lundi 4 avril 2011

Jogging 2 - I'm Back

 "Le masochisme est une expérience mystique". -Pieyre de Mandiargues.
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Courir.

Ne plus penser à rien, souffrance.
Joie : de respirer. Douleur : de souffler.

Mettre un pied devant l'autre, marcher avec plus d'élan, s'élancer dévorer ce ruban d'asphalte, ce chemin de terre parsemé de pissenlits et de coquilles d'escargots vides qui ne demandent qu'à se remplir.

De la terre. De la boue, partout sur nos âmes le désert. Les autos qui se croisent dans ton dos, ce bruit du sang dans tes oreilles à mesure que ton corps hurle qu'il n'en peut plus.

Continuer : de rêver, tu regardes les nuages et ils te parlent. Dans mon sommeil ils m'affirment que je serai encore vivant, demain.

Humain : tu soulèveras de petits nuages de poussière sur cette route de campagne démembrée, par l'effort ton corps inondé d'endorphines tu planeras au-devant des vents.

Dans mes oreilles, ce walkman qui crache ces décibels qui m'aident à avancer, encore et encore à me punir de trop jouir du plaisir d'être en Vie.

Cracher : sur ta peau la sueur glisse comme cette étoile dans le néant. Les pétales des marguerites se couchent avec le soleil, sur ton passage il n'en reste rien.

Éphémères: nous le sommes tous, ne le vois-tu pas? Ce papillon a plus de vie en lui, que toi sur ce caillou appelé Terre, si tu n'y prends garde tu t'évanouiras.

Courir : tes poumons se remplissent et se vident, se froissent et se défroissent comme ce sac plastique abandonné là, dans les branches de cet arbre, chaque jour il flotte, il bruisse comme ces feuilles qui tombent en automne : quelle différence? Tu tomberas aussi, question de temps.

Ne pas trébucher, ne pas tomber, ne pas se fouler : la douleur ne doit pas m'arrêter, mais il se peut que je ralentisse. Il se peut que j'aie envie d'abandonner. Il se peut que je me lasse. Mais si je me laisse happer...je m'allongerai dans ce champ, pas plus vert et pas plus gris que n'importe quel autre, Humain des villes je me laisserai aller. Un instant, un moment je reposerai mes muscles.

Tétanisé, par l'oubli je laisserai l'acide lactique envahir mon corps, ma peau sèchera, le sang quittera peu à peu mes joues. Mes poumons, de feu redeviendront liquides, puis semi-solides. Cette chape de plomb retombera sur mes tympans, devant mes yeux le voile se remettra à briller, plus réel que jamais il se superposera à nouveau sur ma réalité.

Courir : le corps saturé de feu liquide, la tête dans les étoiles je redeviens le guerrier éveillé, conscient, celui-qui-ne-dort-plus, roseau détaché des marais où il a grandi.

Feuilles dans le tourbillon de la vie : nous errons, nous marchons en rond, nous voguons face à nos âmes, mais voyons-nous vraiment? Pourquoi ne pas courir, tout simplement?

Courir, seul : à mon côté gauche, la Mort, fidèle compagne, me suit sans faiblir. Pas d'essoufflement, pas de sueur, pas de poussière sous ses pas. Pas de souffrance aussi, juste ce qui est.

La fuis-je vraiment?



" Plus tu connaitras Dieu, et plus tu sauras que tu es incapable de lui donner un nom".
 (Silesius)


4 commentaires:

  1. oh, qu'il était doux le temps où je partais randonner... depuis que je blogue, je deviens un vrai légume, plus de balades, plus de communion avec la nature, seulement avec la nature humaine. Ton ode au corps m'a donné envie de m'y remettre.

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  2. J'ai beaucoup pratiqué, à un moment.
    c'était étrange, on devient bizarrement quelqu'un d'autre, une sorte de force où le souffle va perpétuellement puiser, et de plus en plus, jusqu'à ce qu'il n'y ait étrangement, presque plus d'efforts, jusqu'à ce que les choses soient de plus et plus réfléchies, posées et équilibrées.
    En soi.
    Malgré ce que l'on croit, tout passe par le cerveau, ensuite, qui décide de ce que doit faire le corps pour durer.
    Mais il faut une sacré bout de temps et pas mal de courses pour commencer à le piger.
    Je ne bouge plus du tout. Ou plutôt je marche simplement, la suite de problèmes de santé qui ont sacrément refroidi et découragé mon imbécile potentiel de compétiteur.
    Et puis il y avait cette conscience, de devenir "compétiteur" justement, et de ne même plus voir les champs alentours.
    Mais tu as raison, c'est comme une sensation de violence qu'on aime à s'infliger, et qui nous renforcerait.
    Salut Toff, belle foulée...

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  3. c'est vraiment bien ce que tu écris

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  4. @tous : merci beaucoup pour vos commentaires qui me font toujours chaud au cœur(surtout le dernier ^^), et qui alimentent vraiment la réflexion et l'échange; du coup je me trouve impardonnable de ne pas vous avoir répondu plus tôt; désolé pour ça, vraiment mais j'ai mis un peu de côté l'écriture récemment... je vais essayer de me faire pardonner dès que possible... bises à tous

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