas les groupies tête-à-claques-appareil-dentaire-proéminent-et-acné-en-bonus de Tokio Hotel pardon, je voulais dire de Justin Bieber.

Ici, l'égo existe, certes, c'est le propre de chacun, mais il est mis au service de quelque chose de plus étendu : égo collectif? Égrégore? Projet de vie? Rêve collectif? Tout ça, et un peu plus à la fois.

finalement ça m'emballe pas plus que ça..
Pour certains, la musique est une vocation : pour d'autres, un passe-temps, un faire-valoir, un moyen d'obtenir de la reconnaissance...ou d'emballer facilement avec le sexe opposé... La vérité? La musique, le son (et ceux qui le font) est comme l'air, comme l'eau, comme la vie sur ce putain de caillou aride perdu au milieu des étoiles : incertain, multiple, pollué parfois, présent sous une infinité de formes mais en même temps intrinsèquement -là, si j'ai envie de briller en société je sors mon "ontologiquement" de son tiroir- vital.

Car sans ces assemblages de simples vibrations qui apaisent notre âme tourmentée, réconfortent dans les moments de solitude, mettent en transe dans les moments de joie, de partage, de communion, que serions-nous? Des coquilles vides, mues par instinct, tels ces zombies grotesques dans le dernier blockbuster de Wes Craven, ne sachant où aller, mécaniques, incertains, toujours affamés, les yeux voilés par la mort et le vide...

Plus important encore -si c'est possible- : le chemin nécessaire. L'apprentissage sans fin et continu de l'instrument, les peines et les joies, mais aussi les échanges, les rencontres, le passeport universel qui abolit toutes les frontières de langage, tous les a priori, toutes ces petites lâchetés qui automatiquement se placent entre chaque être humain, en situation de rencontre, devant cet inconnu qui peut à tout moment, croiser ta route.

Pour le meilleur...

lundi 4 avril 2011

Jogging 2 - I'm Back

 "Le masochisme est une expérience mystique". -Pieyre de Mandiargues.
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Courir.

Ne plus penser à rien, souffrance.
Joie : de respirer. Douleur : de souffler.

Mettre un pied devant l'autre, marcher avec plus d'élan, s'élancer dévorer ce ruban d'asphalte, ce chemin de terre parsemé de pissenlits et de coquilles d'escargots vides qui ne demandent qu'à se remplir.

De la terre. De la boue, partout sur nos âmes le désert. Les autos qui se croisent dans ton dos, ce bruit du sang dans tes oreilles à mesure que ton corps hurle qu'il n'en peut plus.

Continuer : de rêver, tu regardes les nuages et ils te parlent. Dans mon sommeil ils m'affirment que je serai encore vivant, demain.

Humain : tu soulèveras de petits nuages de poussière sur cette route de campagne démembrée, par l'effort ton corps inondé d'endorphines tu planeras au-devant des vents.

Dans mes oreilles, ce walkman qui crache ces décibels qui m'aident à avancer, encore et encore à me punir de trop jouir du plaisir d'être en Vie.

Cracher : sur ta peau la sueur glisse comme cette étoile dans le néant. Les pétales des marguerites se couchent avec le soleil, sur ton passage il n'en reste rien.

Éphémères: nous le sommes tous, ne le vois-tu pas? Ce papillon a plus de vie en lui, que toi sur ce caillou appelé Terre, si tu n'y prends garde tu t'évanouiras.

Courir : tes poumons se remplissent et se vident, se froissent et se défroissent comme ce sac plastique abandonné là, dans les branches de cet arbre, chaque jour il flotte, il bruisse comme ces feuilles qui tombent en automne : quelle différence? Tu tomberas aussi, question de temps.

Ne pas trébucher, ne pas tomber, ne pas se fouler : la douleur ne doit pas m'arrêter, mais il se peut que je ralentisse. Il se peut que j'aie envie d'abandonner. Il se peut que je me lasse. Mais si je me laisse happer...je m'allongerai dans ce champ, pas plus vert et pas plus gris que n'importe quel autre, Humain des villes je me laisserai aller. Un instant, un moment je reposerai mes muscles.

Tétanisé, par l'oubli je laisserai l'acide lactique envahir mon corps, ma peau sèchera, le sang quittera peu à peu mes joues. Mes poumons, de feu redeviendront liquides, puis semi-solides. Cette chape de plomb retombera sur mes tympans, devant mes yeux le voile se remettra à briller, plus réel que jamais il se superposera à nouveau sur ma réalité.

