dimanche 30 janvier 2011

à la mémoire de Khaled Saïd

Puisqu'il faut bien que quelqu'un le fasse (oh les chevilles^^), j'ai envie d'écrire sur l'Égypte, aujourd'hui. Non pas sur le pays, formidable nid à touristes (et à monuments), mais sur les gens qu'il y a dedans. Et sur un, en particulier, qui a été battu à mort par la "police" égyptienne le 6 juin dernier. Officiellement, mort suite à "étouffement par ingestion d'un sachet de cannabis qu'il tentait de dissimuler". La version officielle parle aussi d'un "jeune toxicomane". En fait, il a été battu à mort en pleine rue par deux pourritures de lâches de flics égyptiens, parce qu'il avait osé publier une vidéo sur le web montrant deux de ces "policiers" se partageant de la drogue suite à une saisie...

Alors voilà...28 ans, et tu as fini comme ça. Sur le bitume.

Les Hommes ont ceci de particulier qu'ils sont capables de subir énormément de choses sans broncher. Puis, il suffira d'un déclic, d'un détonateur, d'une goutte d'eau supplémentaire... Il semblerait que tu sois cette goutte d'eau, Khaled, comme ce jeune tunisien, Mohamed Bouazizi, l'a été avant toi. Le peuple a, hélas, toujours besoin de symboles.

Je ne suis pas particulièrement doué pour les hommages, ou la sensiblerie, en fait non on me dit que je suis doué, mais je n'aime pas forcément ça (ne pas rentrer dans ce fameux "moule", tout ça) mais là, j'avais envie.

Parce qu'à chaque fois je le vis plus que mal : combien de milliers d'autres Khaled Saïd, de Mohamed Bouazizi, avant que ces chers "gouvernants" ne réalisent que TOUS les Êtres qui marchent sur ce putain de bout de caillou ont le droit au bonheur, à la dignité, à exprimer leurs idées sans se faire tabasser à mort, à gagner un revenu décent, à avoir une éducation correcte, à manger à sa faim, à dormir sous un toit salubre, à boire une eau potable, et à ne pas crever d'une maladie à la con, mais guérissable depuis des lustres, parce que ces chers labos veulent garder leurs dividendes intacts?

Tu étais jeune, tu avais toutes les raisons de vouloir la démocratie, ou quelque chose de mieux que cet ersatz de gouvernement moubarak (pas de majuscule pour les ordures). Quelque chose de plus juste qu'une police corrompue, tapant sur tout ce qui bouge. Quelque chose de plus sympa que la menace et la pression policières permanentes, et le gavage généralisé dans les hautes sphères alors que la majorité des autres, du bas peuple, des petits, des sans-grade, des moins-que-rien, des va-nu-pieds, des chiffonniers et autres diplômés de haute qualification (mais chômeurs de longue durée), de l'Égypte d'en bas quoi, crève la dalle et se révolte dès que le prix du pain passe un certain plafond.

C'est dire où on en est : en bas, la plèbe qui meurt de faim et ploie sous les coups de matraque, et en haut, le "héros militaire", celui qui a toujours su se maintenir au pouvoir au prix, restons consensuels et réalistes, d'un certain "autoritarisme" (en gros, toute velléité d'opposition politique est systématiquement punie, et la brutalité policière est institutionnalisée depuis 30 ans) mais, comme :

1/ ces putains de sacro-saints résultats économiques sont bons (comprenez "en haut, on se gave tous donc faut que ça continue, tant pis pour ces cons de crève-la faim en bas")
2/ l'épouvantail des frères musulmans est mieux que tenu à distance : il est systématiquement emprisonné, torturé, bâillonné, étouffé, et pis, des fois pardon ça arrive (c'était un "accident") tué.

ehh ben : on laisse faire. Mieux : on "encourage". On "appelle au calme" quand le peuple se met en branle, et dit "STOP!". Ça y est, notre petit dirigeant de pacotille est lui aussi sorti de son trou doré, il a lâché la main de manman Carlita quelques instants (n'aie pas peur, petit, tu retourneras vite dans ses jupes) pour "appeler au calme" avec ses petits camarades!

Comprenons-nous bien cependant : je n'ai rien pour les Frères Musulmans, ni contre d'ailleurs (quoique, l'intégrisme je trouve ça comment dire..moyen-moyenâgeux). Mais je serai plutôt pour la principe du "laissez-les croire ce qu'ils veulent, éduquez-les en parallèle, mais donnez-leur le choix." De toutes façons, on voit bien ce que ça donne si tu essaies de cacher le caca dessous le tapis : au bout d'un moment, ça commence à sentir, et manman le découvre (et là tu as droit à la méga fessée). La merde finit toujours par remonter.

Donc ça, ça arrangeait beaucoup de monde, ce statuquo égyptien qui durait depuis 30 ans, au premier chef desquels nos amis US (tiens tiens...c'est vrai que pour bomber le torse face à la Corée du Nord il y a du monde, mais pour ce cher Hosni, faut vraiment que ça pète grave pour qu'ils commencent à se la bouger, la dragée! Et oser "appeler au calme!")

D'ailleurs, si on ouvre un peu les yeux, et qu'on regarde la carte de cette partie du monde, on ne peut que constater avec effarement que, quelque part, c'est tout le système de dominos mis en place depuis 1945, entre nos chers amis US, Russes et européens, qui est en train de vaciller : Tunisie, Égypte, Algérie, Yémen, Syrie, Pakistan, Irak, Afghanistan, Palestine, Soudan, Côte-d'ivoire, Angola, Corée(s),  j'arrête là ? Non je vais continuer, la liste est longue mais intéressante :rajoutez les balkans, les USA-ehh oui!- et, tant qu'on y est, l'Espagne, la Grèce, l'Irlande, la Grande Bretagne, la Belgique... C'est fou mais il me semblerait qu'en fait ce soit plutôt la carte du monde qu'il faille regarder, non?

Mais quand arrêteront-ils leur mascarade? Et quand oseront-ils avouer que c'est vraiment le merdier, que la Crise, LEUR Crise, est en train de tout bouffer, et qu'ils vont essayer par tous les moyens dont ils disposent de nous "ramener au calme"?

On appelle ça l'effet domino : qu'un seul vienne et tous les autres suivront... C'était le début d'une chanson, , je ne me souviens plus,? Ah oui, je me rappelle maintenant, Goggle is my friend (tant qu'il reste connecté)...tu m'étonnes...voir en fin de billet.

Khaled, où que tu sois maintenant, je suis vraiment désolé, profondément et humainement choqué par ce qu'ils t'ont fait : tu n'es hélas qu'une victime de plus de cette barbarie moderne qu'on appelle parfois "Capitalisme", parfois "Géopolitique", mais que je nommerai tout simplement "petits arrangements entre amis", "tenue des peuples", ou, pourquoi pas, allez j'ose, "gouvernement".

Que ton calvaire serve à quelque chose, même si je pense que, toi, maintenant, tu n'en as vraiment plus rien, mais alors plus rien à cirer. J'aurais aimé te lancer le traditionnel "repose en paix" d'usage, mais apparemment, ça ne sera pas pour tout de suite : pas mal de tes compatriotes risquent de te rejoindre plus vite que prévu...

Fais-leur de la place, accueille-les, prenez un siège, et marrez-vous bien en regardant le spectacle : il ne fait que commencer.

Khaled Saïd - 1982-2010


Shurik'n - Les Miens



ici
ici aussi

là aussi
et pis là
et une blogueuse qui en a, ici (ne poste plus depuis 3 jours...)

et, pour ceux qui "twittent", le hashtag #khaledsaïd

et pis, update de dernière minute, une "charge" de citoyens contre "les forces de l'ordre " ahaha... la peur changerait-elle de camp?
tiens tiens on n'en entend pas parler sur TF1, de ça, non? N'écoutez pas le lénifiant discours de nos "médias", allez regarder sur les blogs égyptiens! Relayez, soutenez, ne serait-ce que par la Toile, merde! Qu'un seul vienne....

mercredi 26 janvier 2011

les Sept Plaies de l'Occident

Verset 1

"Et le Divin leur déclama, du haut de la Montagne Sacrée : asseyez-vous et contemplez, regardez et restez concentrés. Car la puissance de l'image ne connaîtra pas de fin; il s'agira là d'une de mes plus puissantes armes pour vous plier à MA volonté. Sachez que mon courroux peut être immense : en des temps lointains, il ne sera toujours pas apaisé. 

