mercredi 26 janvier 2011

les Sept Plaies de l'Occident

Verset 1

"Et le Divin leur déclama, du haut de la Montagne Sacrée : asseyez-vous et contemplez, regardez et restez concentrés. Car la puissance de l'image ne connaîtra pas de fin; il s'agira là d'une de mes plus puissantes armes pour vous plier à MA volonté. Sachez que mon courroux peut être immense : en des temps lointains, il ne sera toujours pas apaisé. 

Et vous ne reconnaîtrez même plus vos enfants; et vos valeurs seront oubliées; et vous courrez après des chimères, dans une quête sans fin; et vous connaîtrez la tentation perpétuelle, celle qui ne peut être satisfaite à aucun prix; et vous serez malheureux, par la puissance de l'image et du verbe projetés, et par ces faux codes constamment implantés dans votre esprit; vous ne connaîtrez plus le repos de l'Âme. 

Et vous adorerez de faux dieux, qui auront pour nom 'publicité'..."

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Première Plaie.
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les frais d'accouchement de cet enfant sont sponsorisés par...
 
Mais qu'est ce qui nous pousse à agir comme nous le faisons parfois?

Pandit Ramshavalara en était là de ses interrogations : le supermarché était bondé. Partout, des caddies, des gens qui se frôlaient, se heurtaient dans les rayons surchargés, et qui rebondissaient comme ces stupides robots dans les réclames pour jouets : boum, contre le mur. Demi-tour; re-boum, contre le mur, quart de tour...re-re poum...
Deux femmes d'âge mur, l'air respectable et les sourcils froncés, se disputaient le contenu d'un carton : les tee-shirts soldés s'entassaient sous les pancartes fluorescentes, partout des chiffres mirobolants, la promesse de folles réductions, de grands avantages, de "gain d'argent par le fait de dépenser"...

 Inconnus, homme, femme, enfant, vieillards, cadres pressés, jeunes en groupe, partout, partout du monde, du monde et encore du monde. Bariolés. Vêtus d'apparat. Des codes vestimentaires pour chacun,des masques sur chaque figure, des visages figés dans une pose qu'il ne pouvait qu'admirer, parce que "comédienne", quelque part.

cette pub casse pas 3 pattes à un canard
A de rares exceptions près, il pouvait voir que la majorité des gens n'étaient pas eux-mêmes : trop de tensions sur leur visage. Trop de crispations, ou au contraire trop de sourires... Quelques-uns, cependant, arrivaient encore à le surprendre : au milieu de cette mêlée malheureuse, surgissait parfois quelqu'un de droit. Il (ou elle) fendait la foule, sans brusquerie et sans mollesse, le regard sain, nullement apeuré et nullement nerveux, pas moins rêveur que vraiment lui-même : il était, tout simplement, et heureux de l'être. Nul égoïsme dans son attitude, nulle supériorité dans sa démarche, dans ses actes ou dans ses propos. Il était, et irradiait ceci autour de lui. Les personnes du sexe opposé étaient, la plupart du temps, attirées comme des phalènes sur un réverbère par cette âme véritable...sans vraiment s'en rendre compte. Mais ils étaient peu nombreux, il fallait l'avouer. La plupart des Gens étaient ce qu'ils se persuadaient d'être : malheureux, influencés par les pancartes, les jingles, les pubs TV, les spots Radio, les affiches, les multiples accroches qui, un peu partout, mettaient en place devant leurs Yeux Vrais un véritable filtre déformant.

Car oui, Pandit le savait depuis son plus jeune âge, tous les Gens avaient les Yeux Vrais à la naissance : il n'y avait qu'à regarder les enfants, qui jouaient et s'émerveillaient de chaque chose qu'ils croisaient. Le commun des mortels appelait cette faculté "innocence", mais Pandit savait que ça n'était pas ça : c'était les Yeux Vrais.

La majorité des Gens perdait ces yeux Vrais avec le passage à l'âge adulte, à cause de ce "filtre" mis en place par la matrice.

être heureux : c'est simple comme un coup de fil(facile je sais)
Ce filtre déformait tout, et rendait les Gens malheureux par excès de contradictions : il faisait croire aux Hommes qu'ils ne seraient heureux que si ils étaient tous pareils, mais en même temps tous différents. Que chacun était unique, mais devait se conformer à un moule, à des codes, à un groupe, à des usages restreints... Ce filtre disait que chacun était libre, mais montrait le contraire : tu es libre de t'habiller comme tu veux, c'est ce qui fait de toi quelqu'un d'Unique, mais regarde le mannequin sur ces affiches. Il est beau, toi tu ne l'es pas...pas comme lui/elle. Jamais ces habits ne t'iront, tu es trop gros(se) (car tu manges trop de ces délicieuses choses que l'on te vend à longueur de temps, dont tu sais qu'elles sont nocives pour ta santé mais si bonnes...).