Courir : le corps saturé de feu liquide, la tête dans les étoiles je redeviens le guerrier éveillé, conscient, celui-qui-ne-dort-plus, roseau détaché des marais où il a grandi.

Feuilles dans le tourbillon de la vie : nous errons, nous marchons en rond, nous voguons face à nos âmes, mais voyons-nous vraiment? Pourquoi ne pas courir, tout simplement?

Courir, seul : à mon côté gauche, la Mort, fidèle compagne, me suit sans faiblir. Pas d'essoufflement, pas de sueur, pas de poussière sous ses pas. Pas de souffrance aussi, juste ce qui est.

La fuis-je vraiment?



" Plus tu connaitras Dieu, et plus tu sauras que tu es incapable de lui donner un nom".
 (Silesius)


vendredi 1 avril 2011

Jogging

Je viens d'apprendre à l'instant que la joggeuse dont le corps a été retrouvé il y a deux jours a bien été battue et étranglée...

L'émotion légitime que suscite ce nouveau meurtre sauvage dans l'opinion (pensez donc, on ne peut même plus aller faire son jogging à 4heures du mat' sans risquer de se faire assassiner...c'est décidé je ne me sens plus du tout en sécurité je vote marine aux prochaines!), l'émotion sauvage disais-je donc, aurait incité le pRésident de la Raie Publique à faire ce petit "commentaire" en privé : "il faut absolument rassurer nos concitoyens, pour cela je vais proposer un projet de loi règlementant les heures de jogging sur le territoire..."
Le bonhomme aurait aussi exprimé sa préoccupation que cette loi soit proposée à l'Assemblée et votée "dans les plus brefs délais".

No comment....
Vraiment mais alors vraiment je pense que là nous touchons le fond du fond du plancher, et que nous creusons encore avec entrain.

Au-delà du fait que je trouve -une fois de plus, et je ne serai sans doute pas le seul- que ce "pRésident" nous pond une loi chaque fois qu'une mouche pète de travers, comment justifiera-t-il, lui le fait qu'il puisse aller jogger quand bon lui semble au prétexte qu'il a une palanquée de gardes du corps (et un parapluie à la con pour le protéger, en sus?)... Il est vrai que n'est pas pRésident de la Raie publique qui veut, et il a des (passe) droits que nous n'aurons jamais...dois-je faire une liste? Avion personnel, salaire doublé, frais de bouche, voyages à l’œil autour du monde, mannequin bien gaulé, Rolex et/ou Breitling, stylos MontBlanc offerts (ou empruntés) à chaque déplacement....
un intrus s'est glissé dans cette page...à toi de le retrouver

Franchement, ça vous fait pas envie, quelque part, tout ces avantages? Et, admettons, même si vous n'y êtes pas plus sensibles que ça, vous trouvez quand même logique qu'avec tout le jogging qu'il se tape, il soit toujours autant grassouillet?

Tout ça est vraiment trop de chez trop, j'en ai ma claque de ce pays! On nous pond une loi à chaque fait divers, soi-disant pour nous protéger, mais qu'est ce qui me dit que les heures de jogging qui seront autorisées me conviendront, à moi? Vous savez que j'ai envie de reprendre le jogging, et le seul créneau qui me resterait, ce serait le matin, à la fraîche? Si seulement il ne l'interdisait qu'aux femmes, je pourrais comprendre : après tout, les hommes peuvent se défendre non? C'est toujours ces p****sses qui se font attaquer parce qu'elles vont allumer tous les détraqués du coin en allant jogger (sans soutien gorge en plus, je parie) à des heures indues...le premier qui me trouve un mec qui s'est fait agresser de la sorte en allant jogger, je lui paie l'apéro (et je suis sûr de mon coup : vous n'en trouverez pas, y en a pas!!) Franchement : vous trouvez ça normal, qu'on morfle toujours à cause de leur faiblesse, à elles? C'est le deuxième cas de ce genre en deux ans! Trop, c'est trop!!
bourrelet from Boulogne

Gay from New York


Non, vraiment, y a un truc que je pige pas...que je comprends plus....
ce pays est vraiment un pays de cons..

vivement 2012, vite!

Bleuarg