Et vous ne reconnaîtrez même plus vos enfants; et vos valeurs seront oubliées; et vous courrez après des chimères, dans une quête sans fin; et vous connaîtrez la tentation perpétuelle, celle qui ne peut être satisfaite à aucun prix; et vous serez malheureux, par la puissance de l'image et du verbe projetés, et par ces faux codes constamment implantés dans votre esprit; vous ne connaîtrez plus le repos de l'Âme. 

Et vous adorerez de faux dieux, qui auront pour nom 'publicité'..."

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Première Plaie.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------


les frais d'accouchement de cet enfant sont sponsorisés par...
 
Mais qu'est ce qui nous pousse à agir comme nous le faisons parfois?

Pandit Ramshavalara en était là de ses interrogations : le supermarché était bondé. Partout, des caddies, des gens qui se frôlaient, se heurtaient dans les rayons surchargés, et qui rebondissaient comme ces stupides robots dans les réclames pour jouets : boum, contre le mur. Demi-tour; re-boum, contre le mur, quart de tour...re-re poum...
Deux femmes d'âge mur, l'air respectable et les sourcils froncés, se disputaient le contenu d'un carton : les tee-shirts soldés s'entassaient sous les pancartes fluorescentes, partout des chiffres mirobolants, la promesse de folles réductions, de grands avantages, de "gain d'argent par le fait de dépenser"...

 Inconnus, homme, femme, enfant, vieillards, cadres pressés, jeunes en groupe, partout, partout du monde, du monde et encore du monde. Bariolés. Vêtus d'apparat. Des codes vestimentaires pour chacun,des masques sur chaque figure, des visages figés dans une pose qu'il ne pouvait qu'admirer, parce que "comédienne", quelque part.

cette pub casse pas 3 pattes à un canard
A de rares exceptions près, il pouvait voir que la majorité des gens n'étaient pas eux-mêmes : trop de tensions sur leur visage. Trop de crispations, ou au contraire trop de sourires... Quelques-uns, cependant, arrivaient encore à le surprendre : au milieu de cette mêlée malheureuse, surgissait parfois quelqu'un de droit. Il (ou elle) fendait la foule, sans brusquerie et sans mollesse, le regard sain, nullement apeuré et nullement nerveux, pas moins rêveur que vraiment lui-même : il était, tout simplement, et heureux de l'être. Nul égoïsme dans son attitude, nulle supériorité dans sa démarche, dans ses actes ou dans ses propos. Il était, et irradiait ceci autour de lui. Les personnes du sexe opposé étaient, la plupart du temps, attirées comme des phalènes sur un réverbère par cette âme véritable...sans vraiment s'en rendre compte. Mais ils étaient peu nombreux, il fallait l'avouer. La plupart des Gens étaient ce qu'ils se persuadaient d'être : malheureux, influencés par les pancartes, les jingles, les pubs TV, les spots Radio, les affiches, les multiples accroches qui, un peu partout, mettaient en place devant leurs Yeux Vrais un véritable filtre déformant.

Car oui, Pandit le savait depuis son plus jeune âge, tous les Gens avaient les Yeux Vrais à la naissance : il n'y avait qu'à regarder les enfants, qui jouaient et s'émerveillaient de chaque chose qu'ils croisaient. Le commun des mortels appelait cette faculté "innocence", mais Pandit savait que ça n'était pas ça : c'était les Yeux Vrais.

La majorité des Gens perdait ces yeux Vrais avec le passage à l'âge adulte, à cause de ce "filtre" mis en place par la matrice.

être heureux : c'est simple comme un coup de fil(facile je sais)
Ce filtre déformait tout, et rendait les Gens malheureux par excès de contradictions : il faisait croire aux Hommes qu'ils ne seraient heureux que si ils étaient tous pareils, mais en même temps tous différents. Que chacun était unique, mais devait se conformer à un moule, à des codes, à un groupe, à des usages restreints... Ce filtre disait que chacun était libre, mais montrait le contraire : tu es libre de t'habiller comme tu veux, c'est ce qui fait de toi quelqu'un d'Unique, mais regarde le mannequin sur ces affiches. Il est beau, toi tu ne l'es pas...pas comme lui/elle. Jamais ces habits ne t'iront, tu es trop gros(se) (car tu manges trop de ces délicieuses choses que l'on te vend à longueur de temps, dont tu sais qu'elles sont nocives pour ta santé mais si bonnes...).

Tu n'es pas mince, et c'est ce qui rend heureux (et beau) le mannequin de l'affiche : maigris donc!
Mais attention : ne fais ceci que quand tu dois vraiment te montrer, car c'est dur : fais-le en été, pour le passage obligé par la plage (tu sais bien que tout le monde va à la plage en été, regardes dans les magazines! Qui aurait l'idée saugrenue d'aller à la montagne en été, à part les vieux? Et tu n'es pas vieux, la jeunesse c'est dans la tête...tu peux même te débarrasser de tes rides si tu le souhaites...)
puisqu'on vous dit qu'on aime les femmes(et qu'on les respecte)

Cette voiture est belle, elle est le symbole de la réussite, de l'élégance et du raffinement, mais jamais tu ne pourras te l'offrir : ça ne doit donc pas être ton cas...mais tu pourrais, si tu faisais tout pour! C'est ce que tu feras : tu travailleras plus, tu t'endetteras, tu te paieras (peut-être) le véhicule de tes rêves (ou qui s'en approche le plus, par dépit), et, quand tu commenceras à t'y habituer, tu te rendras compte que la version suivante, qui vient de sortir, est beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux, finalement...je ne parle même pas de l'impact désastreux que tu as sur la planète en polluant comme tu le fais, avec ce carburant que tu es obligé de brûler dans ton véhicule, parce que tu n'as pas le choix...il faut bien une voiture pour aller travailler, et survivre, dans ce monde hostile, non? Ne t'inquiètes pas : les "véhicules écologiques", ou "éco-compatibles", et les carburants verts", les "bio-emballages" calmeront ta conscience, pendant un temps. Tout le monde sait que ce qui est peint en vert est forcément bon pour la planète, non? Comme le logo de cette station-essence...

Pandit partit d'un grand éclat de rire, ne croyant toujours pas ce qu'il voyait tout autour de lui, cette frénésie dans ce temple moderne, tous ces Gens qui auraient pu Être, tout simplement, au lieu de chercher à avoir....
Tous ces robots dans le brouillard de la conscience, vides comme des zombies. Ils étaient pourtant si beaux, mais se persuadaient que ça n'était jamais assez. Que jamais ça ne cesserait.

Ils étaient pourtant si matériellement heureux, mais se persuadaient du contraire (merci les flashs infos, savamment distillés un peu partout à longueur de temps, et leur longue litanie de faits divers sans fin...)
j'aime les femmes, le retour (dédicace spéciale pour Luciamel!!)

Ils étaient tellement pleins de Vie, d'énergie, mais la gaspillaient dans de si futiles choses, et s'accrochaient pour des futilités, se faisant mal pour des choses qui n'en valaient pas la peine, ou si peu...

Pourquoi, mais pourquoi en était-on arrivé là?

Pandit riait toujours quand il sortit du magasin, passant devant le vigile qui ne le vit même pas.

Au loin, deux Gens se disputaient pour une place de parking. Un gros monsieur sortit de son 4x4 flambant neuf, ivre de rage, et se mit à tenter de briser méthodiquement les vitres de la voiture arrêtée en face. Un jeune homme sortit alors du second véhicule, et ils commencèrent à se battre. Au bout de quelques instants, le gros monsieur tomba sur le bitume, le nez en sang ; l'autre continua à cogner, malgré les râles de souffrance du gros monsieur (et son nez ensanglanté).
Les gens regardaient; deux jeunes prenaient des photos avec leur téléphone portable. La compagne du gros monsieur hurlait, tentant de relever la grosse masse étalée au sol; celle de l'autre pugiliste jubilait, et invectivait le couple à terre .

Il était temps de retourner sur la montagne, et de méditer...

c'est sûr que vu comme ça..demain j'écris un billet pro pub

jeudi 20 janvier 2011

Message à Loueunepetiteamie.com

bonjour,

je trouve ce "concept" de "location de petite amie", si ça n'est pas un fake ou un hoax, absolument scandaleux.

Comment pouvez-vous proposer de "louer" un être humain?

Je suis célibataire; par choix, par discussion avec moi-même, par nécessité morale et intellectuelle. Par honnêteté envers moi-même et envers les autres... J'ai eu des relations"sérieuses" : j'ai réalisé que je n'étais pas prêt à m'engager.