Tu n'es pas mince, et c'est ce qui rend heureux (et beau) le mannequin de l'affiche : maigris donc!
Mais attention : ne fais ceci que quand tu dois vraiment te montrer, car c'est dur : fais-le en été, pour le passage obligé par la plage (tu sais bien que tout le monde va à la plage en été, regardes dans les magazines! Qui aurait l'idée saugrenue d'aller à la montagne en été, à part les vieux? Et tu n'es pas vieux, la jeunesse c'est dans la tête...tu peux même te débarrasser de tes rides si tu le souhaites...)
puisqu'on vous dit qu'on aime les femmes(et qu'on les respecte)

Cette voiture est belle, elle est le symbole de la réussite, de l'élégance et du raffinement, mais jamais tu ne pourras te l'offrir : ça ne doit donc pas être ton cas...mais tu pourrais, si tu faisais tout pour! C'est ce que tu feras : tu travailleras plus, tu t'endetteras, tu te paieras (peut-être) le véhicule de tes rêves (ou qui s'en approche le plus, par dépit), et, quand tu commenceras à t'y habituer, tu te rendras compte que la version suivante, qui vient de sortir, est beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux, finalement...je ne parle même pas de l'impact désastreux que tu as sur la planète en polluant comme tu le fais, avec ce carburant que tu es obligé de brûler dans ton véhicule, parce que tu n'as pas le choix...il faut bien une voiture pour aller travailler, et survivre, dans ce monde hostile, non? Ne t'inquiètes pas : les "véhicules écologiques", ou "éco-compatibles", et les carburants verts", les "bio-emballages" calmeront ta conscience, pendant un temps. Tout le monde sait que ce qui est peint en vert est forcément bon pour la planète, non? Comme le logo de cette station-essence...

Pandit partit d'un grand éclat de rire, ne croyant toujours pas ce qu'il voyait tout autour de lui, cette frénésie dans ce temple moderne, tous ces Gens qui auraient pu Être, tout simplement, au lieu de chercher à avoir....
Tous ces robots dans le brouillard de la conscience, vides comme des zombies. Ils étaient pourtant si beaux, mais se persuadaient que ça n'était jamais assez. Que jamais ça ne cesserait.

Ils étaient pourtant si matériellement heureux, mais se persuadaient du contraire (merci les flashs infos, savamment distillés un peu partout à longueur de temps, et leur longue litanie de faits divers sans fin...)
j'aime les femmes, le retour (dédicace spéciale pour Luciamel!!)

Ils étaient tellement pleins de Vie, d'énergie, mais la gaspillaient dans de si futiles choses, et s'accrochaient pour des futilités, se faisant mal pour des choses qui n'en valaient pas la peine, ou si peu...

Pourquoi, mais pourquoi en était-on arrivé là?

Pandit riait toujours quand il sortit du magasin, passant devant le vigile qui ne le vit même pas.

Au loin, deux Gens se disputaient pour une place de parking. Un gros monsieur sortit de son 4x4 flambant neuf, ivre de rage, et se mit à tenter de briser méthodiquement les vitres de la voiture arrêtée en face. Un jeune homme sortit alors du second véhicule, et ils commencèrent à se battre. Au bout de quelques instants, le gros monsieur tomba sur le bitume, le nez en sang ; l'autre continua à cogner, malgré les râles de souffrance du gros monsieur (et son nez ensanglanté).
Les gens regardaient; deux jeunes prenaient des photos avec leur téléphone portable. La compagne du gros monsieur hurlait, tentant de relever la grosse masse étalée au sol; celle de l'autre pugiliste jubilait, et invectivait le couple à terre .

Il était temps de retourner sur la montagne, et de méditer...

c'est sûr que vu comme ça..demain j'écris un billet pro pub

3 commentaires:

  1. c'est exactement ça... nos difficultés, nos tentations, sont celles-là, la consommation, la publicité, l'illusion... trop d'images. Pour ce qui est de la femme aux pansements... j'ai cru voir en elle une vampire, non ? pauvre... XXL... ;))) Heureusement tout cela n'est que fantasme... Luciamel est autre (Luce... ou Lucifer... Ismaël le rejeté : mes enfants, Lucie et Ismaël, perdus dans les limbes du temps).

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  2. "Hé Coco, tu nous utilise la montagne comme support, hein ?
    Faut pas tortiller du cul, ça se voit à des kilomêtres, les cons locaux sont définitivement ploucs, les abrutis en A392 qui passeront au-dessus à 4000 pied pourrons pas louper ton lancement de campagne William Saurin,visible comme tout et chouette chouette chouette au milieu de ce bel écran de verdure qu'est la montagne..."
    Bien vu, Toff, ce en quoi se trouvent transformés les êtres par la moulinette de ce monde, finement changés en êtres grossiers prêts à consommer, parce que l'idéal de consommation à remplacer les rêves qu'avaient encore les enfants..."
    Bravo!

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  3. @lucia: tu me surprends, vraiment...j'aurais cru (aimé?), avec cette énième provocation, déclencher une tirade féministe enflammée mais non: tu en rigoles...quand à Lucie et Ismaël, il faudra que tu m'expliques..

    @mike : le cliché montagne/ermite/sagesse a la dent dure, en même temps comment faire passer le message sans passer pour un con prétentieux péremptoire? En faisant parler le sage de la montagne, justement. Sinon merci pour tes compliments qui me vont toujours droit au cœur...

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merci de poster ici vos irrévérencieux commentaires. Tout ce qui est révérencieux ne sera pas accepté, ainsi que tout ce qui est contraire aux valeurs de ce blog en général (allez, on va dire : "Valeurs Humanistes"). Après, pour le reste, j'adoooore polémiquer... (NB : les commentaires anonymes ne sont pas acceptés, prenez au moins un pseudo quoi!)