J'ai eu des moments d'intense solitude subie : je les ai assumés, difficilement mais je l'ai fait....j'ai appris à réfléchir, à agir par moi-même, à être heureux en fonction de moi-même et non des autres ou de la société... et je vous garantis que je ne suis pas seul, car je suis heureux, et les gens le sentent..

Comment mais comment pouvez vous justifier ce que vous appelez un "service", et que j'appellerai de l'esclavage?

La "pression sociale" vous dites?  Je l'accepte, même mieux :JE LA REVENDIQUE. ET JE L'EMMERDE. Au bureau (je suis cadre en formation, 35 ans dans un milieu de 50 ans de moyenne d'âge...) : ils le savent, me taquinent souvent là dessus, m'emmerdent parfois...ça les gêne, quelquefois, ils ne comprennent pas ma "position". Mais j'assume. Et vous, vous niez la qualité d'être Humain aux personnes que vous "louez", aussi bien qu'aux pauvres types qui paieront pour cette infâmie.

Au lieu de donner de faux prétextes aux gens, ça ne vous passerait pas par la tête l'idée de les éduquer, non? Ah mais c'est sûr, ça ne rapporterait rien.....

Pour "aider ceux qui souffrent de solitude" vous dites? Vous vous foutez de la gueule de qui? Vous croyez que la solitude partira, une fois que votre "location" ira se "faire louer" ailleurs?
Vous savez pertinemment la réponse, et vous comptez bien dessus......... c'est dégueulasse. Vous êtes dégueulasses. Votre idéologie est dégueulasse. Vous me dégoûtez. Vraiment.

Car ce que vous proposez, là, OUI, POUR MOI C'EST DE LA PROSTITUTION : peut-être pas physique (quoique..à vérifier, si vous arrivez à ouvrir votre site), mais spirituelle.

Vous essayez de vendre ce qui ne se vendra jamais : l'affection,, la tendresse, les sentiments. Ce qui ne devrait jamais se vendre, se louer, se marchander : l'être Humain. Vous êtes des esclavagistes modernes.

Vous êtes l'incarnation de la pourriture capitaliste dans toute sa splendeur, mais désolé de vous le dire : ça ne passera pas. Il y a des choses que vous ne pourrez jamais acheter, et d'autres que vous ne vendrez jamais, car elles sont uniques  : il s'agit des valeurs humaines, la seule chose qui nous restera quand votre marchandisation des corps et des esprits aura tout acheté....

Avec tous mes vœux de ratage les plus sincères : j'espère que vous vous pèterez la gueule bien fort, et en beauté.

PS : je vous y aiderai de mon mieux

toff




-----------------------------------------------------------------------------------------------------


PS : J'invite tous les lecteurs de ce billet à y aller de son mail de protestation, c'est par ici que ça se passe. N'hésitez pas à poster dans les commentaires ce que vous avez dit. MARRE de toutes ces saloperies!!
PS : ajout DU clip qui va bien avec, le 22/01/2010...

mardi 18 janvier 2011

Le rêve est à Gauche...la Victoire à Droite

Qu'est-ce qu'avoir des "valeurs" de Gauche?

Pour répondre (court) au tag de cette chère Lucia, je vais essayer de préciser comment je le vois...

Être de "Gauche", en 2011, dans le monde (et plus particulièrement en France, Patrie des Droits de l'Homme), selon moi, c'est...

-Refuser la fatalité : NON, la finance n'a pas encore tout pris, il y a des choses qu'elle n'achètera jamais...même si elle s'y essaie ; dans le même esprit, refuser LE CHANTAGE : alors que LEUR CRISE est en train de NOUS mettre dans la panade, refusons de payer LEURS pots cassés : à eux de banquer, pas à nous!

-Replacer l'Humain au cœur de la société : croire, et partager, que ce qui nous rassemble, nous "peuple de Gauche", dans toute sa diversité et ses composantes, c'est le respect de la Vie, de l'Humanité de chacun, c'est réaffirmer que l'Homme est une fin et pas un moyen.

-Ériger à nouveau en principes de vie la devise de notre pays, principes qui sont aujourd'hui dévoyés, bafoués, foulés aux pieds. Liberté, égalité, fraternité dans le but ultime d'améliorer ce qui ne marche pas, plutôt que de vouloir tout cadrer dans un même moule. Nous partons du principe que l'Homme a droit à la Liberté de vivre, de penser, d'exister comme il l'entend, du moment que cette Liberté n'empiète pas sur le territoire du voisin. Il ne s'agit pas de faire preuve de faiblesse, mais au contraire de force : c'est tellement plus facile de dire ce qu'il faut faire, de chercher à vouloir tout cadrer, légiférer, que de rechercher à se connaître, à éduquer les jeunes générations et finalement à s'améliorer soi-même!

-Dans cette même optique, privilégier l'éducation à la sanction : apprendre aux gens à réfléchir, plutôt qu'à réagir...proposer des alternatives propres à bousculer les codes, à faire bouger les lignes actuelles, qui sont figées. Ne pas hésiter à être de Gauche, parce qu'aujourd'hui la Droite est triomphante : avoir le courage, l'honneur, la fierté de revendiquer ce que l'on est réellement, au-delà des lieux communs affichés par les médias et la machine de propagande..

-Apprendre des erreurs du passé : quand les crises bouleversent (ou semblent le faire) tous nos repères, quand la peur devient le maître mot des relations entre les individus, que chacun se replie sur soi-même, il est nécessaire de se remémorer les expériences du passé. Pour ne pas reproduire les erreurs dans le futur.

EN FIN DE COMPTE, être de Gauche c'est croire en ses rêves...et oser les mettre en pratique, quitte à se planter.

Croire, revendiquer que tout peut arriver, que nous méritons le bonheur, que nous sommes faits pour mettre l'utopie en pratique.

Un homme ou une femme politique incarnent-ils ces valeurs, à ce jour, en France? 
QUI pourrait incarner, sans les trahir, ces valeurs dans un gouvernement,mieux dans une UNION des forces de Gauche, seule apte à pouvoir porter à nouveau, un projet cohérent et fédérateur jusqu'au bout?

La réponse, hélas vous la connaissez comme moi : le système politique et médiatique actuel a déjà tracé la route. Ce sera ou le patron du FMI (...le bras armé de la finance..no comment), ou Ségolène Royal, au programme qui n'est pas plus de Gauche que moi je suis de Droite, elle et nicolas c'est pour moi kif-kif bourricot hélas...le bling-bling en moins, je n'arrête pas de le dire...complètement déconnectée de la base (NOUS, ceux d'en bas...)

Le problème de tous ces candidats (plus ou moins déclarés, ou pas encore, ou à venir...) c'est qu'ils ne pensent qu'à une seule chose : leur carrière, et qu'ils sont tous complètement hors du réel. Le réel de millions de Français qui souffrent, qui galèrent, tous les jours, qui sont à 50 euro près à chaque fin de mois.

QUAND ces candidats ne nous donneront-ils comme autre choix que de voter pour eux par défaut ?
Le force de la Droite, c'est d'avoir compris cela...le petit Nicolas a compris cela.

Ces gens-là, ces candidats (soi-disant) "de Gauche" : DSK, Ségolène, Delanoé etc.... ont-ils jamais été à 50 euro près en fin de mois, au moins une fois dans leur vie?

Poser cette question, c'est répondre au reste : le peuple de Gauche est dans la panade, parce qu'il n'a plus que de faux représentants.... et il attend autre chose que des faux-semblants. Que des faux socialistes vendus à la finance

Des politiques qui ont, soit abdiqué, soit été achetés par les Dieux de notre temps : pouvoir et pognon.
Et aussi, j'allais l'oublier, le plus grand Dieu de ce panthéon maléfique: l'Oubli.

Oublier qu'être élu, c'est Servir avant de se servir.



dimanche 16 janvier 2011

le Droit au Bonheur Opposable

Quoi de neuf dans le monde aujourd'hui?

Comme je le disais l'autre jour chez ce cher Mike, ça barde ici et là... Tunisie, Algérie, Côte-d'ivoire, Corée...

Les Français qui répondent aux sondages, eux, ne manquent de rien. Et pourtant, et pourtant.... ce sont "les plus pessimistes au monde, loin devant l'Irak et l'Afghanistan"....

Au-delà du crédit qu'il faille accorder à ce genre d'étude, de sondage, d'enquête (je ne sais comment la qualifier et en plus : je m'en fous) , qu'en retirer de significatif?

Que nous nous comportons comme des enfants gâtés, que jamais nous n'accepterons d'être heureux, que tout est foutu? 

Que c'est vraiment la dèche, la cata, le bordel, le merdier, l'Oai¨, ça craint, ça va pas, ça le fait pas, mes hémorroïdes se réveillent, en plus il fait moins cinq et j'ai un taf monstre au boulot, dire qu'on a déjà passé les fêtes de fin d'année mais quelles fêtes??On s'est gelé le derche pendant tout l'automne (réchauffement global mon œil!), en plus c'était un Noël de merde, des fêtes de merde, le foie gras de chez Carrouf était périmé, y en a un paquet qui ont fini au chiottes (les gens, pas le foie gras, quoique?), même les huîtres faisaient la gueule, et je vous raconte pas la suite, les épidémies de gastro et de grippe, c'est sûr je suis passé au travers pour l'instant mais je sens que je vais y avoir droit, de toutes façons j'ai pas de chance, j'ai jamais eu de chance, d'ailleurs regardez moi qui vous écris ceci ici j'ai du pot d'avoir un ordinateur pour pouvoir me plaindre, et cet imbécile de Mitt_rand qui a eu la mauvaise idée de revenir hanter nos mémoires de loosers gôôôchisses, ce matin déjà je le sentais ça allait être une journée de merde, mon dieu la criiise va tout emporter et dire que le Figaro continue à être imprimé, vendu et lu par des milliers de personnes dans ce pays, en plus de toutes façons si on passe 2011 n'oublions pas que le 21-12-2012 c'est l'année suivante, que la Grosse Feignasse de Météorite en orbite stationnaire autour de Pluton-Véga-Aldébaran du Centaure ne tardera pas à bouger sa graisse pour ENFIN consentir à venir nous faire un ptit salut amical dans la Joie et la Bonne Humeur Cosmiques d'un gigantesque jaillissement de Flammes Purificatrices, non vraiment, vraiment, réellement je sais pas le dire autrement: c'est la merde.


(sou) rions jaune, ça vaut mieux que de voir tout en bleu

---------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pourrait-on un jour aimer notre Président? Si on veut, on peut...
---------------------------------------------------------------------------------------------------------

08 mai 2012 : NICOLAS! NICOLAS! NICOLAS! NICOLAS!

La liesse.
La joie.
Le bonheur.

La France en burqa! La France en burqa!
Comme le pays en avait peu connu. Aux dires de Pépé-la-redingote, du haut de ses quatre-vingts dix-huit ans, on n'avait vu ça qu'à la Libération. Et encore : les gens étaient plus fatigués à l'époque: les combats, les privations tout ça... Là, c'était vraiment impressionnant.

La foule était massée sur le chant de mars, sous la Tour Eiffel, devant le perron de l'Élysée, partout, partout, des centaines de milliers de gosiers, dans tout Paris, sur tout le territoire, hurlaient leur bonheur, sans distinction de classe, d'âge, de race ou de religion.

Dans cette France épurée de tous les importuns, de tous les indésirables, de tous ces étranges étrangers qui n'avaient que trop gâché la vie des Bons Citoyens de ce pays, chacun se prenait à espérer, à renaître, à revivre avec ce sentiment.

L'Espoir.

Ils croyaient à ce monde meilleur qui leur tendait les bras. Ils savaient que le candidat s'était engagé, qu'il avait promis, juré, et qu'il serait jugé sur ses résultats.
Ça n'était pas comme en 2007, non, pas comme avec ce guignol, cet excité qui les avait abreuvés de mensonges, qui n'avait pas la carrure, la stature, qui avait juste les tics d'un arriviste, d'un ambitieux dénué de tous scrupules.

Non, sur ce perron, devant la France entière, se tenait un Homme Nouveau.

Il avait changé, et c'était perceptible. Visible. Évident. A peine croyab', comme il aimait à le répéter souvent; d'ailleurs, seul cet ultime tic de langage lui restait de son ancienne vie, comme le dernier bout de carapace en chitine collé au cul de quelque scarabée bousier, après une mue effectuée à la va-vite.

celle-là lui avait vraiment tapé dans l'œil restant
Pépé-la-redingote était invité d'Honneur. Il avait droit à une des meilleures places devant le perron de l'Élysée, jour de l'Investiture, pour écouter le Discours du Nouveau Chef de l'État, en sa qualité de dernier Vétéran de la Résistance.
 Se frayant un chemin au milieu de la foule compacte, les gens s'écartant tout naturellement devant son fauteuil roulant, il exhiba son badge à l'Officier de la Garde Présidentielle, et se vit ouvrir le passage à coup de regards virils et de bras musclés. Il dirigea son fauteuil vers le carré VIP tapissé de rouge, refusa la coupe de champagne tendue par cette magnifique hôtesse aux cheveux blonds, aux yeux bleus et au sourire ensorceleur (ce qui lui donna un  regain d'énergie plus que visible, lui donnant la force de propulser ce satané fauteuil devant l'amazone avec toute la dignité et la fringance dont il était encore capable, regonflé à bloc) et se plaça devant la petite pancarte à son nom.

Tout le monde attendait, il flottait dans l'atmosphère quelque chose d'irréel, de magique, de cette ambiance qui vous faisait dire qu'il allait se passer quelque chose, quelque chose qui resterait dans les mémoires, dans la Mémoire Collective, le truc important, le point nodal, la Destinée s'étaient donnés rendez-vous ici, tout le monde le ressentait au fond de soi, les visages avaient à la fois cet air grave et limpide des grands jours. Cette aura qui émanait de chacun fit se dire à Pépé-la-redingote que la vie lui réservait encore des surprises, et qu'il avait bien fait de traîner sa vielle carcasse ici, malgré ces fichus rhumatismes...

Le Nouveau Président de la République Française fit alors son apparition.

Je sens que cette comédie va faire un malheur tabac

----------------------------------------------------------------------------------------------------------

Acclamation-vivats-hurlements-cris-agitation calmées à grand peine.

Fans échevelés, groupies hystériques évacuées par les gros bras de la Garde Présidentielle, sans brutalité, avec beaucoup de...douceur de la part de brutes.

Comme ce petit homme qui se tenait devant son peuple.
Humblement, courageusement, dignement, (presque "christiquement" s'autoriseraient à dire dès le lendemain les journalistes, chroniqueurs et éditorialistes unanimes) il s'avança, diminué par les souffrances mais le visage serein, le sourire vers le micro qui était placé là, sur un pied esseulé, sans pupitre.

Juste lui, ce micro, et des millions de Français.

Apparût alors à ses côtés la Première Dame, tenant dans ses bras le Dauphin, le Fils. L'héritier.

Carla était magnifique, comme à l'accoutumée elle ne pouvait se départir de cette élégance, de ce charme et de cet air mélancolique qui la caractérisaient. On devinait, sous son magnifique tailleur bleu lavande signé Dior, les rondeurs d'une deuxième espérance. D'une nouvelle promesse, de la Rédemption qu'elle avait déjà accordée à Nicolas sur son lit de mort, devant les caméras et les millions de Français angoissés, en ce funeste 11 Novembre 2011.

De ce jour qui avait tout changé pour la France. De ce message de Vie et d'Amour qu'elle avait lancé aux terroristes du FN, en larmes et en direct sur TFrance 2-3-4, sur le plateau de Claire Chazal/Alain Duhamel/Jean-pierre Elkabbach, enceinte jusqu'aux yeux, blême et désespérée, regardant la France au fond des yeux pour lui dire que leur président honni était mourant, et qu'il avait compris.

Qu'il regrettait. Qu'il était désolé, d'en être arrivé là (18% d'opinions favorables), de n'avoir compris que trop tard que les Français souffraient, qu'ils étaient malheureux, torturés par ce dilemme existentiel : pour les fêtes, valait-il mieux un ipod, un iphone ou un ipad?

United Colors of..bande de c..s
Ces millions de Français apeurés par la Crise, coincés entre leur peur du chômage, de l'insécurité et de la grippe Porcino-aviaire, de ces nouvelles menaces terroristes agitées par le remué Maoïste Jen Lou Meleng-Tchong, la brune fasciste jeanne-Marine le Pen, le rapace judéo-chrétien suppôt du FMI et allié des obèses ricains DSK, de la désormais nonne, illuminée en perpétuelle extase convertie à la Prière Salvatrice pour l'âme des Français Ségolène...et je passe sur l'ex bégayeur en bottes dans le cambouis Bayrou, le moustachu faucheur d'innocents épis et démonteur de Mac Donalds José, le bobo écolo à la coupe au bol sponsorisé par Bouygues-et-au-nom-de-hibou chouette Nicolas (non, pas le jardinier), Philippe le Royaliste de Vendée vendu aux veules souverainistes de Vendôme, et cette tripotée d'autres candidats plus ou moins nombreux, plus ou moins sérieux, picaresque cohorte de parasites flairant bon la charogne à dépecer, au fur et à mesure que se rapprochait l'échéance fatidique, la date butoir, le couperet salvateur qui aurait dû mettre un terme à toute cette haine, à toute cette folie, à cette espèce de danse macabre à l'issue inévitable à laquelle se livraient les Français et son mari, son chéri, l'amour de sa vie, son Nicolas cet éternel incompris.

Il aurait dû se prendre une belle raclée. Il aurait dû se la manger, sa mandale électorale, et ce dès le premier tour. Mais le Destin prend parfois un tournant inattendu, c'est ce qui fait le charme de cette vie, le sel d'un combat qui sinon ressemblerait au steak-frites sandwich vendu chez le Paki du coin, alors que, franchement, si on pouvait se remplir la panse de ce délicieux homard à la nage, pourquoi s'en priver?

L'attentat du 11/11/2011 l'avait privé d'une partie de son visage, d'un de ses bras, et d'un morceau de cervelle pas plus grand que le bouchon d'un litron de Villageoise bon marché. De ce genre de picrate qui se vendait par millions de litres par jour dans le pays, et qui aurait dû être remboursé par la Sécurité sociale tellement il effaçait avec bonheur le malheur des laissés-pour-compte, et maintenait la paix sociale en ces temps comment dire... de disette économique, morale, et sociale. Un laisser-aller généralisé, une lassitude, nourris par la peur panique d'un lendemain inévitablement plus morose que le précédent. Un égrégore collectif, entretenu par l'égoïsme, l'égocentrisme, les rancœurs, la jalousie, l'aveuglement, la résistance au bonheur(et une ou deux petites louches de capitalisme financiarisé décomplexé aussi, allez, j'avoue).

Cet attentat avait tout déclenché : d'un drame personnel, il était devenu étincelle pour une nation en perte de repères. Jeunes, vieux, riches, pauvres, homme, femme, tout le monde s'était ému de ce qui lui était arrivé. De ce que ces salauds de l'extrême droite lui avaient fait. De ce qu'ils avaient fait au pays tout entier, à travers leur Président : tout le monde s'était senti visé.

S'il était mort, on en serait sans doute resté là : on l'aurait pleuré (ou pas, sans doute en majorité), et la lente déchéance aurait poursuivi sa course.

Mais il s'était battu, s'était relevé, réparé, et était revenu dans la course.
Il avait tout changé, encore une fois.
Et les gens commencèrent à l'admirer, à l'aimer pour cela.
La Nouvelle Voie commençait.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

La rééducation fut douloureuse, mais il avait tout un peuple avec lui.

La naissance de Charles fut une bénédiction : ce bonheur, partagé par les millions de Français qui avaient aussi souffert avec lui, lui redonna des forces pour remonter en selle.

Il ne dit jamais qu'il avait changé : il le montra le jour il prononça le discours d'Orléans, celui qui effaça tout le reste.

On était le 16 Janvier 2012, et il faisait beau sur l'ancienne Capitale des Rois, l'esprit de la Pucelle flottait sur la ville, à nouveau dans tous les esprits cette impression que quelque chose de spécial se préparait.

Il arriva dans le silence, seul face au pupitre, devant les caméras, le visage crispé par les souffrances et l'effort, se déplaçant avec détermination, appuyé sur sa canne d'ébène et d'argent délicatement ouvragée.

La première chose qui frappa les commentateurs, ce fut l'absence de tics sur la moitié de son visage qui n'était pas atteinte par les brûlures.
Et cette espèce de sérénité qui semblait s'en dégager : c'était vraiment quelque chose de nouveau.

"A tous les Français, je voulais dire Merci.

-Merci, pour les innombrables messages de soutien, de réconfort et d'encouragements dans les épreuves, la douleur et la souffrance.

-Merci d'avoir soutenu mon gouvernement, mes proches, et d'avoir renforcé ma détermination à ce que les choses aillent mieux.

-Je voulais vous dire que j'avais compris une chose essentielle, tandis que je luttais dans le noir de ma chambre d'hôpital, et que ces milliers de témoignages me parvenaient, par l'entremise de ma bien-aimée Carla (elle s'avança alors dans la pénombre, subreptice ange sorti d'on ne sait quelle sombre alcôve, lumineuse dans les ténèbres, le ventre rebondi, les applaudissements émus qui suivent avec, la foule qui se lève, et l'autre, de son bras encore valide, qui l'étreint, et qui demande ensuite le silence avec de petits gestes de la paume, la larme dans l'œil restant de ce visage inexpressif, immobile et ravagé...)

-Merci, merci, merci...non, écoutez, s'il vous plaît..;oui, merci

Les vivats qui fusent alors comme un tsunami mal contenu. La digue de l'émotion qui cède.

Looking for Carla...
Les mains qui se tendent, les supporters qui tentent de monter sur la scène, le service d'ordre qui intervient, barrage..
-non, non, laissez-les venir à moi... Oui, oui, merci,..oui je vous embrasse moi aussi... je vous aime aussi (embrassade spontanée, étreintes, larmes.. Nicolas repousse de son bras valide les gros bras qui, légèrement nerveux, tentent de faire le ménage ) Mais laissez-les voyons, non, je n'ai pas peur, il n'y a plus rien qui ne puisse me faire peur, laissez.... Merci, à vous aussi....

Le calme revient au bout d'un moment.
La voix est alors montée d'un cran, il s'est redressé. Il paraît plus grand tout à coup...

-Je voulais juste vous dire que j'ai appris. Que j'ai compris.
Que la souffrance est partout dans ce monde, que nous apprenons certes, mais que cela met du temps.
Mais aussi qu'après la réflexion, l'action doit être envisagée.
Les épreuves qui ne nous tuent pas nous renforcent...
Je voulais vous dire, mes chers compatriotes, mes chers Français, que je vous aime. Que je n'ai jamais cessé de vous aimer, et j'ai décidé de le prouver, car vous le méritez. (ovation)

-Nous vivons tous des temps très difficiles (silence) ... mais il faut que vous sachiez que rien n'est inéluctable. Que l'Amour peut triompher de toutes les peurs, et que nous pouvons avancer sur le chemin du bonheur.
Il nous suffit de le vouloir, et je sais que vous le désirez, au moins tous autant que moi. Pour notre famille, pour nos enfants (inflexion de voix, sanglot étranglé..Carla qui s'avance, les bras chargés du précieux...les gens recommencent à se lever, à pleurer, "Nicolas, on est avec toi! nous aussi on t'aime! vas-y!!"..;légère pause, puis reprise. L'émotion est à couper à la tronçonneuse désormais.)

-Car la vie ne vaut la peine d'être vécue que si on la réalise, et j'ai réalisé cela : ma mission est de rendre ce peuple heureux, dussé-je y perdre mon bonheur!! Car seul le votre compte!!! (acclamation)

-Que cette crise n'est pas une fatalité, que nous pouvons la vaincre, tous Ensemble nous pourrons tracer ce chemin à travers les ténèbres de la peur, aimons-nous les uns les autres!! Mes très chers frères et sœurs, vous êtes désormais tous comme mes enfants, il est temps que je vous le dise, ce Grand Projet que j'ai pour vous, je l'ai mûri, réfléchi pendant ces longs mois de souffrance, de doute et de peine, mais il est là, ici et maintenant, devant vous, prêt à être livré POUR vous (chacun retient son souffle) : je déclare solennellement mon intention de me représenter à l'élection présidentielle (explosion de joie)

Amen...et n'oublie pas d'éteindre en sortant
-Et je vous le dis, en vérité : plus rien ne sera jamais comme avant. Si VOUS me redonnez cette chance, la France va changer : nous réparerons les erreurs du passé!! Je reviens de ce sombre tunnel ou j'ai compris des choses... (la salle est debout, dehors le temps s'est arrêté, les Français écoutent comme sous hypnose, qui devant son écran, qui devant sa TV, qui pendu à sa radio, certains pleurent, d'autres rient, d'autres prient à genoux, d'autres se relèvent et jettent leurs béquilles au loin, les fleurs de l'Espoir s'épanouissent sur le terreau de la promesse, chacun regarde l'autre et voit enfin le VRAI visage de son voisin, c'est une explosion de joie et de bonne humeur dans la rue, les inconnus s'étreignent, il n'existe plus rien que cette promesse de lendemains retrouvés dans la félicité du présent...céleste musique qui petit à petit se calme pour poursuivre l'écoute attentive de ce qui vient : )

-Si vous me faites la Grâce d'être reconduit dans mes fonctions, je jure devant vous que je vous rendrai heureux, vous tous, chaque Française et chaque Français. Que le Bonheur Véritable tapera à votre porte, un prochain matin, non pas parce que JE l'aurai décidé, mais parce que VOUS l'aurez voulu!!!
(nouveau tonnerre de d'acclamations : cette fois-ci tout le monde reste debout)


Il se redressa, et tous perçurent très clairement au fond de leur être cette aura qui les souleva littéralement de leur chaise.

Une Promesse, ça SeCOUT TOUJOURS un peu... (ok je sors)
-Je vous fait cette Promesse : je déclarerai le bonheur grande cause nationale, combat numéro 1 d'un gouvernement qui inclura toutes les sensibilités de Droite, et qui se mettra au travail sur cette seule et unique tâche : mettre en application le Nouveau Projet de Loi sur le Droit au Bonheur Opposable, seul garant que VOUS, mes chers Amis, mes chers con-citoyens, mes Frères et Sœurs, MA famille, la France tout entière, puisse re-grandir à nouveau dans une estime, un amour-propre et une Joie que je veux Obligatoires!!!! ET NOUS LE FERONS!!"



-------------------------------------------------------------------------------------------------------

9 mai 2012 - Place de la Nation, 05h30 du matin.

Des monceaux de détritus jonchaient le sol : prospectus du Président en campagne, tenant de son bras valide le petit Charles et son épouse au côté.. bouteilles de champagne vides... confettis et cotillons par millions.. Le balayeur municipal s'affairait du côté de la place de la Nation, les barrières en travers de la chaussée lui permettaient de travailler sans craindre le flot matinal de véhicules. Il se saisissait d'un nouveau sac plastique, sifflotant un air guilleret, le cœur léger malgré la fatigue de la veille, quelle fiesta ça avait été!

Il en était là de ses vaseuses réflexions quand il les vit : il ne pût que s'interrompre, les bras ballants, les yeux ronds, le sifflotement joyeux mourant dans sa gorge...

La cohorte de 38 tonnes qui traversa la place fit valdinguer les barrières de sécurité comme des fétus de paille. Chaque poids lourd était estampillé "dossiers D.B.O.- Gouvernement Français-" sur le côté. Ils roulaient à vive allure, on ne savait vers quelque entrepôt gouvernemental. L'employé municipal compta 54 camions...

Le balayeur siffla son pote Mourad, de l'autre côté de la route (un brave gars, ce Mourad, travailleur, en règle, pas comme certains) : -"ehhh! t'as vu ce ballet!"  s'époumona-t-il. L'autre opina du chef, avant de lui répondre du tac au tac avec son charmant accent des pays du Sud.
-"Ôa, y-z-ont mon dossier je crois, z'ont pas intérêt à traîner, ça fait trop longtemps qu'jy attends..."
-"T'as raison mon pote, je crois bien que le mien c'est bobonne qui va s'en occuper, j'vais l'appeler dès maintenant en fait, s'agirait pas qu'on soye parmi les derniers hein?"
-"Ca, c'est sûr, depuis l'temps qu'on l'attend.." L'autre se remit à nettoyer.

L'agent préposé au nettoyage et à la Propreté Urbaines de la Ville de Paris posa son sac et son balai par terre.

Puis il sortit son iphone 4 et appela chez lui.

c'est bien ce que je disais: le bonheur c'est simple comme un coup de balai

dimanche 9 janvier 2011

La Rose et la Chèvre

Valéry se pencha vers Anne-Aymone : d'un geste qui se voulait emprunt de dignité, il lui tendit la rose blanche qu'il venait de cueillir dans le petit jardin. Ses yeux brillaient, et il savait. Et elle savait qu'il venait de réaliser...

C'était dans ces moments-là que les Grands Hommes faisaient vraiment preuve de noblesse : la défaite.
 pas trouvé d'image de Valéry avec une rose alors...

Anne-Aymone (de son nom complet Anne-Aymone Marie Josèphe Christiane Sauvage de Brantes) était vêtue de façon traditionnelle : un tailleur de lin rayé dont la jupe plissée lui descendait à mi-mollet, un veston Chanel du même acabit, des escarpins de cuir vernissé, un foulard Hermès de grande qualité, soigneusement noué autour d'un cou tenu bien droit, rigide, des boucles d'oreille finement ouvragées, un chignon ramené en arrière, et ce discret parfum qui flottait autour d'elle.... élégance. Dignité. Style. Tout fleurant bon ce qui faisait la France éternelle, telle qu'ILS la concevaient, eux, les gens de leur rang.

Elle aussi avait les yeux qui brillaient : cette marque d'affection n'était-elle pas un peu déplacée?

Valéry portait pourtant si bien : redingote classique sur manteau de tweed, guêtres sur bottines de cuir et béret de chasse... Elle admira la droiture qui restait sienne, tandis qu'il se dirigeait vers le râtelier du salon voisin, pour y déposer le fusil ouvert qu'il tenait au creux du bras; on devinait qu'il avait servi ce matin à l'odeur imperceptible qui s'en dégageait. Quelque chose d'âcre et d'ancien. D'indéfinissable...


sauvons les chèvres

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


-"Valéry vous êtes tout crotté, faites attention!" s'exclama-t-elle d'une voix légèrement irritée.

-"Pardon ma chère, il me semblait néanmoins urgent de vous donner ce gage de mon affection, mais où sont donc les valets, que diable?" Sa voix venait de monter d'un cran.

-"Mais voyons Valéry que se passe-t-il? Dominez-vous enfin!" chuchota-t-elle presque, reposant son ouvrage -des bas de laine en point de croix maille 09- sur le guéridon en marqueterie Louis XV du petit salon.

-"Anne-Aymone vous semblez ne pas comprendre : nous sommes le 10 mai!" ses dents s'entrechoquèrent bruyamment. Il semblait remâcher une anxiété à peine croyable... "Laissez-moi de la place!!" lança-t-il brusquement tandis qu'il passait devant elle à reculons, traînant le fauteuil Louis XVI du petit boudoir jusque devant l'écran de Télé-Vision Couleur qui trônait au milieu de la pièce.

-"Hubert, voyons donnez-moi la main !" couina-t-il en direction du planton qu'elle n'avait même pas remarqué auparavant, remarquablement intégré à l'encoignure de porte tel un valet de pied modèle, façon tableau de Géricault accroché au mur.

-"Monsieur"
Une après-midi chez les d'Estaing, ça c'était AVANT les élections
Le valet de chambre se déplaça avec une rapidité surprenante, sans bruit, et s'empara du fauteuil de ses mains gantées : en une fraction de seconde il le plaça là ou le Maître le lui indiquait, sans effort apparent..

Anne-Aymone frémit intérieurement en le regardant faire, elle réprima vite fait bien fait de frivoles pensées qui n'étaient plus de son âge, mais que lui prenait-il tout à coup?  il faut dire qu'elle s'ennuyait tellement dans les ors de cette République! Vivement ces fichus résultats, qu'on en finisse!

-"Hubeeert, allumez-le poste allons!" Valéry gueulait.

Valéry tançait souvent le petit personnel : Anne-Aymone avait appris, d'expérience, qu'il fallait le laisser faire dans ces moments-là. Mieux valait rester à l'écart.

quand même...ce qu'on a perdu en 81
Elle jeta un regard en coin au pauvre (et si bel) Hubert, qui essuyait stoïquement les réprimandes du Président de la République. Elle devinait ce qu'il devait se dire : "plus que quelques minutes à subir ton ire, vieille chèvre puante, et tout sera fini! Nous serons libres!" Elle pouvait se l'imaginer sans peine, tandis qu'elle observait le beau Hubert, se déplaçant avec aisance, faisant fi de la biquette sautillante qui déversait sa rage sur lui, replaçant le fauteuil par ici, évitant un postillon par là, amenant la théière sur la tablette, posant le plateau et les tasses sur le guéridon, évitant le bouquetin qui virevoltait autour de lui, hop hop..

Elle rougissait de plus en plus à ces multiples évocations (mais que lui prenait-il??) quand elle entendit le son du poste : Valéry venait de congédier Hubert. D'une main, il avait allumé la Télé-Visi-on, de l'autre pris le combiné de bakélite posé sur son bureau Louis XIV (tout ébène).

-"Berthier!! C'est vrai ce que l'on raconte? On ne passe pas???"

Les visages policés d'Elkabbach et Mougeotte apparurent à l'écran.

-"Comment ça? MAis nooooon, je suis au petit pavillon! Il fallait que je me détende, vous comprenez? Mais comment ça??? RAMENEZ-VOUS ICI, NOM D'UNE PIPE!!"

marrant mais je voyais pas Mitterrand comme ça
Dans le poste, cet imbécile de Mougeotte faisait une espèce de compte à rebours, coupant Elkabbach toutes les 5 secondes, merveilleux Elkabbach dans son complet bleu, les mains croisées sur la table tel un prêcheur en plein sermon, le visage dénué de toute émotion, les yeux juste un peu plus vides qu'à l'accoutumée, la coupe de cheveux tel un Playmobil...

-"Eh bien nous sommes donc, 10 mai 1981, le deuxième tour de l'élection présidentielle, nous vivONS, ensemble, un mo-ment décisif, ...dans quelqueuuuhh .. secondes, effectivement, l-
-"quINze secondes, Vingt-CINq secondes, pardon"
-"Soyons à l'heure"

top 50 : le (bide) NO. 1 en 1981
Valéry, hystérique, faisait de grandes enjambées au travers de la pièce, traînant derrière lui le fil du combiné tel un forçat son boulet, ses épaules s'affaissant perceptiblement un peu plus à chaque mauvaise nouvelle qui tombait, Berthier ne devait pas en mener large, le bouc était apoplectique, la tension dans le petit bureau menaçait de rompre à chaque instant, de tout emporter, les digues de la raison y compris, plus de bienséance, le bonhomme transpirait, il avait déboutonné son veston et sa redingote, les poils drus et gris de sa poitrine apparaissaient telles des touffes de mauvaise herbe plantées sur un sol sec et crevassé, mon dieu mon dieu mais qu'est-ce qu'il lui prenait?

Anne-Aymone se giffla mentalement avec toute la force dont elle était capable.
Elle se saisit du petit mouchoir Dior négligemment posé sur sa pochette, et s'épongea le front et les joues (qu'elle avait brûlantes!) d'un geste faussement détaché.

Il faudrait qu'elle pense à convoquer cet Hubert, le travail qu'il exécutait était I-NAD-MISS-IBLE!
Elle avait la tête qui lui tournait, sur l'écran les deux idiots continuaient leur manège, biquet s'était brusquement arrêté, les bras ballants au bout desquels pendait le combiné téléphonique (ex)présidentiel, les yeux exorbités, la bouche ouverte sur un rictus que n'aurait pas renié un réalisateur de films pour populace à petit budget, parfaite expression de l'abattement post-électoral dans lequel il tentait de surnager...

-"A. A. A--Anne-Aymone, n. N..No..Nous avons perd.." bredouilla-t-il.

Les gouttes de sueur dégoulinaient, telle une sève printanière, de son front ridé et partiellement chauve.

GAME OVER
-"C'est...c'est..c'est CETTE SALOPE DE CHIRAAAAC!!!! TOUT CECI EST DE SA FAUTE, VOUS ENTENDEZ??? JE VAIS LE TUEEERRRR!!!!" Il se dirigea vers le râtelier, tentant de s'emparer du fusil, s'emmêlant le fil du téléphone dans les pieds, s'étalant de tout son long et avec grand fracas, tandis qu'à l'écran ce pitre de Mougeotte égrénait un stupide compte à rebours final, 5-4-3-2-1, et qu'un visage se formait, ligne par ligne tel un télex imprimé sur informatique (ahhh, c'était beau le progrès!) et que, ô surprise, ô joie sans nom horreur, la tête du trotsko-pétaino-sôcialisse honni apparaissait dans toute sa bonhomie, avec le score en regard, 51,7%, la claque, la gifle, la taloche, la mandale, le gnon, le coup de pied retourné dans ta face, vole ta dentition, Hokuto-no-Ken et Bruce Lee contre la vieille rombière, 1-0 mange ton dentier!

Valéry gémissait, allongé sur la moquette Hartley's du salon, saucissonné avec le fil du téléphone comme une vulgaire momie jetée là par quelque gigantesque araignée après son repas, coquille vidée de sa substance présidentielle, de sa prestance substantielle, désormais inutile...

humour de droite à l'usage des générations futures
-"foutu, c'est foutu. Tout ce que nous avions mis en place, il va le défaire. La granhanhan deur de la France, mooon Dieuheuheu. C'est fini Anne-Aymone, nous sommes fihihihnis...
Sahahahalooope de Chirac, tu me le paieras, je le jure sur les chasses présidentielles, tu me le paieras... " Les sanglots s'étranglaient dans sa gorge.

-"Voyons, Valéry reprenez-vous! VALÉRY!!!"

C'est à ce moment qu'Anne-Aymone vit des gens passer en courant, dans le jardin, au-devant des fenêtres.
Il lui sembla même entendre des coups de klaxon? Était-ce un grondement de foule, au loin? Il eut fallu qu'elle arrêtât cette horloge comtoise dont le balancement régulier couvrait négligemment le bruit de la télé-visi-on, et cette rumeur qui semblait enfler... pas la force. Pas maintenant.

Les portes d'entrée s'ouvrirent à la volée.

Du couloir voisin lui parvinrent de brusques éclats de voix, des bruits de pas précipités qui se rapprochaient.

Anne-Aymone reboutonna son chemisier, lissa son chignon, remît en place son foulard et se servit une tasse de thé. Posément. Dignement. Élégamment.

Car c'était ainsi qu'elle voulait qu'ils la voient.

Hubert, suivi de Carlita la bonne, Nicolas le jardinier et Brice le majordome firent brusquement irruption dans le salon. Leurs yeux brillaient à eux aussi, désormais, et ils semblaient essoufflés, et..comment dire... Ils ne se tenaient plus droits? Il avaient ôté leur livrée, dégrafé leurs uniformes? Ils la fixaient sans détourner le regard?  Et, diable, sacrebleu : ils faisaient un de ces bruits!

-Hubeeeert, mais que se passe-t-i-l, comment osez-v" entama-t-elle d'une petite voix qu'elle espérait autoritaire, mais qu'elle réalisa hystérique. Elle ne finit pas sa phrase, complètement estomaquée.

Ce domestique la narguait!

Hubert s'avançait hardiment, il avait tendu la main pour l'interrompre, une lueur de défi dans les yeux. Il sortit alors sa paire de gants blancs de la poche de son veston, et les lui jeta à la figure avec la plus grande des désinvoltures...

-"Madame, nous vous rendons nos gages..."

---------------------------------------------------------------------------------------------

PS : cher MHPA, le gant vous agrée-t-il? En tout cas, c'est comme ça que j'aurais aimé le vivre!

mercredi 5 janvier 2011

Guérir

-Brume

Je me suis réveillé ce matin : le plafond était toujours là.

Il manquait seulement une présence à mes côtés : avant de me rappeler que tu étais partie.
A nouveau, cette fugace impression que j’étais le maître du monde.

J’ai tendu la main, l’ai laissée suspendue là, un instant, au dessus de ce vide que je croyais plein, et j’ai souri.

J’ai imaginé ton sourire me murmurant des mots tendres, ton visage me chuchotant de l’amour sans un seul instant ouvrir tes lèvres. Ou alors, seulement pour m’embrasser, encore une fois, un dernier instant ou toute la magie de notre pitoyable condition de mortels ne pouvait que s’évanouir… et laisser place à ce phénix flamboyant, hurlant qu’il est bien là, que rien ne pourra jamais l’arrêter et que cet élan vital ne sera plus jamais estompé.

Je me suis réjoui à l’idée de te prendre à nouveau dans mes bras, qui ne trembleraient pas parce qu’ils auraient enfin quelque chose à ne pas faillir, quelque chose de léger mais de si massif à tenir, un être à épauler, une envie à porter, une femme à caresser.

J’ai aimé ce lever de soleil car je savais que tu serais à mes côtés, que ta chaleur viendrait m’accompagner sur le rebord de cette fenêtre, si froid d’habitude, où nous avions coutume de nous allonger en attendant l’aurore.
J’ai adoré sentir tes cheveux sous ma main, ta main sous mes doigts, ton cœur sous mes pas, ton regard dans mes yeux, ton souffle sur mon épaule, et ton sourire sur mon âme.

Ce baume m’a guéri de ces milliers de coupures, de ces centaines de douleurs, de ces dizaines de cauchemars que la vie m’avait offerts ; en un instant, éternellement renouvelé, j’ai su que je ne mourrai jamais, que la vie pouvait durer éternellement, que ce présent ne s’effacerait pas car il était dans nos corps comme dans nos cœurs. Il nous constituait, il était ce que nous étions : jeunes, beaux, vivants.


-Eternité

Ma main est retombée sur l’oreiller, et en une fraction de cette éternité j’ai réalisé que l’impermanence régnait dans ce monde. Que rien n’était éternel par ici : riches, puissants, costards-cravate, mendiants, jeunes, vieux, parents, enfants, planètes, étoiles, poussière… tout n’est que perpétuel mouvement, tout bouge et rien jamais ne se fige. Seuls demeurent les souvenirs, embellis forcément embellis mais ne nous aident-ils pas à traverser le désert ? A tenir, pour pouvoir toucher au mieux le fond le plus rapidement possible. Donner le coup de talons qui nous permettra de remonter reprendre une nouvelle fois cette grande inspiration.

Parce que nous n’avons pas forcément le choix.


-Résilience

Je me suis relevé, lentement, comme d’habitude ces derniers mois. J’ai étiré ce corps tant haï qui persiste malgré tout à continuer vouloir m’offrir ses bons services : 10 pompes, 50 abdos, quelques passes magiques de ce bon vieux Carlos Castaneda histoire de sentir circuler l’énergie. Quelques os qui craquent, d’autres petits signes qui continuent à me rappeler que je n’ai plus vingt ans…

J’ai souri. Qu’importe si je sais que tout ça n’ira pas forcément en s’améliorant, j’ai encore de la chance : pas de maladie grave à signaler –si ce n’est celle de l’âme.

Et je veux guérir : question de volonté ?

Non : parce que je n’ai pas vraiment le choix. Je sais que je n’ai pas encore fini ce que j’avais à faire dans cette vie, j’ai encore la force de regarder le soleil se coucher et d’être ému. Encore la force de redresser la tête et de te dire : c’était super, mais il faut passer à autre chose. Merci pour tout, je te souhaite le meilleur (après tout nous sommes en janvier) et m’en vais voir ailleurs. Et je ne peux plus te voir, te regarder autrement que comme je t’ai aimée, donc c’est forcément trop pour moi.

J’ai alors réussi à te dire non, pour la première fois depuis toutes ces années. Ce « non » m’a libéré, en même temps qu’il m’a rendu infiniment triste : j’ai alors su que cette fois-ci il n’y aurait plus de faux-semblants. C’était pour de vrai, nous nous étions perdus. C’est à ce moment-là que j’ai réussi à trancher ce bras qui me faisait tellement souffrir.

Je saignais, je pleurais, je divaguais, j’étais effondré, et je me regardais faire mais je savais OUI JE SAVAIS que c’était tout ce qui comptait : que quelque chose m’avait échappé, à nouveau, et qu’il me fallait absolument arrêter de fuir, pour une fois regarder cette saloperie en face, et lui montrer les poings. Lui montrer de quel bois je me chauffe.

Au fond de moi, je l’ai toujours su, il fallait que ça arrive pour que je puisse à nouveau renaître de moi-même : recommencer à gravir cette interminable pente, tendue d’embûches, recouverte d’obstacles, moussue, ardue, dangereuse, piégeuse…encore.

Mais aussi exaltante, nouvelle, lumineuse, qui te pousse au-delà de tes limites et encore plus loin.

Un chemin que tu es obligé d’emprunter, de ré-emprunter, encore et encore, car, décidément, tu n’as pas vraiment le choix.

Ce chemin, il fait partie de toi, et tu l’as toujours su.


-Le Guerrier pacifique.

J’ai eu beau le fuir, essayer de l’oublier, je savais tôt ou tard qu’il me faudrait y revenir : ce chemin est mien. Définitivement.

Je me suis toujours considéré comme extérieur à moi-même, ayant l’impression –non le désir- d’être aussi normal que possible. Mais les choses ne faisaient que me crier au visage qu’il était temps d’ouvrir les yeux : la mystique a toujours occupé le centre de ma vie. Cette normalité que j’idéalisais n’était qu’une grotesque parodie de ce que j’aurais dû accepter : il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien. Une naissance non désirée, des parents qui se sont déchirés, l’abus qui s’abat sur vous, l’absence et la mort d’une mère partie trop tôt, la faillite des « grandes personnes » qui ont essayé de gérer, mais ont raté… tout ceci fait que la connexion avec ce qui m’entoure, l’intuition que les choses arrivent, et que je suis ce que je suis en ce moment, tout ceci doit être digéré.

Avoir voulu faire porter ce poids à quelqu’un d’autre que moi est profondément injuste : a fortiori quand il s’agit de quelqu’un qui compte sur vous pour un chemin de vie à partager. Qui vous fait l’honneur de vous donner ses plus belles années. Qui vous fait le cadeau de son Amour : le plus beau cadeau qui soit de la part de quelqu’un.

Alors merci à toi pour toutes ces années, pour ce que tu m’as donné. Et merci d’être partie : nous n’étions pas faits l’un pour l’autre, je le vois clairement maintenant. Mon tort a été de t’idéaliser : tu disais ne pas comprendre la mystique et moi, bien que dérangé par cette affirmation maintes fois répétée, je l’ai reléguée dans un coin de mon esprit. J’ai occulté ces mille autres petits détails qui font qu’au fond de moi, tout au fond de moi, ça me dérangeait, mais je savais et je faisais avec.


-Aimer

L’amour fusionnel est une connerie : l’amour monté en épingle par cette société consumériste ne vaut pas mieux. N’existe que l’Amour que nous devons porter à nous-mêmes, le seul qui puisse nous ouvrir aux autres et nous permettre de réaliser ce que nous sommes vraiment. Car nous sommes Un, et Un est le tout. S'aimer vraiment : le vrai défi est là, il permet d'avancer et de donner en retour, sans pensées possessives, sans peur, avec courage.

La solitude fait peur, nous terrorise même car nous avons du mal à réaliser cela. Et pourtant : nous n’avons vraiment pas le choix. Comment construire sur des fondations branlantes ?

J’ai en moi ce moteur qui parfois crachote, parfois toussote, et souvent cale : il suffit d’y rajouter le carburant adéquat : le courage. Qui a dit que c’était hors de prix  en ce moment?


-Repartir

Et mon désert s’est transformé en prairie, j’ai osé lever la tête et parcourir ces étendues glacées ou je croyais être relégué, seul et sans attaches. Je me suis alors aperçu que la Vie était bien là, présente, partout, foisonnante, multiple, unique et merveilleuse.

Que la soupe dans laquelle je crachais était délicieuse, que j’avais encore des raisons d’espérer. Que mes jambes étaient solides, mon cœur encore vaillant et mon esprit alerte.

Que, loin d’être fini, tout ça commençait. Vraiment.

J’ai repris mon bâton, levé les yeux vers le soleil, et remercié le Tout d’être ici.


Là et maintenant.


Et me suis remis en marche –j’avais vraiment pas le choix.



------------------------------------------------------------------------------------------------------

A Juliette…

Et Rémy…………………………

dimanche 2 janvier 2011

Mon ciel

 


Il est beau, le ciel où je vis
où je passe et je respire,
où j'aime et je désire,
où je pleure et où je ris.

Il est à moi, ce ciel, il m'appartient
Même si à chaque jour qui passe, à chaque heure qui vient
Je l'ignore souvent, enfermé dans ma tour d'ivoire, d'or et d'argent
pressé par le temps qui m'efface


C'est le plafond sur lequel je braque mes yeux
Quand ils sont mouillés par la Joie, l'Amour ou la Détresse
C'est tout au fond de moi, je le sais, la seule façon d'embrasser
La Déesse
De ma vie, qui continue, malgré tout, à se consumer
Par les deux bouts, je ne vis que pour l'ivresse
qui brûle en moi de mille feux

Cette vie est un flacon, aimons le remplir,
avec nos joies, nos peurs, notre tristesse
et la paresse, allègre maîtresse
ne nous empêchera pas d'étreindre enfin l'oubli

comme le soleil qui se couche : je serai présent
merci à toi, plafond qui vibre,
tes mille joyaux me rendent unique,
ta beauté gomme en moi le cynique
tes couleurs me ravissent encore, unique instant
suspendu comme ces notes en équilibre
 
Aimer encore, le puis-je?
M'aimer moi-même, qui suis-je?
Rien, face au néant
un rieur, un jongleur, un danseur,

un faiseur d'images
chercheur de rêves,
hurleur de trames,
briseur de drames,

Face à toi, Dieu,
qui que tu sois, quoi que je sois
je tournerai ces pages,
merci pour leur beauté,


     Elles m'ont vibré si fort,
   elles m'ont donné tellement, 
elles m'ont vécu intensément,
elles m'ont rendu


libre, heureux, vivant